Tous pour un, un pour tous. Les Trois Mousquetaires et ses variantes.

Oyez oyez braves gens, je me présente : Harkady, troubadour de mon état, et je vais, ce jour d’hui, vous conter la formidable aventures des Trois Mousquetaires et de leurs diverses adaptations. Parce qu’ils ne sont pas seulement connus en version papier, non. Ils ont aussi fait l’objet de nombreuses apparitions sur divers écrans et autres formats.

Roman de cape et d’épée par excellence, cette fresque chevaleresque a séduit des milliers de lecteurs par-delà le monde. Un scénario entraînant, des personnages attachants, une intrigue amoureuse, des combats d’anthologie, des rebondissements romanesques… Nombreux sont donc les réalisateurs à avoir tenté l’adaptation de cette œuvre. Oui mais voilà, la plupart du temps, entre le roman d’origine et l’adaptation finale, il y a des écarts. Parfois ce n’est pas grand-chose, mais parfois on est en droit de se demander si c’est vraiment la même œuvre que l’on visionne. Alors, ces réalisateurs ont-ils tous réussi leur coup ? Voici donc l’avis d’Harkady la Troubadour sur ce sujet.

L’article sera découpé comme suit :

/!\ SPOILERS. En effet, il serait difficile de parler du roman et de ses adaptations sans entrer dans les détails. Aussi à partir d’ici vous aurez des infos assez complètes sur chacune des œuvres, y compris le roman. Vous voilà prévenus.

La base : le roman d’Alexandre Dumas père.

Initialement publié en feuilleton dans le journal Le Siècle de mars à juillet 1844, l’œuvre a été édité en volumes la même année. Elle peut être découpée en 4 parties, racontant chacune une intrigue, l’ensemble donnant alors la trame générale de cette aventure. Les Trois Mousquetaires est suivit du roman Vingt ans après, sorti en 1845 puis du roman Le Vicomte de Bragelonne, édité en 1847. Ces trois œuvres forment ainsi la trilogie romanesque dite des « Mousquetaires », écrite par Dumas père. On y retrouve tout au long de ces romans Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan à différentes périodes de leurs vies.

Résumé de la première partie du roman : L’arrivée à Paris.

Louis XIII est Roi de France. Le Cardinal de Richelieu, alors premier ministre, influence le souverain pour s’emparer du pouvoir. Il cherche à évincer la compagnie des gardes des Mousquetaires du Roi au profit de sa propre compagnie : les Gardes Rouges. Dans le même temps, la France est assaillie de tous côtés par ses ennemis. Le Roi et la Reine doivent donc faire face à des complots visant à les séparer. C’est dans cette ambiance tendue que D’Artagnan, jeune Gascon, quitte son Béarn natal pour se rendre à la Capitale rejoindre le corps des Mousquetaires.

Mais avant même d’arriver, il a maille à partir avec une femme et un homme dans une auberge à Meung qui le laissent pour mort. Arrivé à Paris, il se rend chez Tréville, le Capitaine des Mousquetaires. Mais alors qu’il achève son entretien, il aperçoit l’homme qui l’a humilié à Meung. Aussitôt, il se précipite au dehors, bousculant un Mousquetaire, arrachant la cape d’un second et ramassant le mouchoir compromettant d’un troisième. Froissés, les trois Mousquetaires – qui se nomment Athos, Porthos et Aramis – le défient en duel. À leur rendez-vous, D’Artagnan propose alors à Athos un baume pour son épaule blessée avant de s’excuser auprès des trois amis de n’avoir qu’une vie pour trois duels. Les excuses faites, Athos et D’Artagnan se mettent en position pour leur combat.

Mais avant même qu’il ne puisse commencer, les hommes du Cardinal interviennent. S’alliant alors aux Mousquetaires, D’Artagnan livre combat contre les Gardes Rouges, allant même jusqu’à sauver Athos, alors en difficultés. C’est ainsi que née une franche et sincère amitié entre les quatre hommes qui font serment de toujours être là les uns pour les autres. Le lendemain, félicité pour sa bravoure par le Roi, D’Artagnan est alors reçu dans la Compagnie des Gardes de Monsieur des Essart.

Résumé de la seconde partie du roman : Les ferrets de la Reine.

Hébergé par M. Bonacieux, D’Artagnan est chargé de sauver la femme de ce dernier, Constance, enlevée par le Cardinal. En effet, en tant que femme de chambre de la Reine elle a toute sa confiance. Avec la complicité de Constance – alors sauvée par D’Artagnan – d’Aramis et d’une mystérieuse amie, la Reine rencontrera le Duc de Buckingham. Dans le même temps, Athos, venu visiter D’Artagnan, est arrêté et emprisonné. Tréville parviendra néanmoins à le faire libérer en faisant appel au Roi.

Renseigné par Bonacieux – qui espionne sa femme pour son compte – le Cardinal piégera alors Anne d’Autriche. Constance fait donc appel à D’Artagnan, tombé amoureux d’elle, pour l’aider. Il demandera l’aide de ses amis Mousquetaires pour mener à bien cette mission. Ils doivent – avant que n’ait lieu le bal organisé par le Roi – rapporter à la Reine les douze ferrets qu’elle a offert à Buckingham. En effet, le Cardinal, qui sait très bien à qui elle les a offert, a manipulé le Roi pour qu’il demande à Anne de les porter durant cet événement. Les quatre hommes et leurs valets partent donc en direction de Londres demander à Buckingham de leur remettre les ferrets.

Sur le trajet, d’embûches en embuscades, D’Artagnan laissera un-à-un ses compagnons d’armes derrière lui. Mais Milady de Winter, agente du Cardinal infiltrée chez le Duc a pour ordre de contrer la mission de D’Artagnan. Et c’est ainsi qu’elle dérobe deux ferrets à Buckingham juste avant que le jeune homme n’arrive. Fort heureusement, le Duc fait refaire par son joaillier les ferrets manquants, permettant à D’Artagnan de rejoindre la France avec son précieux colis. Juste avant que le bal ne commence, il remettra les douze ferrets à la Reine, la sauvant de justesse de l’humiliation.

Résumé de la troisième partie du roman : Le siège de la Rochelle.

Humilié par D’Artagnan qui a fait échoué son plan, le Cardinal enlève Constance Bonacieux. Afin de la retrouver, D’Artagnan se lance en quête de ses amis qu’il avait laissés dans différents relais lors de son voyage vers l’Angleterre. Il retrouve d’abord Porthos, blessé, dans une auberge. Puis Aramis, qui s’apprêtait à entrer dans les ordres suite à une peine de cœur. Et enfin Athos, enfermé dans une cave et ivre mort qui lui fait quelques confidences sur les femmes et leur diablerie. Puis les quatre hommes rentrent à Paris, à la recherche de Constance.

C’est ainsi qu’ils ont maille à partir avec quelques Anglais et que D’Artagnan reconnaîtra parmi eux Milady. Trouvant querelle auprès du beau-frère de cette dernière, il gagne alors ses entrées chez elle et commence à la courtiser en se faisant passer pour le Comte de Wardes. Peu-à-peu, D’Artagnan tombera sous le charme de Milady, jusqu’à découvrir sur l’épaule de celle-ci une fleur de lys, la marque des criminels. Par deux fois, pour se venger Milady tente alors de le tuer mais échoue. Fuyant la colère de la jeune femme, D’Artagnan va tout raconter à Athos, qui, dans les confidences de son ami, reconnait en Milady son ancienne femme.

C’est sur ces entrefaites que le siège de La Rochelle commence. Les compagnies militaires sont donc envoyées au front. Une nuit, les trois Mousquetaires escortent le cardinal Richelieu à une auberge, après l’avoir rencontré à La Rochelle. L’espionnant, ils découvrent Milady qui l’attend à l’auberge. En effet, le Cardinal s’apprête à engager la jeune femme pour mettre fin à la vie de Buckingham. En contrepartie, il lui remet un blanc-seing qui l’autorise à tuer D’Artagnan sans courir le risque d’être poursuivie par la justice. Heureusement, Athos réussit à dérober le blanc-seing à Milady.

Résumé de la quatrième partie du roman : La fin de Milady.

Restés à La Rochelle pour le siège, les quatre amis voient Milady leur glisser entre les mains. Profitant d’un pique-nique dans le bastion ennemi de Saint-Gervais qu’ils ont pris sur un défi, les quatre compères préparent un plan pour contrer le Cardinal. Ils envoient donc Planchet, le valet de D’Artagnan porter une lettre en Angleterre au beau-frère de Milady, Lord de Winter, pour l’enjoindre de se méfier de la jeune femme. Dans le même temps profitant des accointances d’Aramis avec une amie proche de la Reine, ils apprennent – par l’entremise d’une lettre portée par son valet Bazin – où est retenue Constance. Pour sa sécurité, elle a été envoyée à Béthune, dans un couvent.

Tout semble se dérouler pour le mieux puisqu’ils apprennent également, au retour de Planchet, que Milady est emprisonnée à Londres. Ce qu’ils ignorent c’est que manipulant Felton, son geôlier, Milady a réussi à le retourner contre Buckingham et qu’il a assassiné ce dernier. S’échappant de sa geôle, Milady rentre en France où elle trouve refuge au couvent des Carmélites, à Béthune. Elle empoissonne alors Constance, tenant enfin sa vengeance. Au même moment, arrivent D’Artagnan, Athos, Aramis et Porthos. Avec l’aide de Lord de Winter et du bourreau de Lille, un proche de la première victime de Milady, ils réussissent à la rattraper à Armentières. Un simulacre de procès a lieu pour la juger. Déclarée coupable, elle est condamnée à mort et décapitée.

Ayant achevée leur mission, les compagnons d’armes retournent à Paris où, pour éviter la colère du Cardinal, D’Artagnan sortira le blanc-seing dérobé à Milady, qu’Athos lui avait donné. D’Artagnan est alors sacré lieutenant de la compagnie des Mousquetaires par Richelieu qui décide de faire la paix avec lui. Aramis entre dans les ordres, Porthos se marie et Athos fini par se retirer de la vie militaire quelques années après.

Les petites subtilités de l’œuvre.

La phrase la plus connue du roman, celle que l’on retrouve dans tous les films et que n’importe quelle personne connaissant le nom des Trois Mousquetaires pourra vous ressortir est bien sûr : « Un ____ tous et tous ____ un. » Perdu ! C’est fou ce que l’inconscient collectif peut nous faire croire. « Un pour tous, tous pour un. » est la devise traditionnelle mais non officielle de la Suisse ! Dans son roman Alexandre Dumas l’a inversée. Et les Mousquetaires s’écrient donc en cœur : « Tous pour un, un pour tous ! » Il est cependant à noter que dans la plupart des adaptations – surtout les récentes – c’est la première formule qui est usitée, renforçant ainsi l’erreur générale.

De la même manière, nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi le roman s’appelle Les Trois Mousquetaires, alors que les amis sont quatre. Et bien tout simplement parce D’Artagnan ne fait pas partie des Mousquetaires ! Lorsqu’il arrive à Paris pour rejoindre cette compagnie, Tréville, le Capitaine des Mousquetaires lui trouve une place dans la Compagnie des Gardes Royaux de Monsieur des Essarts. Au retour de leur mission en Angleterre, il sera bien question de faire entrer D’Artagnan chez les Mousquetaires, en signe de reconnaissance, mais le siège de la Rochelle étant commencé et les troupes partant au combat, la promotion est remise à plus tard. Ce n’est qu’à la fin du roman que D’Artagnan obtient enfin sa place chez les Mousquetaires du Roi. Et le grade de Lieutenant dans la compagnie. Mais durant tout le roman, il n’y a bien que trois Mousquetaires parmi le groupe d’ami. D’où le titre.

Ce qu’il faut prendre en compte pour une bonne adaptation.

Maintenant que vous connaissez à peu-près l’histoire, voici un petit mémo sur ce qu’il faut retenir du roman (les caractères des personnages ainsi que leur histoire et les événements particuliers) et qu’il faudra prendre en compte pour juger de la qualité de l’adaptation. La présence, dans le film/téléfilm/série cité dans la prochaine partie de l’article, de chacun de ces points importants rapportera donc 1 point (2 points par fidélité au personnage : histoire et caractère). À cela s’ajoutera jusqu’à 8 points de fidélité à l’atmosphère globale, ce qui inclut : les décors, les combats, les costumes et l’ambiance générale. Le tout sera transformé en un pourcentage de fidélité qui jugera de la qualité de l’adaptation par rapport au roman, et permettra donc le classement de la meilleure à la pire des adaptations.

Les Personnages.

D’Artagnan.

« Je suis de Gascogne, c’est vrai, et puisque vous le savez, je n’aurai pas besoin de vous dire que les Gascons sont peu endurants, de sorte que, lorsqu’ils se sont excusés une fois, fût-ce d’une sottise, ils sont convaincus qu’ils ont déjà fait moitié plus qu’ils ne devraient faire. » D’Artagnan à Aramis – chap. IV : L’épaule d’Athos, le baudrier de Porthos et le mouchoir d’Aramis.

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©D’Artagnan by Calista1981

Jeune, enjoué et dynamique, c’est un Gascon qui monte à Paris pour devenir Mousquetaire. Il a le sang chaud et porte souvent la main à l’épée mais a également un grand cœur et fait preuve de bravoure bien qu’il soit très naïf. D’Artagnan fera également preuve d’un courage et d’un sang-froid extraordinaire tout au long du roman bien qu’à dix-neuf ans, il soit le plus jeune membre de la petite troupe. Tombé tout d’abord amoureux de Constance puis ensuite de Milady il reviendra finalement vers son premier amour. D’abord Garde dans la compagnie de Monsieur des Essart, il entrera enfin chez les Mousquetaires à la fin du roman.

Athos.

« Je dis que l’amour est une loterie où celui qui gagne, gagne la mort ! Vous êtes bien heureux d’avoir perdu, croyez-moi, mon cher d’Artagnan. Et si j’ai un conseil à vous donner, c’est de perdre toujours. […] Il n’y a pas un homme qui n’ait cru comme vous que sa maîtresse l’aimait, et il n’y a pas un homme qui n’ait été trompé par sa maîtresse. » Athos à D’Artagnan – chap. XXVII : La femme d’Athos.

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©Athos by Tssuru

Bien qu’il n’ait que vingt-sept ans au début du roman, c’est le plus âgé du groupe. Amer, renfermé, austère, silencieux et ayant un amour certain pour la bouteille et le jeu, il n’en est pas moins un excellent combattant, adroit, fier et courageux. Il est par ailleurs capable de combattre aussi bien de la main droite que de la gauche, ce qui en fait un fin bretteur et un adversaire redoutable. Sa véritable identité est celle d’un noble déchu du nom de « Comte Olivier de la Fère ». Autrefois il a épousé une femme qui s’est finalement avérée être une criminelle. Après l’avoir pendue, il est resté rongé par la trahison de cette dernière. Il se désintéresse désormais complètement des femmes et des histoires de cœur. Il éprouve une sincère affection pour D’Artagnan et s’avère un véritable mentor pour ce dernier.

Porthos.

« Savez-vous, que tordre le cou à cette damnée Milady serait un péché moins grand que de le tordre à ces pauvres diables de huguenots, qui n’ont jamais commis d’autres crimes que de chanter en français des psaumes que nous chantons en latin ? » Porthos à ses compagnons – chap. XLVII : Le conseil des Mousquetaires.

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©Porthos by Tssuru

C’est un véritable colosse : costaud, gouailleur et bon vivant, il est les muscles et la bonne humeur de l’équipe. Pas toujours très futé il peine parfois à comprendre les plans de ses amis mais les suit volontiers dans leurs aventures sans trop poser de questions. Grand bavard, il ne se lasse pas de conter ses aventures galantes et d’épées pour captiver qui veut bien l’écouter. Ses exploits sont cependant loin d’être des vantardises puisqu’il est lui aussi un excellent bretteur. Âgé de vingt-trois ans, il est désargenté, aussi se cherche-t-il une riche veuve à épouser afin de pouvoir rendre les armes et vivre en rentier.

Aramis.

« La prudence, monsieur, est une vertu assez inutile aux Mousquetaires, je le sais, mais indispensable aux gens d’Église, et comme je ne suis Mousquetaire que provisoirement, je tiens à rester prudent. » Aramis à D’Artagnan – chap. IV : L’épaule d’Athos, le baudrier de Porthos et le mouchoir d’Aramis.

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©Aramis by Tssuru

De son vrai nom le « Chevalier René d’Herblay », Aramis était destiné à entrer dans les Ordres, mais suite à une mauvaise querelle il dû retarder son ordination et rejoindre les Mousquetaires pour un temps. Âgé de vingt-deux ans, il est le plus coquet de la troupe, et prend soin de son apparence. Malgré le fait qu’il se destine toujours à devenir Abbé, il n’hésite pas à tuer au combat lorsque c’est nécessaire. De même, il est mêlé à de nombreuses intrigues politiques ou amoureuses, bien qu’il soit toujours très discret sur ses accointances. Il entretient par ailleurs une histoire complexe avec une mystérieuse inconnue, proche de la Reine, qui les aidera discrètement à plusieurs reprises.

Le Cardinal de Richelieu.

« Je vous connais, messieurs, je vous connais : je sais que vous n’êtes pas tout à fait de mes amis, et j’en suis fâché, mais je sais que vous êtes de braves et loyaux gentilshommes, et qu’on peut se fier à vous. Monsieur Athos, faites-moi donc l’honneur de m’accompagner, vous et vos deux amis, et alors j’aurai une escorte à faire envie à Sa Majesté, si nous la rencontrons. » Le Cardinal à Athos – chap. XLIII : L’auberge du Colombier-rouge.

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©Cardinal de Richelieu by Chriskuhlmann

Armand Jean du Plessis de Richelieu, Cardinal de Richelieu est le Premier Ministre de la France. Rusé, ambitieux et sournois, il livre une guerre larvée avec Tréville pour le prestige de sa propre compagnie : la Garde Rouge. Comploteur et manipulateur il tente également de faire éclater la guerre entre la France et ses ennemis – notamment l’Angleterre et l’Espagne – pour obtenir encore plus de pouvoir. Mais pour cela, il lui faut d’abord éloigner la Reine de l’entourage du Roi. Aussi Anne d’Autriche sera très souvent la victime de ses pièges et autres médisances. Sans aucun scrupule, pour mener à bien ses ambitions il use sans vergogne de Milady de Winter, son espionne la plus douée et de Rochefort son bras droit.

Rochefort.

« Cette fois je vous cherchais ; au nom du roi, je vous arrête et dis que vous ayez à me rendre votre épée, monsieur, et cela sans résistance ; il y va de la tête, je vous en avertis. » Rochefort à D’Artagnan – chap. LXVII : Conclusion.

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©Comte de Rochefort by Chriskuhlmann

Âme damnée de Richelieu, il est âgé d’une quarantaine d’année et possède une vilaine cicatrice au visage. D’ailleurs, contrairement à ce qu’on voit dans certains films/séries, dans le roman il n’est pas borgne. Il est le bras droit du Cardinal et sera de tous les complots menés par ce dernier. Il participera notamment à l’enlèvement de Constance. C’est également lui qui est chargé de prendre contact avec Milady la plupart du temps. Spadassin retors et ambitieux il est aussi un excellent combattant, qui s’oppose sans cesse aux Mousquetaires et leur met régulièrement des bâtons dans les roues. Éternel antagoniste de D’Artagnan – qui le poursuit avec acharnement depuis leurs première rencontre à Meung – ils n’auront de cesse de s’affronter. Ce n’est d’ailleurs qu’à la toute fin du roman que D’Artagnan apprendra enfin l’identité de ce fameux « homme de Meung ».

Tréville.

« Je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre. » Tréville à D’Artagnan – chap. III : L’audience.

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©Treville by Ystarigame

Le capitaine des Mousquetaires est un Gascon au sang chaud qui considère ses hommes comme ses fils. Il est bourru mais a grand cœur et protège du mieux possible les quatre amis tout au long de leurs aventures. Il ira même jusqu’à leur laisser quelques passe-droits pour qu’ils effectuent leurs missions secrètes. S’il respecte et aime profondément les hommes qu’il a sous ses ordres, l’inverse n’en est que plus vrai. Aux yeux des Mousquetaires, Tréville est un père bienveillant qui sait aussi bien faire preuve de sévérité que d’indulgence. Et à travers ses reproches et ses emportements, ils savent lire toute l’affection qu’il leur porte. Clairement opposé au Cardinal, le Capitaine sert le Roi avec sagesse, fidélité et dévotion.

Milady de Winter.

« Me trouver mal, moi ? moi ? me prenez-vous pour une femmelette ? Quand on m’insulte, je ne me trouve pas mal, je me venge, entendez-vous ! » Milady à Ketty – chap. XXXV : La nuit tout les chats sont gris.

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©Milady by Luvfarmer

Agente du Cardinal, elle fut autrefois la femme d’Athos. Il l’a exécutée – du moins le pense-t-il – après avoir découvert la vérité sur elle : c’est une criminelle marquée d’une fleur de lys. Elle est une intrigante hors-pair et une excellente manipulatrice connue également sous les noms d’Anne de Breuil, Lady Clarick ou encore Charlotte Backson. Usant sans scrupules de ses charmes pour séduire les hommes, elle est prête à tout pour mener à bien ses différentes missions. Elle laisse régulièrement derrière elle de nombreux cadavres – y compris ceux de ses maris et amants. Voulant se venger de D’Artagnan qui l’a humiliée, elle empoisonnera Constance. Mais le passé finira par la rattraper et ses crimes lui vaudront alors d’être condamnée à mort et décapitée.

Constance Bonacieux.

« Oh ! ne vous mêlez en rien de ce qui me regarde, ne cherchez point à m’aider dans ce que j’accomplis ; et cela, je vous le demande au nom de l’intérêt que je vous inspire, au nom du service que vous m’avez rendu ! et que je n’oublierai de ma vie. » Constance à D’Artagnan – chap. XI : L’intrigue se noue.

©Constance by Nell Phillips

Constance est jeune femme de vingt-trois ans mariée à Monsieur Bonacieux, un époux qu’elle n’aime guère. Lorsque D’Artagnan vient à loger chez eux, elle en tombe de suite amoureuse. Entrée au service de la Reine grâce à la protection de son parrain, Monsieur de La Porte, elle est devenue sa plus grande confidente. Néanmoins, en partageant les secrets de la Reine, elle deviendra une cible pour le Cardinal. Ce dernier l’enlèvera alors pour tenter de la faire parler. Envoyée par la suite à Béthune pour sa sécurité, après que sa complicité dans l’affaire des ferrets ait été dévoilée, elle se trouvera malheureusement sur la route de Milady et fera les frais de sa vengeance.

Louis XIII.

« Comment diable ! À vous quatre, sept gardes de Son Éminence mis hors de combat en deux jours ! C’est trop, messieurs, c’est trop. À ce compte-là, Son Éminence sera forcée de renouveler sa compagnie dans deux semaines, et moi de faire appliquer les édits dans toute leur rigueur. Un, par hasard, je ne dis pas ; mais sept en deux jours, je le répète, c’est trop, c’est beaucoup trop. » Le Roi aux Mousquetaires – chap. VI : Sa Majesté Louis le treizième.

Portrait du roi Louis XIII, par Philippe de Champaigne en 1670

Mari faible et jaloux, le Roi de France a perdu l’amour de son épouse au profit de Buckingham. Toujours dans l’ombre de son premier ministre, il se fait aisément manipuler par celui-ci, notamment durant l’affaire des ferrets, lorsque le Cardinal le pousse à demander à Anne de porter ces derniers au bal. Ou encore lorsqu’il se retrouve à faire fouiller la Reine, sur la suggestion de Richelieu, pour trouver une lettre compromettante. Admiratif de l’héroïsme des Mousquetaires, il est très indulgent à leur égard, leur laissant beaucoup de liberté – y compris celle de rosser les Gardes du Cardinal en cachette.

Anne D’Autriche.

« Partez ! partez ! je vous en supplie, et revenez plus tard ; revenez comme ambassadeur, revenez comme ministre, revenez entouré de gardes qui vous défendront, de serviteurs qui veilleront sur vous, et alors je ne craindrai plus pour vos jours, et j’aurai du bonheur à vous revoir. » Anne à Buckingham – chap. XII : Georges Villiers, Duc de Buckingham.

Portrait d’Anne d’Autriche par Pierre Paul Rubens en 1625

Reine de France assez effacée, sans elle, il n’y aurait cependant pas de roman. Amante de Buckingham et d’origine Espagnole en plus d’appartenir à la famille royale d’Autriche, elle est persécutée par le Cardinal qui tente par de nombreux moyens de la piéger et de l’éloigner du Roi. Heureusement elle sait s’entourer de gens de confiance – comme la Comtesse de Chevreuse ou Constance – toujours prêtes à l’aider. En rencontrant à diverses reprises Buckingham en privé et en lui donnant ses ferrets elle offrira au Cardinal une occasion en or de la compromettre. Par la suite, c’est encore une de ses maladresses qui poussera Buckingham à se rendre avec son armée en France, ce qui déclenchera le siège de La Rochelle.

Buckingham.

« Oui, oui, c’est qu’Anne d’Autriche est ma véritable reine ; sur un mot d’elle, je trahirais mon pays, je trahirais mon roi, je trahirais mon Dieu. Elle m’a demandé de ne point envoyer aux protestants de La Rochelle le secours que je leur avais promis, et je l’ai fait. Je manquais à ma parole, mais qu’importe ! j’obéissais à son désir. » Buckingham à D’Artagnan – chap. XXI : La Comtesse de Winter.

George Villiers, par Pierre Paul Rubens en 1625

George Villiers, Duc de Buckingham est épris de la Reine de France. Ainsi, cet Anglais, favori du roi d’Angleterre, est prêt à braver les foudres du Roi de France pour accourir au moindre signe de celle-ci. Usant de ses prérogatives et de son pouvoir en Angleterre il va jusqu’à faire fermer tous les ports anglais lorsque avec D’Artagnan il découvre la disparition de deux des ferrets qu’Anne lui avait offert. Il est en effet prêt à tout pour sauver cette dernière. C’est ainsi que plus tard dans le roman, souhaitant débarquer à La Rochelle, pour la revoir en tant que conquérant, il signera sa propre condamnation à mort. En effet, par ordre du Cardinal, Milady de Winter aura pour mission de l’assassiner. Mission qu’elle mènera à son terme avec la complicité bien involontaire de ses geôliers.

Monsieur Bonacieux.

« Je ne permettrai pas que vous vous livriez à des complots contre la sûreté de l’État, et que vous serviez, vous, les intrigues d’une femme qui n’est pas française et qui a le cœur espagnol. Heureusement, le grand cardinal est là, son regard vigilant surveille et pénètre jusqu’au fond du cœur. » M. Bonaceux à Constance – chap. XVII : Le ménage Bonacieux.

Logeur de D’Artagnan, ce mercier est un homme jaloux et ambitieux, mais également lâche et cupide. Petit bourgeois d’une cinquantaine d’année, il est aisément manipulé par sa jeune et belle épouse et se retrouve très vite dépassé par les événements qui vont s’enchaîner autour de lui. Par la suite, il sera arrêté par les hommes du Cardinal – qui souhaite apprendre ce que Bonacieux sait des amours de la Reine – et finira par prendre le parti de ce dernier. Dès lors il espionnera son épouse et D’Artagnan pour le compte du Cardinal. Il sera ainsi responsable de bien des fuites d’informations qui mettront Constance et la Reine en difficultés. De plus en plus cupide, il finira cependant par ne plus servir au Cardinal, lequel se débarrassera simplement de lui en l’emprisonnant.

Lord de Winter.

« Je vous pardonne, l’empoisonnement de mon frère, l’assassinat de Sa Grâce Lord Buckingham ; je vous pardonne la mort du pauvre Felton, je vous pardonne vos tentatives sur ma personne. Mourez en paix. » Lord de Winter à Milady – chap. LXVI : L’exécution.

Beau-frère de Milady, cet anglais ignore tout des secrets de sa belle-sœur. Veuve de son frère, elle tentera de le faire assassiner par D’Artagnan vu qu’elle est sa seule héritière. Le duel ayant échoué, D’Artagnan apprendra la vérité sur la jeune femme à Lord de Winter. Par la suite, ce dernier découvrira que Milady est responsable de la mort de son frère et qu’elle était également mariée au Comte de la Fère. Au retour de Milady en Angleterre, il se chargera donc de l’emprisonner afin d’assurer la sécurité de Buckingham. Néanmoins elle lui échappera et achèvera sa fatale mission. Dès lors, il n’aura de cesse de la poursuivre. Participant au jugement de Milady, il sera de ceux qui la condamneront à mort.

La Comtesse de Chevreuse.

« Ami, le sort veut que nous soyons séparés quelque temps encore ; mais les beaux jours de la jeunesse ne sont pas perdus sans retour. Faites votre devoir au camp ; je fais le mien autre part. » Lettre de la Comtesse à Aramis – chap. XXXIV : Où il est traité de l’équipement d’Aramis et de Porthos.

Marie de Rohan-Montbazon, Duchesse de Chevreuse

Pas directement présente dans les romans, la Comtesse de Chevreuse n’en reste pas moins un personnage important. Sans elle, bien des intrigues ne se seraient pas déroulées. Exilée de la Cour de France mais toujours fidèle à la Reine Anne, elle intrigue avec passion et brio dans l’ombre pour l’aider à mener ses amours clandestines. Elle reviendra même parfois en secret à Paris afin d’apporter son soutien à la Reine dans des moments difficiles. Il est sous-entendu qu’elle est la maîtresse cachée d’Aramis et la mystérieuse correspondante qui intercède pour les quatre amis auprès de la Reine afin de découvrir où Constance a été envoyée.

Planchet, Grimaud, Mousqueton et Bazin.

Respectivement les valets de D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis. Toujours présents aux côtés de leurs maîtres, ils sont de toutes les aventures des quatre amis. Toujours dans l’ombre mais prêt à agir avec fidélité, ruse et adresse. Sans eux, il faut reconnaître que leurs maîtres n’auraient pu mener à bien leurs misions. D’une grande habilité, dégourdis et débrouillards ils parviennent même plusieurs fois à les sortir des ennuis. C’est par l’intermédiaire de Planchet et de Bazin notamment que deux très importantes missives seront remises en secret dans le roman. Deux lettres qui changeront bien des choses…

Les Événements.

Je n’ai pas listé ici tous les événements se déroulant dans le roman, il y en a beaucoup trop. Je me suis donc contentée de mettre ceux qui me semblent principaux et importants. Et donc qui me semblent indispensables pour faire une bonne adaptation.

L’arrivée à Paris.
  • Première rencontre entre D’Artagnan, Rochefort et Milady à Meung, ces derniers volent la lettre de recommandation du jeune homme.
  • Arrivé à Paris, D’Artagnan rencontre et provoque en duel Athos, Porthos et Aramis.
  • D’Artagnan propose son baume à Athos et s’excuse de n’avoir qu’une vie pour trois duels.
  • Le duel commence mais ils sont interrompus par les gardes du Cardinal, se battant alors à 4 contre 5.
  • Les Mousquetaires reçoivent les félicitations du Roi et D’Artagnan entre dans la Compagnie des Gardes de Monsieur des Essarts.
Les ferrets de la Reine.
  • D’Artagnan sauve Constance des hommes du Cardinal venus l’enlever chez elle.
  • En suivant Constance, D’Artagnan découvre la relation secrète entre la Reine et Buckingham.
  • Après s’être rendu chez D’Artagnan et avoir été confondu avec lui, Athos est emprisonné.
  • Anne offre ses ferrets à Buckingham et le supplie de repartir en Angleterre.
  • Bonacieux, menacé d’être embastillé espionne sa femme pour le compte du Cardinal.
  • Tréville, par l’intermédiaire du Roi fait libérer Athos.
  • La Reine est piégée par le Cardinal, Constance envoie D’Artagnan récupérer les ferrets à Londres.
  • D’Artagnan abandonne un à un ses amis sur la route de Londres.
  • À Londres, Buckingham fait refaire deux ferrets, volés par Milady.
  • De retour d’Angleterre, victorieux, D’Artagnan, rend les ferrets à la Reine durant le bal.
Le siège de La Rochelle.
  • Pour se venger, le Cardinal fait enlever Constance.
  • D’Artagnan part retrouver ses compagnons d’armes laissé sur la route de Londres.
  • Pour retrouver Constance, D’Artagnan enquête auprès de Milady et tombe amoureux d’elle.
  • D’Artagnan se fait passer pour le Comte de Wardes afin d’approcher Milady jusque dans sa chambre.
  • Ketty, la servante de Milady, par amour pour D’Artagnan, l’aide à la tromper.
  • D’Artagnan découvre que Milady est marquée d’une fleur de lys, elle tente de le tuer.
  • D’Artagnan se confie à Athos, lequel révèle alors que Milady était sa femme.
  • Au siège de La Rochelle, les Mousquetaires espionnent le Cardinal durant une entrevue secrète avec Milady.
  • Le Cardinal envoie Milady en Angleterre tuer Buckingham pour faire cesser le siège.
  • Athos s’empare du blanc-seing de Milady, écrit par le Cardinal.
La fin de Milady.
  • Les 4 compères pique-niquent et complotent au bastion ennemi de Saint-Gervais pendant le siège.
  • Aramis fait jouer ses relations et envoie une lettre pour retrouver Constance.
  • Prévenu par D’Artagnan, Lord de Winter emprisonne Milady en Angleterre.
  • À force de persuasion et de comédie, Milady convainc Felton, son geôlier, de l’aider à s’évader et d’aller tuer Buckingham pour elle.
  • Milady rentre en France et empoissonne Constance pour se venger de D’Artagnan.
  • Jugée coupable par Athos, Porthos, Aramis, D’Artagnan et Lord De Winter, elle est décapitée par le bourreau de Lille.
  • Face à la colère du Cardinal, D’Artagnan sort le blanc-seing dérobé à Milady.
  • D’Artagnan obtient son grade de Lieutenant aux Mousquetaires et chacun suit sa nouvelle route.

Les adaptations au cinéma, en série ou en téléfilm.

Il est à noter que les adaptations des Trois Mousquetaires étant légion Harkady la Troubadour ne les a pas encore toutes vues. Aussi, ici, nous ne présenterons que celles déjà visionnées. Mais cette section pourra être régulièrement mise à jour si nous venons à voir d’autres adaptations plus tard. Par ailleurs, celles-ci seront classées de la meilleure à la pire, selon les critères cités juste au-dessus. Attention, nous ne jugerons pas seulement la qualité générale du film mais essentiellement la fidélité à l’œuvre originale.

Les Trois Mousquetaires, série muette de Henri Diamant-Berger (1921)

Note : Avant de commencer vis-à-vis de cette série je tiens à préciser que j’ai vu la version de 1995, toujours muette et en noir et blanc mais restaurée par le petit-fils et l’arrière-petit-fils du cinéaste, Jérôme et Guillaume Diamant-Berger. Il s’agit donc d’une d’une version redécoupée (en 14 épisode de 27 minutes) et sonorisée. J’entend par là qu’en plus des musiques – réorchestrées – qui accompagnent tout du long, les réalisateurs ont choisi de bruiter les actions (des chevaux et chats aux épées et coups de pistolets, en passant par les bruits de foule ou les portes qui claquent…). De plus les intertitres originaux ont été remplacés par un commentaire, lu par un narrateur. Seuls les dialogues restent donc muets mais bénéficient désormais d’un sous-titre.

Quelques libertés scénaristiques :

Il n’y a pas de grandes modifications ici étant donné que les intrigues essentielles s’y retrouvent. En même temps, 7 heures de film ça aide grandement ! Néanmoins on peut regretter le second sauvetage de Constance par Planchet, et non D’Artagnan. Ou le fait que ce soit Lord de Winter lui-même qui confie Milady à D’Artagnan. De ce fait ce dernier n’aura pas à se faire passer pour De Wardes afin de l’approcher. Enfin, la lettre écrite par Aramis, pendant leur « pique-nique » au bastion de Saint-Gervais, sera portée par D’Artagnan à la Comtesse de Chevreuse afin qu’elle avertisse la Reine du danger qui plane sur la tête de Buckingham. Ainsi, D’Artagnan se rendra une seconde fois en Angleterre pour sauver le Duc. Bref, en soit, rien de condamnable ni de trop dérangeant.

Ce qu’on a aimé :

L’art du détail. Parce que cette série nous gâte en mettant en scène une foule de détails et autres petites péripéties annexes du roman qu’on ne reverra pas ailleurs. Par ailleurs la mise en scène est impeccable, avec d’excellents combats, ainsi que des tenues parfaitement d’époque et des décors naturels grandioses. D’autant que le casting sert très bien la série et les acteurs s’incarnent à la perfection dans leurs personnages : Aimé Simon-Girard (D’Artagnan), Henri Rolland (Athos), Pierre du Guingand (Aramis), Pierre martinelli (Porthos), Pierrette Madd (Constance), Claude Merelle (Milady) et Henri Baudin (Rochefort) sont excellents. En outre absolument tous les personnages du roman se retrouvent fidèlement dans la série. De même les commentaires – et surtout les dialogues – s’avèrent essentiellement issus du roman.

Je dois également dire que les musiques sont absolument de circonstance. Je pense notamment à la scène de la mort de Constance, sublimée par celle-ci. Enfin, en plus de retrouver ici le cri de ralliement des Mousquetaires dans le bon sens, j’ai beaucoup apprécié le clin d’œil final lorsque le narrateur indique que « comme nous le savons tous, les amis se retrouveront quand même vingt ans après. »

Ce qu’on a détesté :

Si la fidélité aux deux premières parties du roman n’est pas à contester, celle sur les deux suivantes peut, dans un ou deux, cas s’avérer sujette à caution. Notamment lorsque Planchet sauve Constance ou que D’Artagnan retourne en Angleterre pour sauver Buckingham. Autre point un peu négatif : l’apparition de Giovanni, l’homme de main de Milady. Il s’avère inexistant dans le roman et sa présence dans la série n’apporte pas grand chose de plus…

Commentaire général :

Cette série – offrant une adaptation d’une très grande qualité – fut une très agréable découverte et un véritable coup de cœur. La grande fidélité dans les intrigues rend le visionnage agréable et malgré quelques petites libertés prises on retrouve une excellente ambiance de cape et d’épée et l’esprit général d’aventure, de passion et de camaraderie du roman. De plus le jeu d’acteur est parfait puisque ces derniers – série muette oblige – parviennent très aisément à faire passer par un regard ou un geste leurs sentiments et émotions. Enfin, toutes adaptations confondues, c’est celle qui intègre ici et là le plus de petits détails issus du roman, ce qui est grandement appréciable.

Malgré son ancienneté, il s’agit donc sans nul doute de l’adaptation la plus fidèle qui soit. Elle n’aura ainsi absolument aucun mal à convaincre les fans comme les puristes purs et durs, même si, à un ou deux moments, elle fera tiquer ces derniers sur quelques modifications pas forcément utiles… À conseiller donc fortement, aussi bien aux fans de Dumas qu’à tous ceux qui veulent s’essayer au cinéma muet.

À noter que le réalisateur a aussi adapté la suite du roman : Vingt ans après, dans un film en 10 épisodes muet éponyme sorti en 1922. Je n’ai malheureusement pas réussi à le trouver et ne l’ai donc pas vu. Ce que je regrette grandement.

Fidélité : 93%.

Porthos, Aramis, Athos et D’Artagnan dans la série de 1921.

D’Artagnan – 1ère époque : Les Ferrets, 2nde époque : Milady, 3ème époque : Le vengeur et 4ème époque : le Masque de fer, mini-série de Claude Barma (1969)

Quelques libertés scénaristiques :

Le premier épisode s’attache à l’affaire des ferrets. Le second au siège de la Rochelle. Les deux derniers se concentrent sur les suites : Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne. Néanmoins, dans les deux premières époques quelques événements sont inversés. Par exemple l’emprisonnement d’Athos a lieu après le retour d’Angleterre. De même Milady tentera encore de voler les ferrets à D’Artagnan dans le bateau qui le ramène en France. D’Artagnan n’aura pas non plus besoin de se faire passer pour De Wardes pour piéger Milady. C’est également par pur hasard que les Mousquetaires se trouvent en même temps que le Cardinal à l’auberge du Colombier-Rouge. Quant au blanc-seing volé de Milady, c’est le bourreau qui l’utilisera pour justifier son office, et non D’Artagnan. Enfin, dans cette version, Monsieur Bonacieux est épicier, non mercier. Néanmoins, il n’y a là, rien de vraiment problématique ou d’impardonnable.

Ce qu’on a aimé :

Une très bonne fidélité au roman pour les deux premières époques avec la présence de toutes les grandes intrigues et personnages. Au début, le narrateur lit même des passages du roman afin de présenter les personnages. C’est également la seule version où Aramis fait jouer ses relations pour retrouver Constance. L’une des rares également où l’on verra la scène du pique-nique dans le bastion ennemi de Saint-Gervais. En outre, ici aussi on notera la présence de la devise des Mousquetaires dans le bon sens : « Tous pour un, un pour tous ! »

De plus, les deux dernières époques – bien que fortement raccourcies par rapport aux romans dont elles sont issues – restent admirablement bien réalisées. Leur présence est donc un vrai bonus pour les fans de cette grande saga des Mousquetaires.

Ce qu’on a détesté :

Il n’y a pas à se plaindre de grand-chose dans cette version, deux épisodes d’une heure trente chacun aidant grandement à la fidélité. Néanmoins, on peut regretter quelques sous-événements parfois inversés ou oblitérés. Ou certaines péripéties qui n’arrivent pas tout à fait de la même manière que dans le roman. Ainsi que quelques légères modifications sur le caractère des personnages.

Commentaire général :

Personnellement, j’ai aussi eu un véritable coup de cœur pour cette mini-série – qui aura d’ailleurs réussi à me tirer quelques larmes… En effet, elle est entraînante, palpitante, drôle et émouvante… Et fait partie des plus fidèles versions existantes. On y retrouve le style de cape et d’épée du roman et de ses suites. Ainsi que l’esprit d’amitié, d’amour et d’aventure qui s’y rattache. De plus, elle nous offre un bon casting : Dominique Paturel en D’Artagnan, François Chaumette en Athos, Rolf Arndt en Porthos ou Adriano Amidei Migliano en Aramis pour ne citer qu’eux. Ainsi, cette mini-série devrait – malgré quelques modifications ici et là apportées à l’intrigue – convaincre sans trop de mal les fans des œuvres de Dumas. Elle gagne en outre à être vue, tant par son excellent jeu d’acteur que sa fidélité au roman.

Par ailleurs, Claude Barma est coutumier de ce style d’exercice puisqu’en 1963, il a également adapté en mini-série le Chevalier de Maison-Rouge, autre roman de Dumas. Dans celle-ci, que j’ai vue et que je recommande également, jouent aussi Dominique Paturel et François Chaumette.

Fidélité : 92%.

Aramis, D’Artagnan, Porthos et Athos dans la mini-série de 1969.

Les Trois Mousquetaires – 1er tome : Les ferrets de la Reine, et 2nd tome : La vengeance de Milady, films de Bernard Borderie (1961)

Quelques libertés scénaristiques :

Dans l’ensemble, une adaptation très correcte, avec quelques modifications plutôt mineures. Notamment Milady qui invite elle-même D’Artagnan chez elle et dans son lit. Ou Constance entre les mains de Rochefort et que D’Artagnan délivrera lui-même avant de la faire confier au couvent des Carmélites par la Reine. Ou encore le siège de la Rochelle, qui n’arrivera qu’à la toute fin. Ce qui modifie un peu la chronologie de l’histoire. Mais on retrouve les sous-intrigues apportées de manière différente. Ainsi, Milady n’est pas prisonnière de Felton mais simplement sa maîtresse. Elle n’aura qu’un mot à dire pour le pousser à assassiner Buckingham. De plus, ici, la fleur de lys de Milady signifie qu’elle était prostituée et non pas une criminelle. Et enfin Lord de Winter n’existe pas ici et Constance ne mourra pas empoissonnée mais poignardée, là où Milady sera froidement assassinée par Athos.

Ce qu’on a aimé :

Une fois encore une bonne ambiance de cape et d’épée, avec des combats bien chorégraphiés, des tenues et des armes d’époque, le tout dans des décors naturels et superbes. L’esprit du roman – aventure, passion, amitié – est également parfaitement rendu ici, grâce à un excellent jeu d’acteur et une très belle mise en scène. Par ailleurs, on retrouve dans les grandes lignes les péripéties du roman, parfois un peu simplifiées ou dans le désordre mais sans que cela ne gâche de trop l’intrigue de base. Enfin, dans ces films on trouve aussi – à certain moment – le cri de ralliement des Mousquetaires dans le bon sens.

Personnellement, je trouve qu’il s’agit ici de la meilleure distribution, toutes adaptations confondues. Gérard Barray (D’Artagnan), Jacques Toja (Aramis), Mylène Demongeot (Milady), Perrette Pradier (Constance) ou encore Bernard Woringer (Porthos), Daniel Sorano (Le Cardinal) et surtout Guy Delorme (Rochefort) et Georges Descrières (Athos) sont absolument parfaits ! Pour moi, de par son physique et sa prestance, chaque acteur représente réellement le personnage tel que je l’avais physiquement imaginé à la lecture du roman. Ceci dit, le casting de la série de Diamant-Berger était vraiment pas mal non plus de ce point de vue.

Ce qu’on a détesté :

Ça commençait bien, pourtant le second tome s’avère un peu moins fidèle au roman que le premier avec un siège de La Rochelle quasi-inexistant. De plus, l’assassinat froid et sans aucune hésitation de Milady par Athos – et sans jugement par les autres Mousquetaires – correspond très peu à l’esprit du personnage… Dommage.

Commentaire général :

Il s’agit d’une adaptation une fois encore de qualité et qui mérite vraiment d’être vue. Le fait d’avoir présentés deux films d’une heure trente chacun permet d’avoir plus de temps pour mettre en scène les intrigues du roman. On note, ici aussi, un très bon style de cape et d’épée, avec des combats entraînants et romanesques ainsi qu’une excellente distribution où chacun s’incarne à la perfection dans son personnage – qui sont tous représentés à l’exception de Lord de Winter – et où le jeu d’acteur est, une fois encore, excellent. De ce fait, ce film en deux tomes s’est lui aussi ajouté à ma liste des coup de cœur ! Les puristes regretteront néanmoins l’absence du siège de la Rochelle ou de quelques autres sous-événements. Ainsi que les morts modifiées de Constance et surtout de Milady.

Fidélité : 84%.

Aramis, Planchet (en gris), Porthos, D’Artagnan et Athos dans le film de 1961.

Les Trois Mousquetaires, film de George Sidney (1948)

Quelques libertés scénaristiques :

Dans ce film aussi, on a modifié quelques sous-intrigues. Ainsi, Bonacieux se contente de partir en voyage et n’espionnera pas sa femme pour le compte du Cardinal. D’Artagnan ne passera pas par la Compagnie des Essarts. Milady, prisonnière en Angleterre, c’est Constance et non Felton qui lui sert de geôlier. C’est donc Milady elle-même qui assassinera Buckingham après avoir manipulé Constance pour être libérée. De ce fait, Constance mourra en Angleterre, dans les bras de D’Artagnan venu avec Athos secourir – en vain – Buckingham. De même la Comtesse de Chevreuse, les valets des Mousquetaires et Lord de Winter n’existent pas dans cette version.

Ce qu’on a aimé :

On retrouve en grande partie les scènes importantes du roman. Le caractère des personnages est également assez bien conservé grâce à une belle distribution. Gene Kelly fait un enjoué et rebondissant D’Artagnan – quoique parfois un peu trop ! Van Heflin est époustouflant en Athos – surtout lors de sa diatribe enflammée et avinée contre les femmes et lors de sa confrontation finale avec Milady ! Robert Coote incarne parfaitement un Aramis un peu précieux et poseur – quoi qu’aussi un peu effacé au profit de ses camarades. Lana Turner, fait une excellente Milady – vénéneuse et manipulatrice à souhait. Enfin Vincent Price s’incarne à merveille en Cardinal de Richelieu – tout en nuances et en retenue mais laissant deviner tout le mal dont il est capable pour parvenir à ses fins.

Ce qu’on a détesté :

Des éclats de rires de la part des personnages parfois un peu longs, un peu forcés et un peu lourds ! Et malgré un excellent casting, on peut déplorer que le personnage de D’Artagnan soit parfois au bord de la parodie – dans la scène de la première rencontre avec Constance notamment. En outre, il est assez regrettable d’avoir envoyé Constance en Angleterre pour en faire la geôlière de Milady. Cela change complètement le contexte pour sa mort et impose de ce fait un second voyage en Angleterre pour D’Artagnan – et Athos – alors à la recherche de la belle. Ce qui ne correspond plus du tout aux péripéties du roman. Dommage.

Commentaire général :

Une adaptation plutôt fidèle et réussie malgré quelques points un peu regrettables, notamment sur quelques attitudes des personnages et sur la fin de Constance. Il est également regrettable que Porthos et Aramis perdent de l’ampleur au profit d’Athos et D’Artagnan, sans conteste les personnages principaux de cette réalisation. Néanmoins, l’ambiance générale reste fidèle au roman. Tout comme les scènes de combats, qui sont réalistes, et dans le style cape et d’épée du roman. Ainsi, malgré quelques écarts, le film n’aura pas de mal à convaincre les fans de l’œuvre de Dumas à qui je conseille fortement de tenter l’aventure en le visionnant.

Fidélité : 82%.

Athos, D’Artagnan, Porthos et Aramis dans le film de 1948.

Les Trois Mousquetaires (1973), On l’appelait Milady (1975) et Le retour des Mousquetaires (1989), films de Richard Lester.

Quelques libertés scénaristiques :

La première partie du roman est assez fidèle même si certains points sont mis de côté comme l’emprisonnement d’Athos ou modifiés comme le fait que D’Artagnan soit en compagnie d’Athos, Porthos et Aramis la première fois qu’il rencontre Buckingham. Les deux dernières parties, présentées dans le second film, sont par contre beaucoup moins fidèles. Ainsi dans cette version Rochefort et Milady sont amants et complotent ensemble pour enlever Constance qui sera délivrée par D’Artagnan et ses amis. De même c’est Miady elle même qui ouvrira son lit à D’Artagnan sans que celui-ci n’use de subterfuge. À la Rochelle, les Mousquetaires sont chargés de secourir Rochefort, prit comme espion. Buckingham teste et découvre un prototype de sous-marin qui lui servira à enter dans la ville. Bref, il y a là quelques points qui n’ont donc rien à voir avec le roman même si les grandes lignes sont conservées.

Ce qu’on a aimé :

Une relative bonne fidélité sur les grandes intrigues et les événements du roman, surtout en ce qui concerne le premier film. Le second sera déjà moins fidèle et le troisième traite de la suite du roman : Vingt ans après. Dans l’ensemble l’ambiance et l’esprit cape et d’épée du roman sont conservés, comme une bonne partie du caractère des personnages ainsi que leur histoire. On retrouve ici certaines scènes assez rares dans les autres adaptations comme le baume que D’Artagnan propose à Athos avant leur duel ou le bastion de Saint-Gervais ou enfin D’Artagnan qui cherche à qui de ses amis remettre le brevet de lieutenant. Certains dialogues sont également mot à mot ceux du roman, c’est agréable et plaisant.

Ce qu’on a détesté :

Le caractère des personnages est par moment bien loin de celui des romans, à commencer par Athos relativement imbu de lui-même dans certaines scènes ou Porthos, qui est le plus petit des quatre compères. Les intrigues sont également parfois bien simplifiées. De manière général, le second film, qui relate la fin du roman est moins fidèle et moins intéressant. D’autant que le jeu d’acteur est plutôt moyen sur certaines scènes qui tournent presque à la parodie (l’enlèvement de Constance dans un sac de légume, le sauvetage de Rochefort, D’Artagnan se sauvant nu de chez Milady, le combat à Béthune…) Et je ne parle pas de Milady qui au lieu d’empoisonner Constance étranglera cette dernière avec un chapelet de prière… pas vraiment son arme de prédilection, ni son genre ! Ni de Rochefort qui trouvera la mort des mains de D’Artagnan, là où dans le roman ils feront la paix.

Commentaire général :

Surprenamment ces films obtiennent une note d’adaptation plus haute que ce que le début du premier aurait pu laisser croire. Dans l’ensemble malgré un jeu d’acteur parfois ridicule (surtout pendant les combats), des scènes étranges (des indiens dans le palais de Buckingham ?) et surtout un doublage pas toujours réussi (la voix de Planchet est insupportable !), on retrouve tout de même l’ambiance héroïque du roman et les grandes lignes de ce dernier. Le casting sauve également en partie le film. Notamment Charlton Heston qui fait un formidable Richelieu. Christropher Lee excellent en Rochefort. Ou encore Oliver Reed particulièrement bon en Athos et Faye Dunaway en Milady. Le jeune Michel York fait en outre un assez bon D’Artagnan. Bref, ce film devrait réussir à convaincre les fans de Dumas, même s’ils risquent de s’arracher quelques cheveux sur certains points honteusement saccagés.

Fidélité : 77 %.

Les trois mousquetaires
Aramis, Athos, Porthos et D’Artagnan dans le film de 1973.

Les Trois Mousquetaires, téléfilm de Claude Barma (1959)

Quelques libertés scénaristiques :

Il s’agit de l’adaptation de la pièce de théâtre et non du roman. Il y a donc des modifications dans l’ordre des intrigues. Par exemple, Milady ne part que tardivement en Angleterre. Par ailleurs, son beau-frère, Lord de Winter se trouve lui aussi présent en France. De ce fait il participe même au combat entre les Mousquetaires et la Garde Rouge – dans le camp du Cardinal. D’Artagnan rencontrera donc bien plus vite Milady que dans le roman. De même, le fait qu’il se fasse passer pour De Wardes et découvre la flétrissure de Milady est simplement évoqué dans une discussion et non montré. Enfin, ici il ne sera pas question du siège de la Rochelle, lequel sera oblitéré pour arriver directement à l’assassinat de Buckingham et de Constance.

Ce qu’on a aimé :

On retrouve certaines mises en scène identiques à celles du film de 1969, réalisé aussi par Claude Barma : le récit d’Athos sur sa femme, la discussion entre Milady et le Cardinal au Colombier Rouge, l’assassinat de Constance, l’utilisation du blanc-seing par le bourreau… Par ailleurs, le casting s’avère une fois encore intéressant : Jean-Paul Belmondo en D’Artagnan, Gaby Sylvia en Milady, Pierre Asso en Richelieu, Bernard Dhéran en Buckingham ou encore Michel Galabru en Bonacieux et Georges Descrières – qui incarnera Athos dans le film de 1961 – en Lord de Winter.

Ce qu’on a détesté :

Beaucoup – trop – de modifications au niveau de l’ordre des intrigues. Car bien qu’elles soient presque toutes présentes elles n’arrivent pas dans l’ordre du roman, loin de là. Néanmoins, je ne sais pas s’il s’agit de modifications que Dumas a apporté lui-même dans sa pièce de théâtre, ou si c’est là des modifications faites par le réalisateur. Il n’en reste pas moins que sur la fin, tout cela donne une impression de « mise en vrac des événements » tant tout se confond : le voyage de D’Artagnan pour l’Angleterre, la rencontre au Colombier Rouge entre Milady et le Cardinal, la demande d’assassinat de Buckingham, la récupération du blanc-seing par Athos, la remise des ferrets à D’Artagnan suivie aussitôt de la mort du Duc, le retour au bal… On regrette aussi l’absence de scènes en extérieur, ce qui étouffe un peu l’atmosphère générale du téléfilm.

Commentaire général :

Cette adaptation fortement réorganisée et réécrite donne une impression de brouillon au téléfilm, notamment sur la fin où l’affaire des ferrets et l’assassinat du Buckingham arrivent en même temps, comme s’il avait fallu raccourcir l’intrigue afin de pourvoir parler de tout dans le temps imparti. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ce téléfilm est conçu d’après la pièce de théâtre écrite par Dumas et non le roman… Pièce de théâtre que je n’ai pas lue et dont je peux donc difficilement juger de la fidélité. Il n’en reste pas moins que cette version – au demeurant plaisante à voir – souffre fortement de cette modification de temporalité. Un fait que les puristes regretteront très certainement.

Fidélité : 69%.

D’Artagnan, Athos, Aramis et Porthos dans le téléfilm de 1959.

Les Trois Mousquetaires, BD des éditions Héritage, les Classiques Illustrés (1976)

Quelques libertés scénaristiques :

Il s’agit ici d’une adaptation en BD, éditée en 1976 par les Editions québécoises « Héritage » qui transcrivent en BD quelques grand classiques de la littérature. Dans cette version on commence directement avec la rencontre entre Tréville et D’Artagnan. Il n’y a donc pas de première rencontre en Milady et D’Artagnan à Meung. Certaines péripéties sont également simplement évoquées et non montrées. Comme le fait que D’Artagnan sauve Constance des hommes du Cardinal présents chez elle. Ou que la reine offre ses ferrets à Buckingham. D’Artagnan ne tombera pas non plus amoureux de Milady en l’espionnant. Il apprendra simplement la vérité sur ses plans en écoutant aux portes. Enfin, côté personnages, ici Rochefort n’existe pas. Pas plus que la comtesse de Chevreuse ou les valets des Mousquetaires. Lord de Winter, tout comme le Roi, sont eux, simplement évoqués.

Ce qu’on a aimé :

Une assez bonne fidélité au roman, même si certaines intrigues et péripéties sont simplement évoquées ou raccourcies. On retrouve cette fois aussi le Bastion de Saint-Gervais, qui se fait plutôt rare dans les diverses adaptations. Tout comme le bourreau de Lille, lui aussi présent ici. Malgré un développement moindre que dans le roman, le caractère des personnages semble tout de même correspondre. De plus, l’ambiance est une fois de plus bien rendue et l’esprit du roman parfaitement respecté. Les dialogues et commentaires apportent en outre des précisions utiles qui reprennent en général les mots du roman lui-même.

Ce qu’on a détesté :

Certains personnages bien qu’il soient évoqués n’apparaissent pas : le Roi ou Lord de Winter. D’autres sont relégués en arrière-plan, comme Tréville ou le Cardinal qui apparaissent eux aussi très peu. Sans parler de ceux qui ont simplement disparus : la Comtesse, les valets, Rochefort. En outre, on peut regretter la « forte » carrure d’Aramis qui correspondrait plus à Porthos. D’ailleurs, le physique de Porthos aurait plus correspondu à Aramis également… Pour le côté intrigue, les grandes lignes sont là, même si elles sont simplifiés, donc il n’y a rien à y reprocher.

Commentaire général :

Bien que quelque peu simplifiées, on retrouve une grande partie des péripéties des quatre amis ce qui rend la lecture agréable et offre une assez bonne fidélité au roman. L’ambiance est assez bien rendue également à travers les dessins (en noir et blanc) et les dialogues. On retrouve donc ici avec plaisir l’esprit d’aventure et d’amitié du roman. Malgré les quelques raccourcis prit ou l’absence de certains personnages, cette adaptation offre donc un travail de qualité qui satisfera pleinement les fans de Dumas et remplira le rôle qu’elle s’est fixée : initier leurs lecteurs ne la connaissant pas à cette œuvre.

Fidélité : 63%.

Aramis (de dos), Athos, D’Artagnan et Porthos dans la BD Les Trois Mousquetaires.

Les Trois Mousquetaires, film muet de Fred Niblo (1921)

Quelques libertés scénaristiques :

Ici l’histoire commence avant même le roman. Il faut alors presque une demie-heure avant de voir arriver les premiers événements du livre à savoir la rencontre entre D’Artagnan et Rochefort. On y verra donc d’abord la remise des ferret à la Reine par le Roi ou la rédaction, par le Cardinal, de la lettre qui fera venir le Duc de Buckingham.

De la même manière par la suite, il y aura quelques libertés prises avec l’œuvre originale. Ainsi au début, Milady fait partie des femmes de chambre de la Reine et espionne pour le Cardinal. Rochefort ne dérobera pas la lettre de recommandation de M.D’Artagnan père. Constance est la nièce de Bonacieux, non sa femme. D’Artagnan n’entrera pas dans la Compagnie de Monsieur des Essart et il abandonnera ses amis sur la route dans des conditions bien différentes que dans le roman. De plus, c’est D’Artagnan qui se chargera de reprendre lui même à Milady les ferrets volés. Enfin, et comme souvent, le film ne traite que des deux premières parties du roman et s’arrête donc au bal.

Ce qu’on a aimé :

Les musiques – classiques – s’accordent assez bien avec les événements. Entre les scènes pour situer les lieux ou rapporter les dialogues il y a des intertitres dans lesquels on retrouve parfois des extraits du roman. Pour le reste la mise en scène est plaisante bien que les combats et le jeu d’acteur soient parfois un peu caricaturaux. On retrouve tout de même le caractère des personnages – pour autant qu’on puisse en juger à travers un film sans dialogues – et une bonne partie des intrigues même si elles sont parfois modifiées ou interverties.

Ce qu’on a détesté :

Le choix de monter certaines scènes au lieu d’autres et perturbant. Ainsi il n’y aura pas de fabrication des nouveaux ferrets mais à la place nous avons droit à toute une scène d’un repas offert par Aramis à ses amis chez un prêtre. Scène qui ne fait qu’une ligne dans le roman… De même certains personnages sont inexistants, comme Lord de Winter ou presque transparents, comme les valets, là où de nouveaux personnages apparaissent comme le père Joseph, éminence grise du Cardinal et où d’autres prennent de l’importance comme Bernarjoux.

Commentaire général :

Cette adaptation muette est à la fois plaisante et perturbante. On retrouve ainsi dans cette version certaines scènes intéressantes et on est surpris d’en trouver d’autres qui semblent pourtant bien secondaires. Les choix scénaristiques peuvent donc parfois être discutables. Il est dommage aussi d’avoir autant prolongé certaines scènes au détriment d’autres. Ainsi en deux heures, le film aurait pu traiter de toutes les parties du roman et ne pas se cantonner aux deux premières. D’autant que par moment il a de réelles longueurs. Et sans dialogues ni bruitages, avec un jeu d’acteur parfois caricatural, il est difficile de rester concentré deux heures. Néanmoins ce film vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour découvrir le cinéma muet des années 20…

Fidélité : 50 %.

mousquetaires
D’Artagnan, Athos, Aramis et Porthos dans le film de 1921.

Les 3 Mousquetaires, film d’André Hunebelle (1953)

Quelques libertés scénaristiques :

Une fois de plus le film ici ne traite que de l’affaire des ferrets. Néanmoins on y retrouve quelques sous-intrigues des autres parties, apportées cependant bien différemment. Ainsi, les Mousquetaires, D’Artagnan et Planchet se retrouvent tous emprisonnés à la bastille après avoir tenter de secourir Constance. C’est le Cardinal qui les en fera alors sortir en les obligeant à l’escorter jusqu’au Chateau de Fleury pour une mission secrète. Là-bas les Mousquetaires, espionnant le Cardinal, apprendront donc le départ de Milady. Non pas pour tuer Buckingham mais pour lui voler les ferrets. C’est à ce moment que D’Artagnan se fera passer pour De Wardes. Ce qui arrive bien plus tard dans le roman. Néanmoins il parviendra ici aussi à s’emparer du blanc-seing de Milady qu’il utilisera pour se sortir d’un mauvais pas. Bref, il y a quelques chamboulements d’importance dans l’intrigue pour cette adaptation.

Ce qu’on a aimé :

Des dialogues parfois identiques au livre et des situations très secondaires reprises et mises en avant. En outre à quelques exceptions près les caractères et les destins des personnages sont proches de l’original. Du moins en ce qui concerne la partie du roman mise en scène parce que bien sûr, il ne sera pas question ici des morts de Constance, Buckingham ou Milady qui arrivent bien plus tard dans le roman. À l’inverse de celle de Rochefort, pourtant inexistante dans le livre.

Ce qu’on a détesté :

Bourvil, le benêt héroïque ! Alors bien sûr son rôle de Planchet s’y prête assez bien. Mais pour le coup, il monopolise de devant de la scène, reléguant au second plan les personnages normalement principaux. Il en finit presque par être le héros de l’histoire, au détriment des Mousquetaires. En outre nombreuses intrigues sont modifiés. De gros raccourcis par rapport au livre sont également pris, comme le fait que D’Artagnan devienne Mousquetaire aussitôt après son duel face à ses trois amis. De plus une fois encore Constance ne sera pas la femme de Bonacieux mais sa nièce. Quant à la relation passée entre Athos et Milady, pas un mot. Pas plus qu’à propos de l’éventuelle fleur de lys de cette dernière. Enfin, et comme souvent, pas de traces des autres valets, ni de la Comtesse de Chevreuse ou de Lord de Winter. Des oublis fâcheux.

Commentaire général :

Bien qu’assez proche de la première partie de l’œuvre originale, on peut reprocher au film d’avoir avant tout voulu axer sur le côté humour. Alors, certes, l’humour est aussi présent dans le roman, mais pas au détriment de l’intrigue principale ou de ses personnages. Du coup, le côté cape et d’épée s’efface pour laisser place à une comédie. De ce fait certaines intrigues en pâtissent, tout comme le destin de certains personnages presque effacés par d’autres. Le film se laisse néanmoins apprécier pour qui aime ce genre mais ne convaincra pas plus que ça les fans des Trois Mousquetaires.

Fidélité : 48 %.

Aramis, Porthos, D’Artagnan et Athos dans le film de 1953.

Anime Sanjushi – Sous le signe des Mousquetaires, série d’animation japonaise (1987)

Quelques libertés scénaristiques :

Libre adaptation du roman Les Trois Mousquetaires, cet animé japonais reprend les grandes lignes de l’œuvre de Dumas en y incluant quelques modifications plus ou moins majeures. Par exemple, D’Artagnan est plus jeune que dans le roman. Constance, elle, n’est pas la femme de Bonacieux mais sa fille – ce qui, pour une série pour enfant, soulève moins de questions qu’une femme adultère. Nous n’avons pas de siège de la Rochelle ici non plus, ni d’exécution de Milady ou de mort de Constance. Mais la modification suprême revient à Aramis. Ici, c’est une jeune femme se faisant passer pour un homme afin d’être Mousquetaire. Pour le reste, même si elles sont dans le désordre, on retrouve une bonne partie des différentes (més)aventures des quatre amis.

Ce qu’on a aimé :

On retrouve très en vrac les grandes lignes du roman comme D’Artagnan montant à Paris. L’affaire des ferrets. Milady qui se met entre eux et leurs missions. Buckingham plus ou moins amant de la Reine… Ce qui est appréciable, même si l’histoire générale est assez édulcorée – série pour enfant oblige. En outre, bien qu’originale, l’histoire d’Aramis est intéressante. Par ailleurs, on y retrouve aussi beaucoup des personnages du roman. Y compris certains moins souvent exploités comme Rochefort et Monsieur Bonacieux ou surtout Jussac. Sont également présents quelques personnages plutôt issus des suites – comme Philippe et le Masque de Fer – ou même des intrigues – comme la prise de Belle-Île-en-Mer ou le remplacent du Roi par le Masque de fer – ce qui est un joli clin d’œil. De plus le générique de début est sympa et entraînant !

Ce qu’on a détesté :

La série comptant 52 épisodes, il faut forcément broder pour obtenir assez de matière. Cela se ressent parfois dans quelques sous-intrigues plutôt lentes. Les caractères des personnages sont également très édulcorés dans cette série. Athos, bien que discret n’est pas aussi amer et renfermé que dans le roman. Porthos est plus niais. Rochefort est très maladroit dès qu’il s’agit de capturer les Mousquetaires. Quant à Milady, elle utilise des animaux pour espionner et hypnotiser les gens à tour de bras – ce qui devient un peu lourd au bout d’un moment. Bref, l’ambiance générale est moins sombre, plus enfantine et sujette à des gags.

Commentaire général :

Une série jeunesse qui, malgré son âge, reste intéressante à voir pour s’initier aux Mousquetaires et à l’univers de cape et d’épée. Les libertés prises avec l’œuvre originale se justifient assez bien et s’intègrent assez bien au scénario. De manière générale cette série se laisse donc regarder voir même apprécier malgré quelques longueurs et enfantillages. Personnellement, j’ai vraiment aimé l’histoire d’Aramis, particulièrement originale, mais bien menée et s’intégrant parfaitement à l’ambiance globale de la série. Néanmoins les puristes seront plutôt déçus par les grandes modifications apportées, là où les moins exigeants seront heureux de se laisser entraîner par l’ambiance cape et d’épée et les nombreuses péripéties et personnages. Même s’ils sont plus ou moins fidèles…

Fidélité : 44%.

De haut en bas : Aramis, Porthos, Athos et D’Artagnan dans la série animé de 1987.

The Musketeers, série TV britannique (2014).

Quelques libertés scénaristiques :

Ici, Anne est désormais l’amante d’Aramis, non de Buckingham. Constance devient veuve et apprend ainsi à manier les armes sous la houlette de D’Artagnan. Porthos est un métis né et ayant grandi à la Cour des Miracles. Rochefort, qui est un ancien agent espagnol, n’apparaît qu’à partir de la saison 2 lorsque le Cardinal meurt. Milady n’est pas marquée d’une fleur de lys. Elle se contente d’arborer une cicatrice au cou pour preuve de la tentative de pendaison qu’elle a subie. Le Roi est un tyran et la Duchesse de Chevreuse n’existe pas. De même, l’intrigue des ferrets et le siège de la Rochelle sont inexistants ainsi qu’une partie des péripéties qui s’y rattachent…

Ce qu’on a aimé :

Les nouvelles intrigues sont intéressantes et s’intègrent bien dans l’univers de cape et d’épée. Apparaissent également de nouveaux personnages historiques, comme Gaston d’Orléans ou Marie de Médicis. Ce qui permet d’inclure des détails plus ou moins historiques. On retrouve également le caractère et l’histoire de quelques personnages – Athos, Tréville, D’Artagnan – assez proches de ceux du roman. Un point particulier pour Tom Burke, excellent en Athos, austère et renfermé. Pour Ryan Gage, parfait en Roi insupportable, ingrat et prompt à s’emporter. Ainsi que pour Maimie McCoy qui fait une Milady convaincante et bien décidée à se venger. Petit plus également, la présence du cri de ralliement des Mousquetaires dans le bon sens.

Ce qu’on a détesté :

Même si elle est appréciable dans la série, l’émancipation de Constance ne correspond pas vraiment aux mœurs de l’époque. Ni à ce qui se trouve dans le roman. Pas plus que la présence d’un Porthos métissé au sein des Mousquetaires. Les grandes intrigues du roman ont également disparues au profit d’un scénario complètement réécrit ce qui fait que l’atmosphère générale d’origine s’efface quelques fois derrière des sous-intrigues de cœur qui s’éternisent parfois un peu trop.

Commentaire général :

Personnellement, cette série fait aussi partie de ma « liste des coup de cœur ». Ses 30 épisodes sont palpitants et intéressants. Avec un scénario somme toute crédible même s’il s’éloigne énormément du roman. L’ambiance de cape et d’épée est également bien respectée et rendue. La série est, en outre, servie par un très bon casting où la complicité des acteurs est clairement visible et apporte un plus dans l’interprétation de leurs personnages. Je dois également avouer que même après plusieurs visionnages, la fin du tout dernier épisode – qui est absolument magnifique et complètement dans l’esprit de l’œuvre de Dumas – parvient toujours à me tirer des larmes !

Néanmoins, il me faut aussi admettre qu’il ne reste des intrigues du roman que quelques (més)aventures ainsi que des bribes du passé des personnages. Mais dans l’ensemble la série est divertissante, amusante et appréciable bien qu’elle risque de très vite faire fuir les puristes espérant une bonne fidélité à l’œuvre originale.

Fidélité : 43%.

Aramis, D’Artagnan, Porthos et Athos dans la série de 2014.

D’Artagnan et les 3 Mousquetaires, téléfilm en 2 parties (2005)

Quelques libertés scénaristiques :

Ici, la partie sur les ferrets est assez édulcorée et réécrite. D’ailleurs D’Artagnan ne passe pas par la Compagnie de Monsieur des Essart mais est directement accepté parmi les Mousquetaires. Le siège de la Rochelle est lui vaguement évoqué mais l’intrigue se concentre surtout sur une nouvelle passe d’arme entre Milady et les Mousquetaires. C’est alors la Reine qui en fait les frais. Du coté des personnages, on note l’absence de Rochefort, de la Comtesse de Chevreuse et des valets. Buckingham, lui, ne trouvera pas la mort dans cette version. Quant à Milady, elle voit par ailleurs de très grosses modifications apportées à son passé et son caractère.

Ce qu’on a aimé :

Le casting est intéressant et chacun s’incarne plutôt bien dans son rôle, en particulier Tchéky Karyo qui fait un redoutable Cardinal de Richelieu. Pour une fois, le personnage de Bonacieux est assez présent ici et fidèle au roman puisqu’il sert d’espion au Cardinal et le renseigne sur les faits et gestes de sa femme et de D’Artagnan. On retrouve également l’assassinat de Constance, empoisonnée par Milady alors qu’elle était réfugiée à Béthune.

Ce qu’on a détesté :

Dans cette version il est clairement indiqué que Milady a passé un pacte avec le Diable. Elle use ainsi de pouvoirs plus ou moins démoniaques pour mener à bien ses missions. De même, elle ressemble parfois plus à un ninja – surtout quand elle combat – qu’une intrigante usant de ses charmes. Des détails qui n’ont absolument rien à voir avec le roman, dommage. Le personnage de D’Artagnan, lui, est bien plus insolent – et insupportable ! – que son homonyme. Quant aux combats, ils sont très – trop – rocambolesques, avec un D’Artagnan et une Milady qui sautent partout, tout le temps et dans tous les sens. Il faut avouer que ça finit par manquer de classe et de panache…

Commentaire général :

Une adaptation plus ou moins – mais surtout moins – fidèle mais qui reste assez agréable à suivre. De façon étrange, dans cette version, certains points « secondaires » du roman sont mis en scène là où d’autres, pourtant principaux, sont tout simplement oblitérés. Il est tout de même dommage d’avoir tant que ça insisté sur le côté magie noire, sorcellerie et pacte avec Satan. En effet, avec la mise en avant des mystérieux pouvoirs de Milady le téléfilm perd toute son ambiance de cape et d’épée au profit d’une vulgaire chasse aux sorcières sur fond d’obscurantisme et de rites sataniques… Les fans de Dumas risquent donc fortement de ne pas apprécier une si importante – et improbable – modification.

Fidélité : 36%.

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Athos, D’Artagnan, Aramis et Porthos dans le téléfilm de 2005.

D’Artagnan l’intrépide, film d’animation franco-britannique (1974)

Quelques libertés scénaristiques :

Une fois encore, ce sont seulement les aventures tournant autour de l’affaire des ferrets qui sont mises en scène ici. Ainsi une grande partie de l’intrigue est coupée/accélérée et réorganisée. Par exemple, Buckingham est déjà reparti avec les ferrets lorsque le film commence. De même, durant la mission qui amène D’Artagnan en Angleterre, il est sous-entendu que la France est déjà en guerre avec l’Angleterre. De ce fait au retour pour apporter les ferrets il leur faudra traverser les lignes ennemies. Les personnages sont également très peu développés, mais on peut noter comme différences notables le fait que Constance soit la fille de Bonacieux et qu’il n’est dit nulle part si Athos et Milady ont un lien. Il n’est également nullement fait mention de la fleur de lys qui marque cette dernière. Par ailleurs, des valets, de la Comtesse de Chevreuse ou de Lord de Winter, aucune trace…

Ah oui, j’oubliais. Ici les animaux sont « intelligents » et communiquent. Quant au Cardinal, grâce à de la magie est capable d’effacer les souvenirs…

Ce qu’on a aimé :

Contre tout attente, on retrouve ici le bastion de Saint-Gervais. Alors même si elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et hors contexte, c’est appréciable de voir cette scène, plutôt rare dans les adaptations. De même les chansons (écrites et chantées par Michel Polnareff) sont sympas, bien que la présence de « Et hop » à cinq ou six reprises durant le film finie par devenir un peu lourde…

Ce qu’on a détesté :

Beaucoup de choses sont décevantes dans ce film d’animation. À commencer par l’éloignement de l’ambiance de cape et d’épée pour des combats qui tournent au ridicule et dont les animations sont parfois répétées à outrance dans un laps de temps très court cassant ainsi totalement le rythme du film. De même, les bruitages sont totalement hors contexte : bruits de laser sur les tirs au mousquet, bruits de crissement de pneu lorsque les chevaux s’arrêtent… Enfin, quelques expressions utilisées sont également hors contexte et ne correspondent pas à l’esprit des personnages. À commencer par le « ni vu ni connu j’t’embrouille. » d’Aramis durant un combat dont je me ne suis toujours pas remise…

Commentaire général :

Dans le fond, l’histoire est assez proche du début du roman d’Alexandre Dumas, même si certains raccourcis pris sont très regrettables. L’ambiance romanesque et galante est également complètement perdue au profit d’une sorte de film comico-parodique sans que je ne parvienne à savoir si c’est volontaire ou non. Il n’en reste pas moins que ce film d’animation – assez peu connu au demeurant – mérite tout de même d’être vu ne serait-ce qu’une fois pour l’exercice de style qu’il représente. Néanmoins, il ne laissera pas un souvenir impérissable aux fans de Dumas, qui l’oublieront sans doute très vite.

Fidélité : 30%.

Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan dans le film d’animation de 1974.

Les Trois Mousquetaires, film de Stephen Herek (1993)

Quelques libertés scénaristiques :

Elles sont assez nombreuses dans ce film. Lorsque D’Artagnan arrive à Paris, les Mousquetaires n’existent plus, comme M. Bonacieux, Tréville les valets ou la Duchesse de Chevreuse. L’intrigue autour des ferrets de la Reine disparaît, au profit d’une quête pour arrêter Milady qui part faire signer un traité à Buckingham. Le siège de la Rochelle n’a pas lieu – même s’il est évoqué – pas plus que la mission de Milady visant à tuer Buckingham et tout ce qui s’y rattache : l’enlèvement de Constance, la prise du bastion, la lettre à la Duchesse, la poursuite jusqu’à Béthune… Le Cardinal cherche surtout à tuer le Roi pour prendre le pouvoir avec la complicité de Rochefort, ancien Mousquetaire ayant trahit. Quant à Milady, elle ne correspond plus vraiment à son personnages originel. D’ailleurs, elle ne tuera pas Constance – elle ne la croisera même pas de tout le film !

Ce qu’on a aimé :

Un film servi par un casting correct : Charlie Sheen en Aramis, Kiefer Sutherland en Athos, Chris O’Donnell en D’Artagnan, Tim Curry en Cardinal et Michael Wincott en Rochefort, entre autre, qui incarnent plutôt bien leurs personnages à l’écran. Étonnamment on retrouve ici le personnage de Lord de Winter, qui poursuit Milady, responsable de la mort de son frère. Un personnage souvent aux abonnés absent dans les adaptations. On note aussi la présence de la devise des Mousquetaires dans le bon sens, une seule fois pour au moins quatre ou cinq dans le mauvais, mais bon cela démontre tout de même un léger effort de fidélité sur ce point – ou un heureux hasard !

Ce qu’on a détesté :

Des personnages parfois à la limite de la caricature – Porthos, Rochefort ou le Cardinal pour ne citer qu’eux. Une intrigue des ferrets de la Reine complètement passée à la trappe, comme Buckingham, ou le siège de la Rochelle. D’ailleurs ici, Louis et Anne sont juste deux adolescents manipulés par le Cardinal et qui peinent à s’avouer qu’ils s’aiment. Pas de grandes crises de jalousies de la part du Roi donc. Ni d’amant pour Anne. Dommage… De même, le « suicide » de Milady, qui préfère sauter d’une falaise plutôt que d’être décapitée est regrettable. Tout comme l’élan de pardon d’Athos à ce moment là. Par ailleurs, pour Constance, il n’y aura pas de mort bouleversante et émouvante. Elle restera en vie sans avoir à s’inquiéter de Milady – ou de son inexistant époux – une seule seconde.

Commentaire général :

Une adaptation fortement réécrite afin de mettre en avant les scènes de combat au détriment de l’histoire de base. Le casting correct et le rythme entraînant sauvent tout de même en partie le film. On en vient cependant très régulièrement à oublier qu’on visionne une adaptation des Trois Mousquetaires. Le film reste donc un bon divertissement pour ceux qui ne sont pas trop regardant ou exigeant. Mais il ne convaincra donc pas les puristes, loin de là.

Fidélité : 27%.

Athos, Aramis, D’Artagnan et Porthos dans le film de 1993.

D’Artagnan, film de Peter Hyams (2001)

Quelques libertés scénaristiques :

Alors là, pour le coup, côté libertés scénaristiques on est servis. Des événements importants listés en début d’article n’en reste de que deux vaguement fidèles : avant d’arriver à Paris, D’Artagnan rencontrera bien Rochefort dans une auberge. Mais sans Milady. Et il combattra ses hommes, non Rochefort lui-même. Le second événement est l’enlèvement de « Constance ». Qui ne se fait absolument pas dans les mêmes conditions que dans le roman. Et qui ne se conclura pas non plus de la même manière. Pour le reste, il n’y a rien du roman.

Ainsi dans cette version, D’Artagnan est élevé par Planchet après le meurtre de ses parents lorsqu’il était enfant. Lorsqu’il arrive à Paris, Tréville et les Mousquetaires sont emprisonnés, à l’exception d’Athos, Aramis et Porthos. Qu’il rencontrera – sans les défier en duel – mais qu’il laissera vite de côté pour une aventure en solo. De même, Constance n’existe pas. Son personnage est remplacé par Francesca, la nièce de Bonacieux, qui a néanmoins l’oreille de la Reine. Rochefort est anecdotique également, tout comme le Cardinal. Le vrai méchant dans ce film est un inconnu, : Fèbre, homme de main de Richelieu, complètement incontrôlable et dément. Enfin, Milady est purement et simplement supprimée du film. Pour le reste l’intrigue consiste juste en D’Artagnan aidant la Reine à aller prévenir Buckingham d’un piège mis en place par Fèbre… D’ailleurs Buckingham restera en vie ici…

Ce qu’on a aimé :

Même si son rôle sort de nulle part – à moins que son personnage ne remplace Milady au final – on apprécie la classe de Tim Roth dans le rôle de Fèbre. C’est à peu près le seul à avoir un bon jeu d’acteur, ce qui relève un peu le niveau du film. C’en est finalement dommage qu’on le voit si peu. Pour le reste, il n’y a pas grand chose que j’ai apprécié dans ce film, à part qu’on ressent vaguement l’ambiance cape et d’épée – quand les combats ne partent pas en vrille totale. Les costumes et décors sont également à peu près potables et crédibles, mais sans plus.

Ce qu’on a détesté :

Dès la première scène de combat, le ton est donné. Non, parce que D’Artagnan qui s’envole au dessus d’une table dans un style purement « Tigre et Dragon » avant de commencer le combat, ça indique tout de suite la qualité de ces derniers. Alors non, je n’ai rien contre les films de kung-fu, j’en regarde même régulièrement. Mais là, c’est totalement hors contexte !

De même que la scène du banquet où une Duchesse (?) Comtesse (?) Baronne (?) – on ne sait même pas son nom – drague D’Artagnan à coup de « votre épée est-elle longue ou courte ? » « l’astiquez-vous souvent ? » « le faites-vous seul ou le faites-vous faire par quelqu’un ? » « vous savez il existe de très bon professionnels pour ça. » C’est d’une classe et d’une subtilité totale ! Côté subtilité, je me dois aussi d’aborder la mission de D’Artagnan qui consiste à accompagner la Reine – attifée en paysanne – à l’autre bout de la France pour rejoindre Buckingham et le faire prévenir d’un complot contre lui. C’est tellement crédible que la Reine de France puisse quitter comme ça le palais sans que personne ne s’inquiète de sa disparition…

D’ailleurs, les personnages sont dans l’ensemble peu ressemblants à leurs homonymes du roman : Rochefort est complètement effacé. La Reine colle des baffes à tour de bras. Planchet élève D’Artagnan comme son fils. Tréville se fait victimiser par le Cardinal. Athos, Porthos et Aramis sont transformés en simple faire-valoir. Quant à Milady, la voilà portée disparue. C’est vrai que son personnage n’apporte absolument rien au roman et Dumas aurait donc pu, lui aussi, se passer d’elle…

Commentaire général :

Il n’y a plus grand-chose du roman d’Alexandre Dumas qui subsiste ici. La seule raison qui le place au dessus de prochain film c’est que l’ambiance reste plus réaliste et d’époque que le suivant – toutes proportions gradées bien sûr. Pour le reste, on ne ressent quasiment pas l’esprit cape et d’épée du roman, pas plus que le souffle d’aventure et d’amitié de ce dernier. Les personnages sont creux et vides, les combats sont longs et tournent au ridicule, les dialogues sont lourds et sans subtilités… Bref, voir un tel chef-d’œuvre de la littérature massacré en banal blockbuster familial risque de ne pas du tout plaire aux fans de Dumas. Sans même parler des puristes qui vont s’arracher les cheveux et les yeux devant ce dernier…

Fidélité : 10%.

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Athos, D’Artagnan, Aramis et Porthos dans le film de 2001.

Les Trois Mousquetaires, film de Paul W.S. Anderson (2011)

Quelques libertés scénaristiques :

En soi, le film en lui-même est, ici aussi, une immense liberté scénaristique vis-à-vis du roman. En effet, l’intrigue des ferrets vient du fait que Milady les vole à la Reine pour aller les cacher chez Buckingham – qui n’est pas l’amant de cette dernière. Quant au siège de La Rochelle, il n’existe pas. Ce qui supprime toutes les sous-intrigues attachées à ces deux-là. De la même manière, le caractère et l’histoire des personnages ne correspondent en rien à ceux de leurs homonymes du roman.

Ainsi, citons en vrac : Milady agente double – triple ? – au service de Buckingham et du Cardinal. Le Duc de Buckingham – sorte de m’as-tu-vu prétentieux et obséquieux – ouvertement présent à Paris. Des combats et des techniques d’infiltrations plus dignes de ninjas que de Mousquetaires. Un Louis XIII adolescent dont le plus gros souci est la beauté de ses tenues ainsi que de faire comprendre à la Reine qu’il est amoureux d’elle. Une Anne d’Autriche qui n’a pas d’amant et ne cherche qu’à faire comprendre au Roi qu’elle l’aime. Un Cardinal qui fomente des plans plus idiots les uns que les autres. Une Milady, qui ne fait que combattre – en robes décolletées – n’intrigue pas, manipule à peine et qui en plus n’a aucune velléité de vengeance et ne s’en prendra donc ni à Constance, ni à Buckingham.

Et pour finir en beauté : des plans de Leonard de Vinci volés en Italie par les Mousquetaires – qu’est-ce que qu’ils faisaient là bas ? – et une armada de bateaux qui volent !!!

Ce qu’on a aimé :

Sincèrement, je cherche encore…

Ce qu’on a détesté :

À peu près tout… Parce que trop c’est trop ! Dans cette version les personnages n’ont pas plus de profondeur qu’un bulot. Pas un seul ne réfléchit une demie-seconde avant d’agir. De ce fait le film enchaîne les cascades et les péripéties à tout va jusqu’à la nausée, perdant complètement l’esprit et le rythme du roman. De plus, il n’a plus rien à voir avec le style de cape et d’épée mais devient plutôt un – mauvais – mixte entre un « Assassin’s Creed » et un « Benjamin Gates » agrémenté de touches de « Mission Impossible » ici et là.

On se retrouve ainsi avec des cascades en équilibre sur le toit d’une église. Ou carrément dans les airs. Une Constance qui n’hésite pas à se jeter dans la bataille. Des infiltrations par voie maritime grâce à une combinaison de plongée effet « steampunk ». Un Rochefort qui pilote un bateau volant comme s’il avait fait ça tout sa vie. Des explosions à tout va. Un Aramis capable d’escalader n’importe quelle parois et sautant de hauteurs vertigineuses tel un Altaïr moderne. Des salles piégées à la « Indiana Jones ». Une Milady aussi casse-cou qu’Alice de « Resident Evil », et qui connait bien les Mousquetaires pour avoir fait équipe avec eux auparavant. Des Mousquetaires qui prennent d’assaut – à quatre – la Tour de Londres…

Sans parler également de l’énorme anachronisme lorsque Milady et le Cardinal se baladent dans la Galerie des Glaces du château de Versailles. Ou des tenues du Roi et de Buckingham absolument pas d’époque. Ou encore de l’utilisation de lance-flamme et de gatling par les Mousquetaires. Et la liste est encore longue…

Commentaire général :

Là où, par exemple, la série « The Musketeers », bien qu’éloignée du roman, respecte quand même une bonne partie de l’ambiance d’époque et reste réaliste, le film, lui, s’éloigne vraiment trop de l’univers romanesque de cape et d’épée pour s’enfoncer dans la surenchère de cascades, d’effets spéciaux et de gros clichés à tout va. En se permettant en plus d’ignorer les grandes lignes de l’histoire de France et le caractère des personnages de Dumas. Depuis quand Louis XIII vit à Versailles ? D’où Aramis met des contraventions aux chevaux crottant sur le pavé ? À quel moment dans le roman Buckingham rencontre le roi et l’humilie ouvertement en public ? Quand Milady se bat-elle à l’épée et enchaîne cascades sur cascades ? D’où le Cardinal s’entraîne au combat avec ses gardes ?

Bref, de l’œuvre originale de Dumas ne reste donc rien à part les noms des personnages et un vague contexte ressemblant. Aussi, les amateurs de ce genre de film – effets spéciaux en quantité, combats, explosions et cascades… – vont être servis. Mais les fans des Trois Mousquetaires risquent de ne pas du tout apprécier de voir le nom de Dumas associé à cette plaisanterie…

Fidélité : 9%.

Athos, Aramis (en bas), D’Artagnan et Porthos dans le film de 2011.

Petit point sur le respect global vis-à-vis de l’œuvre originelle.

À travers le visionnage de ces différentes adaptations, il est possible de se rendre compte que certaines péripéties sont relativement bien respectées là où d’autres passent à la trappe suivant les versions. De même certains personnages sont relativement fidèles d’une œuvre à l’autre, là où d’autres changent totalement de caractère ou d’histoire, voir disparaissent carrément.

La fidélité sur les événements.

Ainsi, d’un point de vue événements, on constate que les diverses adaptations respectent assez bien le début du roman. On retrouve en effet presque à chaque fois la rencontre et le duel entre D’Artagnan et les Mousquetaires ainsi que l’intervention des gardes du Cardinal. Par contre, elles oblitèrent très souvent le fait que D’Artagnan rejoigne d’abord la compagnie de Monsieur des Essart.

La seconde partie du roman est déjà moins fidèle. Ainsi, c’est seulement dans deux-tiers des œuvres qu’Anne remet les ferrets à Buckingham. La réparation de ceux-ci par Buckingham est donc encore moins présente. Néanmoins dans les trois-quarts des œuvres, D’Artagnan se rend tout de même en Angleterre. À l’inverse c’est dans seulement un tiers des œuvres qu’Athos se fait emprisonner en lieu et place de D’Artagnan. Enfin, dans près des deux-tiers des œuvres, D’Artagnan revient de justesse au bal avec les ferrets.

La troisième partie du roman baisse encore en fidélité. Moins d’un quart des adaptations mettent en scène les retrouvailles entre les quatre amis et l’enquête de D’Artagnan sur Milady. L’imposture de D’Artagnan qui se fait passer pour De Wardes ou la complicité de Ketty, le sont donc encore moins. En revanche, D’Artagnan découvre la fleur de lys qui marque l’épaule de Milady dans plus de la moitié des œuvres. De même le lien marital entre Milady et Athos existe dans près de deux-tiers des films/séries.

Pour finir, la quatrième partie du roman est la plus mal lotie. Le pique-nique dans le bastion ennemi durant le siège de la Rochelle se fait très rare et la lettre d’Aramis pour retrouver Constance n’apparaît qu’une seule fois. L’emprisonnement de Milady et l’assassinat du Duc de Buckingham ont très peu souvent lieu comme dans le roman. Enfin, la mort de Constance, le jugement de Milady et sa mort ou l’utilisation du blanc-seing n’apparaissent que dans deux-cinquièmes des œuvres vues.

La fidélité sur les personnages.

Comme pour les événements, il y a de grandes inégalités de traitement entre les différents personnages suivant les adaptations.

Le grand gagnant est Athos. À quelques exceptions près, il bénéficie en effet d’une assez bonne fidélité, au gré des films/séries. Et ce tant du point de vue du caractère que de l’histoire. Malgré quelques changements mineurs on retrouve également, dans les diverses œuvres, une grande partie des destins et des histoires de D’Artagnan, de Porthos, du Cardinal, d’Aramis, de la Reine et de Tréville. À l’inverse, ceux dont les caractères et l’histoire sont les moins bien traités sont Constance, Louis XIII, Milady, Buckingham Rochefort et Monsieur Bonacieux. Quant aux valets des Mousquetaires et surtout la Comtesse de Chevreuse et Lord de Winter, ils sont en général les grands perdants, voir les absents, des différentes adaptations.

Quelques cas « d’adaptations » un peu à part.

Nous avons longtemps hésité à présenter les œuvres ci-dessous dans cet article parce qu’à proprement parler ce ne sont pas des « adaptions ». Soit parce qu’elles sont présentées sur un support différent des précédentes, soit parce qu’elles ne se veulent pas une adaptation fidèle des Trois Mousquetaires mais plutôt une libre réinterprétation et ne s’en cachent pas. Ou alors simplement parce qu’elles exploitent le nom des personnages sans pour autant suivre la trame principale du roman (voir de ses suites).

Il n’y aura donc pas de « pourcentage de fidélité » pour celles-ci – il serait de toute façon forcément très bas – mais juste une présentation des différences notables avec le(s) roman(s), des points que nous avons ou non appréciés et une critique générale de l’œuvre. Pas de classement non plus, elles sont présentées ici par ordre de parution uniquement. Le but est plus de vous en parler. Parce que c’est intéressant de savoir qu’elles existent aussi, même si elles s’éloignent un peu – ou beaucoup – de l’histoire originelle.

Les fils des Mousquetaires, film de Lewis Allen (1952)

Quelques libertés scénaristiques :

Ici l’intrigue se passe en 1648. Ce ne sont donc plus les D’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis d’origines qui sont au cœur de l’action mais leurs enfants. Même si une fois de plus, ils doivent sauver Anne – et sa fille – d’un complot. Petite modification en plus, l’équipe est désormais augmentée d’une jeune femme : Claire, la fille d’Athos. Mais elle se bat aussi bien que se battait son père. Les personnages et leurs aventures étant différentes, on ne retrouvera donc pas les intrigues du roman – ni même celles de ses suites. Nous aurons à la place une aventure totalement inédite.

Ce qu’on a aimé :

On retrouve dans ce film une assez bonne ambiance de cape et d’épée et des combats rythmés et entraînants. Le fait d’avoir « remplacé » Athos par sa fille permet de développer les intrigues de manières complètement différentes. Et déroule ainsi l’aventure des amis de façon plutôt originale. Comme lorsque que Claire prendra la place d’Henriette – la fille d’Anne D’Autriche – devant l’autel pour permettre à celle-ci de fuir en toute discrétion loin des persécutions du Duc de Lavalle. La présence de Claire dans l’équipe fait même naître une concurrence entre Aramis et D’Artagnan pour capturer le cœur de la belle. Ce qui est assez amusant au final – et mène à quelques quiproquos plutôt marrant.

Ce qu’on a détesté :

La naïveté des personnages. Non, parce que croire que D’Artagnan, Porthos et Aramis n’ont pas captés dès la première seconde que Claire était une fille, c’est un peu gros. Surtout que si c’était uniquement pour enchaîner sur la scène – très lourde – où les trois hommes échangent en toute tranquillité grivoiseries et autres grossièretés sous le regard choqué de Claire, ça n’en valait vraiment pas la peine ! De manière générale également, j’ai trouvé le film mou et parfois lourd, tant dans les comportements des personnages que dans l’enchaînement des péripéties. Ce qui venait donc un peu casser l’ambiance et le rythme.

Commentaire général :

Un film intéressant, divertissant et même amusant par moment qui surfe sur le succès des Trois Mousquetaires mais sans en faire une énième redite. Du coup, malgré quelques lourdeurs et mollesses on découvre avec plaisir ces nouveaux personnages – qui ont quand même bien pris du caractère de leurs pères. Les nouvelles intrigues sont également plus ou moins bien menées et totalement inédites car même pas inspirées des suites. En bref, ce film se laisse voir et propose un divertissement honnête. Mais clairement il ne laissera pas un souvenir impérissable dans la mémoire des fans de Dumas.

Aramis (assit), Porthos, Claire et D’Artagnan dans les fils des Mousquetaires.

La fille de D’Artagnan, film de Bertrand Tavernier (1994)

Quelques libertés scénaristiques :

Une fois de plus, nous voici ici avec de vieux mousquetaires qui laissent place à la jeunesse, Éloïse, en l’occurrence, la fille de D’Artagnan. Et à défaut de Louis XIII, c’est son fils, Louis XIV qui sera au cœur du complot. Enfin, ce n’est plus Milady ou Richelieu qui mèneront la conspiration, mais le Duc de Crassac et sa compagne Églantine de Rochefort. Pour le reste le film nous offrira un très classique complot conte le roi à déjouer, très vaguement inspiré du style du roman.

Ce qu’on a aimé :

Contre toute attente, on retrouve tout de même – et avec plaisir – les Mousquetaires. Un peu vieillis et un peu – beaucoup – dépassés mais qui sauront encore se montrer alertes pour aider Éloïse dans sa tâche. On retrouve également une bonne ambiance de cape et d’épée même si les combats sont parfois poussifs. Les dialogues sont savoureux et nappés de clins d’œil à l’intention des spectateurs. Notamment avec Mazarin qui après avoir donné nombre de conseils au jeune Louis XIV, se rend compte à voix haute qu’il a oublié de lui dire de « ne jamais révoquer l’édit de Nantes. » En outre, Claude Rich est excellent dans son rôle de Crassac, tout comme l’équipe de vieux briscards (Philippe Noiret, Sami Frey, Jean-Luc Bideau et Raoul Billerey) qui incarnent les quatre compères prêts à remettre le couvert. Même si « c’est tout de même plus de leur âge. »

Ce qu’on a détesté :

Des passages parfois un peu plus mous et des combats pas toujours bien chorégraphiés. Il faut dire qu’entre Éloïse qui se bat de manière typiquement féminine et les mousquetaires sur le retour, les ennemis – plus jeunes – doivent parfois faire montre de réelles maladresses afin d’être dominés et de permettre aux héros de remporter la victoire. Ça se sent un peu dans le film et c’est dommage. L’intrigue est également très tarabiscotée, avec des indices qui n’en sont pas mais qui mènent – par le plus grand des hasards – quand même jusqu’à la source du complot. C’est un peu gros et on sent la facilité scénaristique pour justifier les péripéties et le dénouement.

Commentaire général :

Une fois de plus, le film avec son intrigue inédite nous évite l’énième adaptation ratée du roman et de ses suites. L’intrigue, même si elle ne casse pas trois pattes à un canard est entraînante et rythmée. Certains rebondissements sont imprévisibles, bien menés et plutôt agréables. Pour le reste, même si on peut regretter les raccourcis pris et la mollesse de certains combats, le film reste un divertissement amusant qui mérite au moins une fois d’être vu. Il aura néanmoins du mal à satisfaire les grands fan de Dumas.

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Héloïse et les mousquetaires en arrière plan dans la Fille de D’Artagnan.

L’Homme au Masque de Fer, film de Randall Wallace (1998)

Quelques libertés scénaristiques :

En soi, le film ne se veut pas être une adaptation des Trois Mousquetaires. Il s’agit plus en réalité d’un emprunt de personnages et de contexte, pour présenter une autre aventure, des années après leurs exploits. Du coup, les Mousquetaires sont bien plus vieux que dans le roman. D’ailleurs, Athos, Porthos et Aramis n’en sont plus et seul D’Artagnan sert encore le Roi en tant que Capitaine des Mousquetaires. Roi qui n’est plus Louis XIII mais son fils, Louis XIV et qui sera au cœur du film.

Ce qu’on a aimé :

L’idée de présenter des Mousquetaires « vieux » et sur la fin, rêvant de revivre leurs aventures comme du temps de leur jeunesse est assez bonne et bien menée. La présence de personnages issus du Vicomte de Bragelonne est aussi intéressante et fait un beau clin d’œil à ceux qui ont lu la saga entière. On retrouve donc avec plaisir la sagesse d’Aramis, la gouaille de Porthos ou le coté protecteur d’Athos. Seul D’Artagnan semble inchangé, toujours fidèle Mousquetaire du Roi. En outre, le casting ne gâche rien. John Malkovich et Jeremy Irons sont impeccables en Athos et Aramis. Gabriel Byrne est excellent en D’Artagnan. Tout comme Depardieu fait un Porthos – à peu près – crédible. Et Leonardo DiCaprio est excellent en Louis XIV et Philippe aux caractères diamétralement opposés.

Ce qu’on a détesté :

J’aurais presque pu ne rien mettre ici mais je trouve que la révélation faite sur D’Artagnan à la fin en serait presque une insulte au D’Artagnan du roman et à la Reine Anne… Et quitte à vouloir jouer avec l’histoire du Vicomte de Bragelonne, il est dommage d’avoir remplacée Louise de La Vallière par Christine et d’avoir si drastiquement modifiés les destins d’Athos, de Raoul et des autres.

Commentaire général :

Même si les personnages principaux sont – entre autre – Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan, la période à laquelle se passe le film et la présence de certains personnages – comme Raoul, le fils d’Athos ou Louis XIV et le masque de fer – laisse plutôt entendre que cette aventure se situerait pendant le Vicomte de Bragelonne. Néanmoins, sans entrer dans les détails sur ce roman, le film est très loin d’être fidèle à celui-ci. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un film intéressant, plaisant et divertissant. Qui respecte en outre assez bien les codes du style de cape et d’épée et présente en partie l’esprit des romans de Dumas – à défaut d’en respecter l’intrigue. À conseiller, donc pour, les curieux comme pour les fans – pas trop exigeants cependant…

Porthos, D’Artagnan, Athos, Aramis et Louis XIV dans l’Homme au masque de fer.

Les trois Mousquetaires, BD de Morvan et Dufranne (2007)

Note d’avant propos : n’ayant lue la série en entier faute d’avoir trouvé tous les tomes, je ne peux réaliser une note adaptation et un comparatif honnête entre cette BD et les adaptations de la partie précédente. Donc, bien qu’il s’agisse réellement d‘une adaptation du roman en BD, je ne parlerai de celle-ci qu’ici et ne lui attribuerait pas de note d’adaptation.

Quelques libertés scénaristiques :

Je n’ai lu que le premier tome sur les 4 mais je n’ai remarqué aucune liberté scénaristique dans cette première partie. On y retrouve toutes les péripéties de l’arrivée à Paris de D’Artagnan. Allant du départ de chez son père à son amitié avec les trois Mousquetaires en passant par le duel avec Rochefort à Meung, la rencontre avec Tréville, le duel avec Athos, Porthos et Aramis et l’intervention des gardes du Cardinal ainsi que bien d’autres péripéties secondaires issues elles aussi du roman.

Ce qu’on a aimé :

Une excellente fidélité à l’œuvre originale – du moins pour la première partie, je ne peux juger du reste n’ayant pas lu les trois autres tomes. On retrouve les dialogues du roman, parfois raccourcis pour coller au format BD mais sans que ce ne soit gênant. La présences de péripéties plus ou moins secondaires est également très agréable. Ainsi, on retrouve avec plaisir la remise des trois présents de M. D’Artagnan père, les déboires de D’Artagnan après son réveil à Meung, la partie de jeu de paume et la prise d’assaut de l’hôtel de la Trémouille qui en découle.

Ce qu’on a détesté :

Le style de dessin est très sec et pointu, ce qui donne une forme de visage et de corps assez particulière aux personnages en plus de rendre les décors plutôt épurés. C’est assez déroutant au début et il faut s’y habituer. Mais une fois ce détail passé, il n’y a rien à redire à la BD en elle-même.

Commentaire général :

Difficile de juger correctement cette série de 4 tomes puisque je n’ai lu que le premier. Néanmoins, cette série semble réellement s’attacher à retranscrire le roman de la façon la plus fidèle possible. Et il faut reconnaître que dans le premier volume c’est particulièrement bien réussi. L’ambiance y est peut-être un peu plus comique et légère – due en partie aux traits donnés aux personnages – mais sans que cela ne dénature l’esprit de l’œuvre originale. Une fois passé le premiers « choc » du style de dessin c’est donc une BD particulièrement plaisante et agréable à lire qui devrait pleinement satisfaire les fans du roman.

Athos, Aramis, D’Artagnan et Porthos dans la BD.

Barbie et les Trois Mousquetaires, films d’animation de William Lau (2012)

Quelques libertés scénaristiques :

Plus d’Athos, Porthos, Aramis et D’Artagnan, à la place nous avons Barbie/Corinne – la fille de D’Artagnan – et ses amies. Plus de Reine à sauver mais un Prince. Pas de Milady, d’intrigue des ferrets, de siège de La Rochelle mais un complot venant du Régent. En fait, une grande partie de l’histoire et des personnages n’ont rien à voir avec le roman – ou ses suites – c’est juste une vague histoire de Mousquetaires et de jeunes filles qui veulent faire leurs preuves sur fond d’amitié et de bravoure.

Ce qu’on a aimé :

À la base j’ai jamais vraiment aimé les dessins animés Barbie, ce qui fait que je n’ai pas aimé grand-chose de celui-ci. Mais c’est tout de même intéressant de voir le développement du personnage – finalement moins niaise que ce à quoi je m’attendais. Voir la femme qui sauve l’homme c’est pas mal aussi, ça change des classiques de conte de fée. À noter tout de même qu’on trouve quelques clins d’œil au roman avec, entre autres, la remise du cheval, de la lettre de recommandation et des 15 écus à Barbie/Corinne par sa mère, comme ce fut le cas pour D’Artagnan ou encore sa rencontre chaotique avec ses trois futures amies – mais hélas, pas de duel en vue !

Ce qu’on a détesté :

Malgré des efforts, on n’évite pas les clichés un peu lourds : des combats en pas de danse et des filles qui se battent avec des rubans, des éventails ou carrément des pschitt à paillettes – parce qu’on veut bien être Mousquetaires mais qu’on est avant tout de jolies et fragiles jeunes filles… Et puis ça reste un dessin animé pour petites filles, c’est vraiment pas mon genre. J’ai donc eu du mal à accrocher et j’ai lutté pour aller jusqu’au bout. D’autant qu’on ne retrouve presque rien de l’ambiance qui fait le roman dans ce dessin animé. Même les combats sont édulcorés et tournent à l’humour – voir la blague – la plupart du temps.

Commentaire général :

Et oui, même Barbie a sa déclinaison autour des Trois Mousquetaires ! Soyons honnête, j’adore les séries ou les dessins animés. Mais j’ai des limites. Sincèrement, en temps normal jamais je n’aurais tenté l’expérience. C’est donc difficile de juger d’un dessin animé pour petites filles qui n’est clairement – mais clairement – pas mon style. Alors je me contenterai de dire que ce film n’a presque plus rien à voir avec le roman de Dumas. À part qu’on y parle de Mousquetaires et qu’on trouve quelques clins d’œil ici et là… Bref, un assez bon divertissement pour les petites filles, pas trop niais contrairement à ce qu’on aurait pu craindre au début – après tout dans celui-ci Barbie/Corinne est une jeune femme qui s’affranchi des codes sociaux pour réaliser son rêve – mais qui n’a quasiment plus rien de la source originelle.

Barbie/Corinne (en rose) et ses amies futures Mousquetaires en action !

Les Trois Mousquetaires, spectacle musical de René Richard Cyr et Dominic Champagne (2016)

Quelques libertés scénaristiques :

Forcément, à travers le format comédie musicale il est difficile de faire passer autant d’informations que dans un film ou une série. Du coup, il y a quelques personnages qui passent à la trappe, comme Rochefort, la Comtesse de Chevreuse ou M. Bonacieux. Et les intrigues sont également grandement simplifiées. De toute façon, le but ici n’est pas de retranscrire l’histoire de manière précise mais d’en exploiter des passages et de les mettre en scène et en chansons. De ce fait, seul les deux premières parties du roman : L’arrivée de D’Artagnan à Paris et l’affaire des ferrets de la Reine, sont présentées ici. Pas de siège de La Rochelle donc. Ni de tout ce qui en découle.

Ce qu’on a aimé :

On retrouve un jeune D’Artagnan fougueux qui se met très vite dans les ennuis. Et se trouve à livrer un duel avec les trois célèbres Mousquetaires avant de tomber sous le charme de Constance. On retrouve également la relation entre Anne et Buckingham et le départ pour l’Angleterre avec D’Artagnan qui laisse un-à-un ses compagnons d’arme derrière lui. Ce qui permet de placer quelques très belles chansons (« Un Jour », « Ho Hé », « S.O.S. »…) Et justement, dans l’ensemble, les chansons sont magnifiques et marquantes. Un point particulier pour celle du Cardinal : « Seul contre tous », celle d’Aramis : « Un Jour » et celle de la troupe : « Levons-nous », que je trouve personnellement superbes !

Ce qu’on a détesté :

Pas grand-chose à dire vrai, mais après il faut aimer le genre des comédies musicales. Un gros moins quand même pour les espèces de tenues paramilitaires des gardes du Cardinal qui font vraiment hors contexte. Ou pour les tenues en cuir de Constance, Milady et des Mousquetaires. On peut aussi regretter que Buckingham et Constance ne trouvent pas la mort dans cette version. Mais ceci-dit, dans le roman, c’est bien plus tard après le bal qu’ils finissent assassinés, donc c’est justifiable ici.

Commentaire général :

De base le format choisi pour cette libre adaptation ne permet pas de faire passer toutes les informations et les péripéties du roman. Néanmoins, l’esprit général de l’œuvre reste assez bien préservé. De même, les caractères des personnages – un D’Artagnan fougueux, une Milady revancharde, un Cardinal comploteur, un Porthos frimeur… – semblent assez fidèles au roman. On sent toutefois que les metteurs en scène ont voulu tirer profit de la saga des Mousquetaires pour tenter une réalisation originale. Le pari est réussi certes – la mise en scène est intéressante, les chansons belles et marquantes et les chanteurs/danseurs excellents – mais on retiendra essentiellement le spectacle en lui-même en oubliant vite l’œuvre originelle qui se cache derrière.

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Athos, Aramis, D’Artagnan et Porthos dans le spectacle musical de 2016.

Mousquetaire, BD de Fred Duval (2016)

Quelques libertés scénaristiques :

Cette série, de 3 tomes, se passe en 1661 et en 1666, soit près de 40 ans après le début du roman des Trois Mousquetaires. On n’y retrouve donc aucune des intrigues de celui-ci. En effet, la BD s’attache plutôt à relater quelques fait réels que le vrai D’Artagnan doit avoir vécu – la Fronde, l’arrestation de Fouquet… On y retrouve quelques faits historiques ainsi que D’Artagnan, Capitaine des Mousquetaires sous Louis XIV et Isaac Portau, lui aussi Mousquetaire du Roi. Ils sont cependant des personnages secondaires, les personnages principaux étant Alexandre De Basan, un jeune Gascon venant de rejoindre les Mousquetaires et Eloïse de Grainville, une jeune demoiselle de compagnie arrivée récemment à Paris.

Ce qu’on a aimé :

Un style de dessin très réaliste et une petite histoire qui croise la grande. On y vit ainsi quelque-unes des heures sombres du Roi et de ses Mousquetaires. Les personnages sont attachants et D’Artagnan et Portau, bien que secondaires ont largement leur place dans cette aventure. On les y retrouve donc avec plaisir.

Ce qu’on a détesté :

Une aventure un peu courte, avec très peu de mise en place du contexte, ce qui rend la lecture pas forcément aisée si on ne connait pas bien les tenants et aboutissants des affaires – réellement arrivées – traitées ici. Dommage également de ne pas avoir vu Athos et Aramis, même pas évoqués ici. Très peu de combats aussi, la BD prend plus un tournant « Historique » qu’ « Aventure de cape et d’épée ».

Commentaire général :

Une BD plus centrée sur les personnages réels qui ont inspirés ceux de Dumas mais que l’on apprécie de retrouver ici. L’histoire est intéressante, quoique peu explicitée par moment. L’auteur s’est attaché à retranscrire des faits réels et à y intégrer – avec brio – ses personnages principaux. On peut cependant regretter qu’il n’y ait pas eu plus de scènes de combat. Mais d’une certaine manière on y retrouve à la fois l’esprit d’aventure, d’amour et de trahison qui a fait les beaux jours du roman. Une BD à lire donc pour les plus curieux. Elle n’est certes pas transcendante mais reste toutefois intéressante car traitant d’une période pas toujours bien connue des profanes.

Un pour tous !, BD Jeunesse de Fabien Dalmasso (2016)

Quelques libertés scénaristiques :

Le but de cette BD en 4 tomes est de présenter la jeunesse des célèbres Mousquetaires. Après tous, les personnages de Dumas sont eux même inspirés de personnages réels. Dans cette « adaptation » nous retrouvons donc leurs homonymes réels – Charles de Batz de Castelmore de Montesquiou D’Artagnan, Armand de Sillègues D’Athos D’Autevielle, Henri d’Aramitz, Isaac Portau… – en formation pour devenir Mousquetaires. Ces derniers se retrouveront alors prit dans des enquêtes inédites aussi bien pour sauver leurs aînés, les actuels Mousquetaires du Roi, que le Roi lui même… Bien sûr, pas de ferrets de la Reine ou de siège de La Rochelle. Mais à la place, nous auront droit au siège de Nancy ou à quelques autres batailles historiques réelles.

Ce qu’on a aimé :

Une histoire globalement fictive sur ces personnages réels mais respectant les grandes lignes de l’histoire de France. C’est agréable de voir la jeunesse des héros et les déboires qui furent les leurs avant leur heure de gloire. En outre, le style et le dessin sont très agréables à l’œil. L’ambiance de cape et d’épée rend également très bien. On (re)trouve avec plaisir d’autre personnages clin d’œil comme le Duc de Nevers – et sa fameuse botte – Tréville – pas encore Capitaine – ou encore Savinien Cyrano de Bergerac – pas encore célèbre – et Blaise Pascal – qui commence juste à découvrir les maths. On peut même noter un clin d’œil à la série animée « Sous le signe des Mousquetaires » dans le développement d’un personnage… Enfin, certains tomes se concluent par un petit cours sur l’escrime de l’époque. Un bonus appréciable qui prouve l’attachement de l’auteur à retranscrire au plus précis l’ambiance de l’époque.

Ce qu’on a détesté :

Rien.

Commentaire général :

Une BD intéressante, bien dessinée et qui permet de connaitre les Mousquetaires sous un autre angle. L’esprit général des personnages est assez fidèle à l’œuvre de Dumas ainsi qu’à leurs homonymes réels même si on ne retrouve presque rien des intrigues originales de Dumas. D’un autre côté, cela permet d’avoir une histoire 100% originale et non pas quelque chose de vu et de revu. Enfin, plaisir suprême, c’est une des rares – je n’en ai comptées que six parmi les 24 que j’ai vues/lues ! – adaptations où l’on retrouve le cri de ralliement des Mousquetaires dans le bon sens. En bref, une BD à conseiller pour les petits comme les grands et qui, je pense ravira aussi bien les fans de Dumas que les simples curieux.

Dans la case du bas : Athos, Aramis et D’Artagnan.

Conclusion générale sur les diverses adaptations.

Comme nous venons de le voir, les Trois Mousquetaires ont été déclinés dans tous les formats imaginables. Allant de l’adaptation très fidèle au simple emprunt de noms sans liens avec le roman.

Certains ont compris l’esprit de cette grande aventure romanesque. Et ils ont su parfaitement le restituer dans des œuvres grandioses et respectueuses. Ainsi, il y a de vraies perles, comme les séries de Diamant-Berger et de Barma, les films de Borderie et Sidney ou la BD de Dufranne/Morvan. Ces œuvres rendent ainsi un magnifique hommage au travail de Dumas. Mais même certaines œuvres un peu moins fidèles au niveau des intrigues restent relativement respectueuses du roman. C’est le cas des films de Lester et Barma et des BD de Dalmasso et des Classiques Illustrés. En outre, si certaines œuvres se contentent de faire le minimum respectable en terme d’intrigues, elles restent néanmoins acceptables grâce à leur respect de l’ambiance et du caractère des personnages. De plus, elles s’avèrent encore relativement convaincantes. C’est le cas des films de Niblo et d’Hunebelle ou des séries « Sous le Signe des Mousquetaires » et « Musketeers ».

Mais plusieurs adaptations se sont aussi grandement éloignées de cette ambiance de cape et d’épée. Et que ce soit alors en raccourcissant drastiquement les péripéties, en changeant le caractère des personnages ou alors en abusant des effets spéciaux c’est avant tout l’histoire et l’ambiance qui en pâtissent. C’est notamment le cas pour le téléfilm de 2005, pour le film d’animation « D’Artagnan l’intrépide », ou encore le film d’Herek. Pire, on trouve également – et malheureusement – des adaptations ne montrant aucun respect pour le roman : les films d’Hyams et Anderson ou encore celui de Cole S. McKay – dont je n’ai pas eu le courage d’aller au-delà de la bande annonce ! Par conséquent, il semble que pour certains réalisateurs, adapter les Trois Mousquetaires permet juste d’obtenir un titre racoleur attirant les spectateurs. Et ce, au détriment de l’œuvre originelle de Dumas père.

Force est également de constater que la plupart des œuvres « récentes » – de 1980 à nos jours – s’éloignent assez du roman, là où une bonne partie des œuvres « anciennes » – de 1920 à 1980 – s’avèrent plutôt fidèles. Ainsi, à l’heure actuelle le spectateur/lecteur trouvera surtout de pâles imitations plutôt que de vrais hommages au travail de Dumas. De ce fait, les moins regardants n’auront que l’embarras du choix dans la multitude de films/série/téléfilm qui foisonne autour de cet univers. Mais les grands fans de l’ambiance galante, aventureuse et romantique de Dumas auront, eux, un peu plus de mal à trouver leur bonheur…

Pour aller plus loin…

Il reste encore de très nombreuses œuvres cinématographiques tournant autour des Trois Mousquetaires que nous n’avons pas vues. Parce que beaucoup de ces films/téléfilms/séries sont aujourd’hui difficiles à trouver. En outre, j’ai également volontairement retirés les parodies (L’étroit Mousquetaire, Les Quatre Charlots mousquetaires, Albert le 5ème Mousquetaire…). Elles n’entrent pas vraiment dans la catégorie « adaptations ».

Néanmoins, les avis émis ici sont – je le répète – purement personnels. Vous êtes parfaitement en droit de considérer qu’une adaptation est meilleure – ou pire – que ce que j’en dis. De la même manière, les films/séries/téléfilms/BD présentés ici sont tous – plus ou moins – intéressants. Une fois encore, ce n’est pas le film/téléfilm/série/BD que j’ai noté mais son degré de fidélité. Une mauvaise fidélité au roman n’en fait pas forcément une mauvaise œuvre quand on la regarde hors de l’angle « adaptation des Trois Mousquetaires. » Je ne peux donc que vous conseiller de vous faire vous-même votre avis sur ces œuvres en les visionnant.

Quant à ceux qui aimeraient découvrir l’histoire originelle des Trois Mousquetaires, Harkady la Troubadour vous conseille de ne pas hésiter : sautez sur les romans. Je vous garantis que vous ne serez pas déçu !

 

Et de votre côté, en avez-vous vu d’autres ? Si oui, n’hésitez pas à en parler dans les commentaires et à nous donner votre avis dessus… N’hésitez pas non plus à voter dans le sondage. Vous pourrez ainsi nous indiquer quelles sont, selon vous, les meilleures adaptations réalisées.

Sources

Des heures de lecture/visionnage des romans, BD, films, séries, téléfilms cités tout au long de l’article. Accompagnées de toutes aussi longues heures d’émerveillement ou d’arrachage de cheveux selon le film, la série ou la BD.

Ainsi que les sites :
– litteratureetfrançais.com, qui propose un résumé par chapitre du roman ce qui m’a bien servi pour m’y retrouver lors de la rédaction de cet article.
– lemondededartagnan.fr, qui regroupe, entre autre, une liste – non exhaustive – de toutes les œuvres cinématographiques qui tournent autour de cet univers, ainsi que de nombreuses données sur l’œuvre de Dumas.
– senscritique.com, qui regroupe également une liste des différentes adaptations des Trois Mousquetaires.

5 réponses sur “Tous pour un, un pour tous. Les Trois Mousquetaires et ses variantes.”

  1. Merci pour ce merveilleux travail ; quelle précision ! On appréciera la démarche didactique et justifiée.
    En espérant lire votre avis sur la nouvelle adaptation de 2023. Mais j’imagine que vous attendrez la sortie de la deuxième partie.

    1. Bonjour Yodamister,

      merci pour votre retour sur cet article, j’y ai passé un nombre certain d’heure pour réaliser ce travail et savoir qu’il est apprécié est toujours un plaisir. Je viens justement de retrouver mon tableur, qui m’avais servi à comparer les différentes versions et donner la note finale de fidélité. Je pourrais donc bel et bien ajouter ce nouveau film à la liste, une fois que j’aurais vu les deux parties 😉

  2. ^ Il est a noter que la replique exacte dans le texte du roman est « Tous pour un ! Un pour tous ! » les Trois Mousquetaires sur Wikisource Elle est cependant le plus souvent citee de maniere inexacte et inversee. Il s’agit aussi de la devise de la Confederation suisse, evoquant la solidarite entre les Cantons suisses.

  3. Super article ! J’ai découvert beaucoup d’adaptation que je ne connaissais pas et que j’ai envie de découvrir, mais une question me reste, où est-ce que tu as pu trouver tous ces films/séries ? Surtout les plus anciens qui sont quasi introuvable !

    Dans l’ensemble, j’ai un avis plutôt similaire au tiens, surtout concernant le siège de la Rochelle qui semble te tenir à cœur et que je trouve aussi être un grand absent.

    Perso, je trouve le film de 2011 absolument ignoble comme tu le dis, mais ça me fait toujours marrer de le voir de temps en temps tellement c’est nawak XD
    Et pour la série de la BBC, j’ai eu un peu de mal sur certain point de cohérence ou de référence à l’œuvres originale (je suis un peu déçu de l’adaptation du personnage de Rochefort, comme dans plusieurs autres œuvres), mais dans l’ensemble, c’est vrai quelle est plutôt pas mal même si des fois elle mérite pas son titre ^^

    Je regrette aussi qu’on ne retrouve que très peu d’adaptation de 20 ans après que je trouve au moins aussi bien que les trois mousquetaires mais c’est plus là peine d’espérer, ça viendra probablement jamais ^^

    Bonne continuation et merci pour ce chouette article !

    1. Bonjour Zoryynn,

      Je suis contente de voir que cet article t’as donné envie de voir certaines des adaptations peu connues, c’était le but ! Pour répondre à ta question, j’ai certains de ces films en dvd, d’autres sont passés à la tv, les derniers se trouvent ici et là sur le net (la mini série D’Artagnan de Barma, le film de Niblo de 1920 ou D’Artagnan l’intrépide sont sur youtube par exemple.)

      Concernant le siège de la Rochelle, ce n’est pas tant son absence en lui-même qui me chagrine mais la disparition de toutes les sous-intrigues qui lui sont liées : Milady partant en Angleterre tuer le duc après avoir voulu assassiner D’Artagnan, les lettres qui partent pour tenter de tout arrêter, son emprisonnement en Angleterre, la mort de Constance, le jugement et la mort de Milady… A mon sens c’est dans cette partie là du roman qu’on voit bien jusqu’à quel point peut aller le Cardinal pour défaire le Duc, à quel point Milady est revancharde et à quel point les 4 amis sont réellement unis et là les uns pour les autres. Sans toute cette partie on perd donc une grande partie de l’esprit du roman. Mais certains films, comme celui de Borderie en 61 ont réussi à mettre ça en scène sans pour autant montrer le siège de la Rochelle en lui-même…

      Pour ce qui est des films de 2011 et 2001 effectivement, ils ne sont pas totalement à jeter. Quand on essaye d’oublier qu’il s’agit d’une adaptation des Trois Mousquetaires, ils sont même sympa (enfin, dans la limite du raisonnable hein ^^) Idem pour la série de la BBC, je l’aime beaucoup, mais quand je la regarde j’essaye d’oublier qu’il s’agit d’une adaptation et j’imagine repartir d’une histoire vierge. Mais dans celle-ci ce que j’apprécie vraiment c’est le côté cape et d’épée assez bien rendu.

      Et pour ce qui est des suites du roman, je partage à 100% ton point de vue sur le fait qu’il est dommage de ne pas en voir. Je cherche désespérément la série Vingt ans après de Diamant-Berger, mais j’ai bien peur qu’elle n’ait jamais été restaurée et qu’elle ne soit donc plus visible, c’est dommage.

      En tout cas merci d’avoir pris le temps de donner ton avis et n’hésite pas quand tu auras vu les autres adaptations à revenir nous dire ce que tu en pense !

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