Prison Break, l’histoire d’un plan presque parfait
Avec une quinzaine d’années de retard, c’est en cette période hivernale que je me décide sur un coup de tête à lancer la série Prison Break. 22 épisodes plus tard, me voilà arrivée au bout de cette première saison haute en couleurs. Il est temps pour moi d’aborder ici le plan « presque parfait » élaborée par Michael Scofield.
Retour au base, pourquoi s’évader ?
Lorsqu’il comprend que son frère Lincoln ne pourra être innocenté du crime pour lequel il est envoyé dans le couloir de la mort afin d’être exécuté, Michael comprend qu’il ne reste qu’une seule possibilité face à une justice aveugle, l’évasion ! Après avoir minutieusement tout planifié dans les moindres détails, Michael se fait volontairement arrêter lors d’un braquage à main armée pour se faire incarcérer dans le pénitencier de Fox River, celui-là même où se trouve son frère. Une fois sur place, il ne reste plus qu’à mettre le plan en marche, un plan qui ne doit souffrir d’aucun raté car le délais est limité !
Un plan complexe et ambitieux
Michael Scofield, ingénieur surdoué diagnostiqué génie créatif par son psy, ne va pas manquer de nous prouver à de multiples reprises que pour sauver son frère son imagination et sa ruse sont sans limites. Mais parfois, on se demande quand même si le plan était si bien ficelé, et si les dégâts collatéraux en valent la peine.
Voici la longue liste des éléments impératifs au fonctionnement du plan de Michael :
1 – Trouver un receleur de Pugnac. Pour se rendre à de multiples reprises à l’infirmerie, Michael se fait passer pour un diabétique ayant besoin de recevoir des piqûres d’insuline. Ne souffrant aucunement de diabète, Michael devra trouver dans la prison quelqu’un pour le fournir en Pugnac, un médicament permettant de bloquer les effets de l’insuline et rendre son diabète réaliste.
2 – Obtenir des produits chimiques. Michael glisse régulièrement lors de ses visites à l’infirmerie, différents produits extrêmement corrosif dans une grille d’évacuation dans le but d’éroder le conduit en métal. Ce qui permettrait le jour de l’évasion de détruire le conduit sans grande difficulté.
3 – Fabriquer un tournevis. Pour dévisser les vis des toilettes de sa cellule, Michael a besoin d’un tournevis. Pour cela il va récupérer dans la cour, sur un banc, une vis bien spécifique, qui après avoir été taillée à même le sol, selon le repère inscrit dans son tatouage, lui offrira l’outils idéal.
4 – Avoir un compagnon de cellule digne de confiance. Réussir à dévisser des toilettes est une chose, le faire devant son compagnon de cellule sans que celui-ci ne pose problème en est une autre. Pour réussir son plan Michael doit trouver le complice idéal et de préférence, pas un schizophrène insomniaque. Cette partie demande de bonnes compétences en social et beaucoup d’improvisation.
5 – Trouver de l’argent pour gérer la vie après l’évasion. Si Michael n’a pas trouvé de solution avant d’entrer dans la prison, il a pris le temps d’enquêter en détail sur l’un des détenus : Charles Westmoreland. Pour lui, il s’agit de D.B. Cooper, un homme qui aurait détourné un avion et menacé de le faire exploser. La rançon ainsi obtenue pour la libération des passagers aurait été cachée dans la nature, ce qui est l’objet de l’intérêt de Michael.
6 – Obtenir un transport pour s’enfuir au Mexique. Afin de disparaître le plus rapidement possible après l’évasion Michael a prévu de passer un accord avec John Abruzzi, l’un des patrons de la Mafia de Chicago. Après avoir mené son enquête avant de se faire incarcérer, Michael sait qu’Abruzzi cherche des informations sur Fibonacci, un témoin clé dans une affaire le concernant et sous la protection des témoins. Michael promet à Abruzzi de lui donner des informations en échange d’un avion qui devra les attendre à l’extérieur de la prison le jour de l’évasion.
7 – Simuler une alerte générale. L’un des points que Michael doit décider pendant son séjour en prison est la rue qu’ils devront emprunter le jour de l’évasion : English, Fitz, ou Percy. Pour se faire, Michael provoque l’alerte générale en laissant penser aux gardiens qu’il s’est enfuit de sa cellule. Ainsi, depuis le toit, il peut librement voir quelle rue est empruntée par la police et leur réactivité.
Les parties du plan foireuses, par ordre d’importance
1 – Pouvoir se rendre dans le bureau du directeur. Si Michael a accès au bureau du directeur, c’est grâce à ses compétences en génie civil, que le directeur exploite afin de finaliser la réalisation d’une maquette du Taj Mahal qu’il souhaite offrir à sa femme pour son anniversaire. Un point qui n’était pas anticipé ni utile dans le plan initial de Michael mais qui finalement lui sera d’une grande utilité à plusieurs reprises. Une question subsiste comment Michael avait prévu de faire sans ce privilège ?
2 – Profiter à outrance de l’incompétence ou de la distraction répétée des employés. Parier sur la drague ou l’absence momentanée et répétée du médecin lors des simples passages à l’infirmerie afin de glisser des produits chimiques dans un conduit, ou sur la récupération sans être vu de la carte électronique lors de la visite conjugale c’est osé. Mais parier sur le fait que la maintenance ne réparerait pas un conduit abîmé, c’est assez fou, surtout quand il s’agit d’un point primordial nécessaire à l’évasion !
3 – Jouer avec la mafia en minimisant les conséquences. Si Michael perds deux doigts de pied en refusant de donner à Abruzzi les informations qu’il a sur Fibonacci, il n’en reste pas moins que cela aurait pu tourner au drame, car celui-ci, couvert par les gardiens qu’il engraisse avec l’argent de la mafia aurait pu le liquider. S’il est une chose à retenir, c’est que lorsque l’on joue avec un parrain de la mafia, ça peut tourner au drame.
4 – Sonner l’alerte générale sans se faire attraper. Pouvoir simuler une évasion pour se glisser sur le toit et observer l’efficacité des forces de l’ordre, c’est complexe. Si le plan de Michael fonctionne parce que le garde drague la secrétaire et qu’il ne fouille pas la pièce en détails, cela reste très périlleux. Ce plan est également possible parce que Michael a obtenu une copie de la clé de la porte du bureau du directeur et qu’il avait une excuse pour rester sur place. On ne sait pas quel aurait été le plan B de Scofield si tous ces éléments n’avaient pas été là.
5 – Miser sur la discrétion pour s’enfuir sans faire de bruits. Qu’il s’agisse de récupérer des objets, de faire des trous, ou de creuser pendant les heures de TP, Michael finit par avoir besoin de la collaboration et de la discrétion de compagnons de cellules de plus en plus nombreux à être au courant de son plan d’évasion. Il devient alors complexe de permettre à chacun de rejoindre le projet, mais qui ne rêverait pas de s’enfuir de la prison ?
6 – Avoir un tatouage pour mémo. Cela implique plusieurs problèmes. D’une part, que personne ne découvre qu’il se cache une symbolique derrière la marque de WC tatouée sur votre avant bras, finissant ainsi à force d’analyse, à comprendre votre plan ou en tout cas à vous trouver particulièrement louche. D’autre part de ne pas en perdre un seul morceau, au risque de voir votre inestimable mémo disparaître sous vos yeux.
7- Parier sur le fait que votre plan est toujours d’actualité. Les dernières informations connues par Michael sont-elles toujours d’actualité ? C’est l’impasse dans laquelle se trouvera Michael lorsqu’il découvrira que la salle de stockage a été reconvertie en espace de repos par les gardiens, la rendant inexploitable. Comme dans tous les plans, il existe une part d’incertitude, mais on ne doute pas du génie de Michael à rebondir.