Regrets.
Salut à tous. Je suis Ar’Kady, votre guide cinématographique. J’ai très (très) mal vécu l’épisode 17 de la saison 3, « Une question d’Ethique » (ou « Sunday » en anglais), de Stargate Atlantis. Aussi, j‘ai voulu imaginer, de manière plus poussée que ce que l’on voit dans l’épisode, les réactions de chacun des membres concernés après les tragiques événements qui s’y déroulent.
/!\ SPOILERS sur S3E17.
John Sheppard.
— J’ai remis la chose à votre soldat.
La voix de Beckett résonne dans l’oreillette du lieutenant-colonel Sheppard qui pousse un petit soupir de soulagement. Ouf, une bonne chose de faite, le danger est visiblement écarté. Encore une mission qui aurait pu tourner au drame. « Qui a tourné au drame ! », songe-t-il. Puisqu’il ne faut pas oublier les trois morts et les nombreux blessés de la première explosion. Mais la seconde est sous contrôle. Sa tension retombe enfin, doucement. « Fichu médecin et son éthique, dire qu’il aurait pu y… » John fait un bond lorsque l’oreillette qu’il porte lui transmet le son d’une explosion. Dans la salle de contrôle, il se fige une demie seconde.
— Beckett ! hurle-t-il dans son micro.
Seul le silence lui répond. Un silence lourd, angoissant et stressant. Un silence qui bourdonne jusqu’au fond de son cerveau alors que son esprit analyse ce qu’il a entendu et cherche une explication rationnelle à ce silence qui perdure. Non, non c’est impossible, la situation était sous contrôle alors comment ?
— Beckett, crie-t-il encore alors qu’il se précipite dans les couloirs en direction de l’infirmerie.
Mais une fois encore seul le silence lui répond. Fébrilement il change de fréquence et tente de contacter le démineur qu’il a envoyé à la rencontre du médecin. Là encore, seul le silence lui répond.
Un froid glacial se répand dans son estomac alors que son cerveau réunis les morceaux du puzzle. Non, c’est impossible. Pas à quelques secondes près. Lorsqu’il débouche enfin dans le couloir, il ne lui faut qu’une seconde pour comprendre que si, malheureusement, le pire s’est produit. La chambre de confinement encore fermée, les traces d’explosion, les restes de la traînée de feu le long des murs, les deux corps atrocement brûlés gisants au sol… Sheppard s’effondre près du corps de Carson sans oser le toucher. Il n’en a pas besoin pour savoir que c’est trop tard. Et que le médecin a payé de sa vie son acte de bravoure.
Docteur Cole.
Le Docteur Cole se penche sur le corps installé sur sa table. Elle n’est pas légiste mais a suffisamment de connaissances pour réaliser une autopsie si besoin. Et là, elle se sent obligée de réaliser celle-ci. De toute façon, c’est plus pour la paperasse que pour définir réellement les causes de la mort. Tout le monde sur Atlantis sait comment est mort le Docteur Beckett. En héros. Mais mort héroïque ou pas, l’administration, parfois très pointilleuse – surtout lorsqu’on parle de la mission intergalactique Pégase – exige un rapport d’autopsie avant de rapatrier le corps. Alors rapport il y aura.
C’est seulement après de longues heures d’autopsie qu’elle met enfin le point final à son rapport. Tous ces termes cliniques, ces digressions, ces détails, ces précisions. Tout ça pour quoi ? Quelques soit les mots qu’elle couchera sur ce rapport officiel, rien ne permettra de savoir ce qui s’est exactement passé. Pour tous ceux qui liront le papier, Carson Beckett sera mort brulé vif. La belle affaire.
Qui sur terre saura quel affreux concours de circonstance l’a mené là ?Qui sur Terre saura que ça aurait pu être elle ? Que si le Docteur Beckett ne l’avait pas relevée de sa garde pour qu’elle rentre reposer sa migraine, c’est elle qui aurait été en salle d’opération ? Qu’elle serait alors aujourd’hui sur la table d’autopsie ? Que va dire le SGC à la famille ? Il y a tellement d’informations classées secrètes dans cette mission. Qu’importe, au fond cela ne la concerne pas. C’est au Docteur Weir de faire parvenir un rapport détaillé de ce qu’il s’est passé. C’est ensuite au SGC d’épurer celui-ci puis d’informer la famille Beckett.
Elle espère juste que ces derniers sauront qu’il est mort en héros. Qu’il a sauvé une vie au péril de la sienne. Mais au fond, les seuls qui sauront réellement la vérité sont les membres d’Atlantis. Ceux qui, au fur et à mesure des épreuves sont devenu une famille. Ceux qui, aujourd’hui, pleurent la disparition de leur médecin chef et ami.
Ronon Dex.
Ronon hésite un moment devant la porte de la chambre du Docteur Beckett avant de se décider à y entrer une dernière fois. La pièce est vide, plus de vêtements ici et là, plus de livres sur la table de chevet, plus de photos sur le petit bureau… tout a disparu. Comme si ces trois dernières années, personne n’avait vécu ici.
Alors qu’il s’assoit sur le lit – où les draps ont été retirés – il ne peut s’empêcher de songer à sa courte discussion avec McKay, ici même quelques heures plus tôt.
— J’aurai dû aller à la pêche avec lui, lui a avoué l’astrophysicien. Si je l’avais accompagné, si j’avais vu cette machine, si je n’avais pas envoyé ces débutants faire l’inventaire du labo…
Si, si si… il connait cette rengaine. Il la connait bien. La petite voix dans la tête qui vous dit que c’est de votre faute, que si vous n’aviez pas agi ainsi le résultat aurait été autre. Il la connait pour l’avoir lui-même entendue pendant des années. S’il n’avait pas été pris par les Wraiths, s’il n’avait pas passé le cercle des anciens, s’il n’était pas resté juste une nuit dans le village… tellement de « et si » et de regrets.
Finalement, Ronon se lève et quitte la pièce sur un dernier regard. Il ne connaissait pas beaucoup le Docteur Beckett, se contentant de passer à l’infirmerie pour le check-up post mission uniquement et ne s’éternisant pas. Mais il sait que sans le médecin, jamais il n’aurait retrouvé sa liberté. Après tout, c’est Beckett qui lui a retiré le traceur Wraith, faisant de lui un homme libre et non plus une cible.
Même s’il ne le connaissait pas personnellement, il en a assez entendu sur lui pour savoir que c’était un type bien. Un homme honnête, travailleur, professionnel et courageux. Un médecin allant jusqu’au bout de ses convictions, quitte à y laisser sa vie pour sauver un de ses patients. Un homme qu’il regrette finalement de ne pas avoir mieux connu. Mais ce qui est fait, est fait, et c’est désormais trop tard, Carson n’est plus.
Elisabeth Weir.
Elisabeth se frotte les yeux d’une main lasse alors qu’elle relit une dernière fois le discours qu’elle vient d’écrire. Le Colonel Sumner, les Docteurs Wagner, Johnson, Dumais, Peterson, Hays, le Lieutenant Ford, le Docteur Peter Grodin, le Capitaine Griffin, le Docteur Collins, les Docteurs Gall et Abrams, le Docteur Lindstrom, le Docteur Harriet Hewston et maintenant le Médecin Chef Carson Beckett. La lassitude la gagne encore plus. Tellement de morts, tellement de pertes, de discours et de mots aux familles. En en a perdu le compte.
Mais qui aurait pu dire qu’elle aurait un jour à prononcer ce genre de chose pour Carson ? Personne. Parce que certes, Pégase est une galaxie dangereuse, certes il y a déjà eu des victimes, mais jamais, jamais, elle n’aurait pu croire que son médecin en chef en ferait partie. Mais Carson étant Carson, qu’aurait-elle pu faire pour éviter cela ? Rien, pas même la fin du monde n’aurait fait partir Beckett de l’infirmerie où il était occupé à sauver une vie. Rien ne l’aurait fait abandonner son patient, pas même le risque que celui-ci explose pendant l’opération.
Avec le recul elle s’en rend bien compte. Qu’absolument personne n’aurait pu faire changer d’avis l’écossais. Il était bien trop têtu sur ce point. Une question d’éthique leur a-t-il dit. La même éthique qui l’a si sévèrement torturé après l’échec de son vaccin sur Hoff. Cette même éthique qui l’a poussé à rester au péril de sa vie près des Wraiths transformés en humains par le rétrovirus. La même éthique qui lui aura finalement coûté la vie alors même qu’il en sauvait une autre.
Elisabeth repose enfin ses yeux sur son discours. Aura-t-elle la force de le prononcer, arrivera-t-elle à aller jusqu’au bout sans craquer ? Elle le doit. Pour le Docteur Beckett, pour honorer son sacrifice. Alors elle redresse la tête, inspire un grand coup et se dirige vers la gateroom où la cérémonie va commencer. Carson est mort, mais chacune des vies qu’il a sauvées est désormais un monument à sa mémoire et cela la réconforte un peu.
Rodney McKay.
McKay s’est isolé sur la jetée Est d’Atlantis. Il est incapable pour le moment de rejoindre les autres. Pas encore, pas maintenant. Pas avant d’avoir pu faire ce qu’il est venu faire. Cette dernière et ultime chose qui lui permettra ensuite de reprendre, sinon une vie normale, au moins une vie sans remords.
Avec un léger sourire il se tourne vers le Carson imaginaire qui se tient à côté de lui. Ce dernier lui sourit en retour. Tout semble aller pour le mieux et pendant un instant, Rodney imagine qu’il ne s’agissait que d’un cauchemar et que tout va rentrer dans l’ordre. Mais c’est faux. Il le sait.
— Ce qui est fait, est fait, lui a dit Ronon.
Et il sait pertinemment ce qui est fait : Carson est mort. Mort. Jamais plus il ne se tiendra là, à ses côtés. Ni ne lui proposera une partie de pêche sur le continent. Jamais plus il ne le verra lui sourire en entrant dans l’infirmerie. C’est fini.
Mais il lui reste une chose à dire. Il sait au fond de lui qu’il ne parle qu’au vide, que le Carson en face de lui n’est que le fruit de son imagination, mais qu’importe. Il est seul, personne ne saura jamais ce qu’il s’est passé sur cette jetée.
— Vous étiez le meilleur ami que je n’avais jamais eu. Et maintenant je regrette de ne pas être allé avec vous…
— Hey, c’est pas votre faute, le coupe le Beckett imaginaire.
— Vous dites ce que j’ai envie d’entendre, soupire McKay.
— Les meilleurs amis sont quelques fois faits pour ça. Et dans ce cas présent, c’est aussi la vérité. L’image de Carson lui sourit doucement.
— Prenez soin de vous Rodney.
— Au revoir, Carson, murmure le canadien d’une voix brisée avec un petit geste de la main.
Peu à peu Carson s’efface et Rodney reste seul. C’est fait. Il a enfin réussit à dire adieu à son ami. Maintenant il va lui falloir aller de l’avant. Ça ne sera pas facile, il y aura des jours où l’absence de Beckett se fera fortement ressentir, mais il sera fort. En souvenir du médecin et de son sacrifice pour que l’expédition continue.
Voilà, petit texte pour exorciser ma peine à la disparition de ce personnage. Depuis j’ai fini les 5 saisons, je sais donc ce qu’il en est. Mais sur le coup, j’avoue avoir vraiment eu beaucoup de mal à supporter sa mort. N’hésitez pas à partager votre opinion sur cet événement dans les commentaires.