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Jurassic Park – roman vs film.

Bonjour à tous. Aujourd’hui, après avoir abordé le cas d’un requin préhistorique, Ar’Kady, votre guide cinématographique va se pencher sur d’autres bestioles éteintes : les dinosaures ! Et oui, certains d’entre vous l’ignorent peut-être mais les films « Jurassic Park » sont adaptés de romans. En tout cas, c’est le cas pour les deux premiers d’entre eux. Nous allons d’abord parler du premier film, adapté du premier roman. Alors, vaut-il mieux lire le livre ? Voir le film ? Est-ce judicieux de les comparer ? Voici une petite analyse sans prétention de ma part.

/!\ SPOILERS pour le film ET le roman.

Jurassic Park, de Michael Crichton.

Les origines du roman.

Couverture du roman Jurassic Park aux éditions Pocket.
Couverture du roman Jurassic Park aux éditions Pocket.

Auteur de nombreux romans et nouvelles à succès, le regretté Michael Crichton était un auteur américain souvent considéré comme l’un des pionniers du techno-thriller où l’intrigue tourne autour des nouvelles technologies.

Nombres de ses ouvrages ont été adapté au cinéma ou à la télévision. Il a même souvent participé aux adaptations en tant que producteur ou réalisateur. Ainsi en 1973, il écrit et réalise « Mondwest », film qui sert de base aujourd’hui à la série « Westworld ». En 1999 sort le « 13ème guerrier », adaptation de sa nouvelle Les Mangeurs de Mort dont il est le producteur et dont il a assuré seul le montage final suite au départ du réalisateur. Et en 2003 son roman Prisonnier du temps se trouve également adapté en film.

Mais son succès le plus connu reste sans commune mesure la saga du « Parc Jurassique » dont le roman Jurassic Park sorti en 1990 est le premier tome. Et son 17ème roman. La série s’attache à suivre les avancées scientifiques d’un groupe de chercheurs. Après avoir réussi le miracle de recréer génétiquement des dinosaures ces derniers décident de les exploiter dans un parc. Un rêve qui va bien évidement tourner au cauchemar. Et comme le dit si bien Ian Malcolm dans le roman : « Il y a des moments où l’on se demande si des animaux éteints ne devraient pas le rester. »

Les grandes lignes du roman.

Vu la longueur du roman et la complexité de l’intrigue, il me sera difficile de faire court sur cette partie. Je vais néanmoins essayer d’être la plus succincte possible.

1989, au Costa Rica, un hôpital reçoit en urgence un ouvrier mortellement blessé. L’un des médecins découvre alors que la blessure ressemble à une morsure d’animal et non à un écrasement, contrairement à ce qu’on lui a affirmé. Un peu plus tard, sur une plage Costaricaine, une fillette américaine est attaquée par un lézard inconnu. Après description de l’animal, ce dernier est identifié comme étant un petit dinosaure.

Quelques jours après, le paléontologue Alan Grant et son assistante, Ellie Sattler, sont contactés par le président d’InGen, John Hammond. Ce dernier veut qu’ils participent à une visite en tant que consultants pour sa réserve biologique transformée en zoo. En effet, une série accidents inquiète les investisseurs qui veulent toutes les garanties de sécurité avant d’ouvrir. Alan et Ellie se rendent donc sur l’île concernée : Isla Nublar. Donald Gennaro, l’avocat des investisseurs, Ian Malcolm, mathématicien défenseur de la théorie du chaos, et Dennis Nedry, le technicien qui a conçu le réseau informatique du parc, les accompagnent. Cependant, à l’insu de tous, Nedry a été enrôlé par Biosyn, une compagnie rivale, afin de voler le travail d’InGen.

Arrivés sur Isla Nublar, les visiteurs découvrent alors la véritable nature du projet : la réserve est un parc à dinosaures ! InGen a en effet recrée plusieurs espèces de dinosaures à partir d’ADN retrouvé dans de lʼambre fossilisée. 15 espèces différentes évoluent ainsi sur l’île. Le tout sous la stricte surveillance des techniciens grâce à un système complexe de caméras et de comptage automatisé. Ensuite, le groupe est rejoint par Lex et Tim les petits-enfants du milliardaire. Ed Regis, le responsable des relations publiques commence alors la visite du « Jurassic Park » à bord de véhicules électriques pour observer au plus près les animaux.

Tandis qu’Ellie et Gennaro restent avec Harding, le vétérinaire, auprès d’une stégosaure malade, le groupe poursuit la visite. Malcolm en profite pour indiquer qu’une catastrophe d’envergure est à prévoir. D’autant qu’il soupçonne les animaux – sensés être toutes des femelles – d’être bien plus nombreux que le système de comptage ne l’indique. En paramétrant différemment le système, les techniciens découvrent alors horrifiés que malgré les précautions prises pour éviter leur reproduction, quelques espèces se multiplient. À commencer par les Vélociraptors ! Alan suggère même que certains aient pu s’enfuir, comme en témoignent les récents incidents au Costa Rica.

Au même moment, Nedry, désactive une partie du système de sécurité du parc pour voler les embryons de dinosaures. Alors qu’un violent orage s’abat sur l’île, il se rend ensuite en jeep vers le port où il doit les confier à un intermédiaire. Parallèlement, Lex remarque de jeunes Vélociraptors sur le cargo de ravitaillement qui vient de quitter l’île. Le groupe tente alors en catastrophe d’avertir le centre mais les radios ne fonctionnent pas. Dans le même temps, les techniciens, s’étant rendu compte que l’orage a provoqué une coupure de courant, essaient de rétablir le système de sécurité. Mais alors que les voitures ont stoppé devant l’enclos des T-Rex, ces derniers s’échappent ! La jeune T-Rex dévore Ed Regis et l’adulte blesse gravement Malcolm. Indemnes les enfants et Grant se mettent en route vers le centre des visiteurs.

Alors que Nedry – qui s’est perdu en route – trouve la mort entre les griffes d’un Dilophosaure, Hammond et Wu, le généticien, ont une discussion houleuse sur le possible non-fonctionnement de la « solution lysine » laquelle visait à rendre les animaux dépendant de cet acide aminé et à provoquer leur mort rapide en cas de non apport de celui-ci. Mais Hammond ne veut absolument rien entendre des arguments de Wu. Pendant ce temps, Arnold a enfin remis le courant. Quant à Alan et les enfants, en descendant la rivière dans un canot ils arrivent dans la volière. Attaqués par les reptiles volant qui s’y trouvent, ils s’en sortent de justesse. Mais leur répit est de courte durée, puisqu’ils subissent aussitôt les attaques de la T-Rex adulte. Le courant les entraîne alors jusqu’à une cascade où la T-Rex est allée les attendre en contrebas…

Par chance, ils parviennent à lui échapper une fois de plus. En outre, la cascade – artificielle – dissimule une porte de service. En s’y engageant ils découvrent une jeep et un tunnel de maintenance. Mais alors que tout rentre dans l’ordre, Arnold découvre que depuis le rétablissement du courant, celui-ci fonctionne sur le générateur secondaire. Il aurait fallu enclencher manuellement le générateur principal après la coupure. D’autant que le générateur secondaire n’ayant pas l’ampérage suffisant pour alimenter les clôtures électriques, elles s’avèrent hors-circuit. Depuis plus de 5 heures ! Y compris celles des Vélociraptors adultes !

Arnold décide donc d’aller relancer le générateur, accompagné de Muldoon et Gennaro. Mais il se fait tuer par un Raptor avant de parvenir à rétablir le courant. Muldoon, lui, se retrouve coincé par ceux-ci dans un tuyau de drainage. Heureusement Wu parvient à le récupérer en voiture. Ensemble ils rentrent alors au Safari Lodge où ils rejoignent Ellie, Malcolm, Hammond et Harding. De son côté, Grant est parvenu à rejoindre le centre des visiteurs avec les enfants. Mit rapidement au courant que deux Vélociraptors assiègent les membres enfermés dans le Safari Lodge en rongeant les barreaux – désormais non-électrifiés – d’une lucarne du bâtiment, Alan décide de laisser les enfants à la cafétéria et de se rendre au local de service. Il va tenter de remettre en route le générateur principal.

Tandis que les enfants échappent à des Raptors dans les cuisines, Wu trouve la mort en faisant diversion. En chemin pour le local de service, Grant retrouve Gennaro. Après avoir relancé le générateur principal ils décident alors d’aller remettre le système informatique en marche. Dans le centre des visiteurs, toujours poursuivis par des Vélociraptors, les enfants s’enfuient à travers les labos et la nursery. Par chance, ils tombent sur Grant et Gennaro entrés dans le bâtiment par une autre porte. Pendant que l’avocat et les enfants rejoignent la salle de contrôle, le paléontologue parvient à empoisonner les Raptors à leurs trousses. Tim réussi enfin à relancer le système, remettant en route les clôtures et électrocutant les Vélociraptors tentant toujours d’entrer dans le Safari Lodge.

Une fois les systèmes remis en route, Grant insiste néanmoins pour qu’une expédition soit mise sur pied afin de trouver le nid des Vélociraptors. Il décide alors d’utiliser un jeune Raptor – qu’il a capturé précédemment – en le libérant après l’avoir équipé d’un émetteur. Grant, Gennaro et Ellie le suivent alors jusqu’au nid, situé dans la partie méridionale d’Isla Nublar. Ils parviennent ainsi à réaliser un décompte précis du nombre d’œufs – ou de ce qu’il en reste. Néanmoins, brusquement excités, les animaux s’enfuient rapidement.

Au Safari Lodge, Hammond sorti réfléchir à l’échec de son parc, chute dans un profond fossé et se casse la cheville. Vite encerclé par les Procompsognathus il se fait alors dévorer vivant. Pendant ce temps, à la poursuite des Raptors, Gennaro, Grant et Ellie atteignent la sortie d’un tunnel de béton et débouchent sur une plage, de l’autre côté de la clôture. En voyant les animaux scruter le cargo – rappelé par Gennaro un peu plus tôt – qui arrive au large, Alan en conclut que les dinosaures cherchent à migrer hors de l’île. C’est alors que des hélicoptères militaires apparaissent au-dessus de la plage. À son bord tous les survivants ont été regroupés. Très vite les hélicos repartent et des explosions commencent à recouvrir l’île. En effet, le gouvernement a décidé de détruire les animaux.

Quelques jours plus tard, après avoir appris le décès de Malcolm des suites de ses blessures, Grant apprend également que dans le nord du Costa Rica de grands lézards inconnus ont récemment été observés. À proximité de cultures de soja, riche en lysine…

L’avis perso d’Ar’Kady sur ce livre.

Couverture du roman Jurassic Park aux éditions Laffont.
Couverture du roman Jurassic Park aux éditions Laffont.

Sorti en 1990, le roman relate une fiction se déroulant en 1989. À l’inverse de ce que l’on pourrait croire, celui-ci n’est donc pas un roman d’anticipation, mais bien une critique des dérives technologiques en cours. En effet, Jurassic Park se fonde sur des éléments scientifiques concrets existants à l’époque de sa rédaction : recherches génétiques, systèmes automatisés, évolution de l’informatique… Crichton ancre donc son récit dans le monde réel de façon cohérente et crédible. Ainsi, même si le roman a pour but de divertir, il veut aussi – et surtout – susciter chez le lecteur un sentiment de crainte vis-à-vis des nouvelles technologies. Et le pari est réussi puisque le roman est à la fois visuellement très beau et profondément alarmant.

Ainsi, on se retrouve ébloui devant la beauté du « Jurassic Park ». D’autant que l’alternance entre la salle de contrôle et les voitures permet d’avoir des visions complètement différentes sur l’île et les animaux. De plus, les informations scientifiques transmises participent au réalisme de l’intrigue. Le tout sans que cela ne soit trop lourd à comprendre, les nombreux schémas et tableaux parsemant le livre aidant grandement ! Puis la balade bucolique se transforme – avec brio – en une lutte désespérée pour la survie. Le ton change brusquement tandis que l’atmosphère et l’ambiance se modifient drastiquement. L’angoisse, la peur et la terreur succèdent très vite à l’admiration et au rêve, augmentant ainsi l’intensité dramatique. Chaque pas devient dangereux. Chaque branche dissimule la mort. L’île se transforme alors en un lieu sombre et brumeux où le droit à l’erreur n’existe plus. On se surprend ainsi à retenir notre souffle à chaque instant.

De pannes en cascades aux fuites de dinosaures, en passant par une chasse aux vélociraptors, on suit divers personnages dans une course effrénée aux quatre coins de l’île. Et on retient notre souffle avec eux tout en craignant pour leurs vies. Les descriptions deviennent alors plus précises, les scènes plus violentes. Les animaux – omniprésents – passent de gentils dinosaures à sauvages adversaires. D’autant qu’ils apparaissent là où on ne les attend pas avant de disparaître entre deux arbres. Non sans laisser quelques cadavres dans leur sillage ! Par ailleurs, le découpage du roman en « itérations » en plus d’être original, nous informe au début de chaque partie de la situation de l’île. Et au fur et à mesure que le récit avance, la situation devient de plus en plus catastrophique. Jusqu’à ce final qui laisse comprendre qu’en réalité rien n’est réglé. Et que le monde va être amené à changer drastiquement d’ici peu.

En résumé, Jurassic Park constitue un thriller « fort bien construit et visuellement efficace », qui aborde des thèmes originaux dans un univers angoissant à souhait. Crichton nous livre ici « une vision enthousiaste de la science et des miracles dont elle est capable… Mais aussi une vision bien plus inquiétante de ses déboires lorsqu’elle n’est pas maîtrisée consciencieusement. » Bref, un roman à conseiller à tous les amateurs du genre !

« Jurassic Park », de Steven Spielberg.

Les origines du film.

Affiche du film Jurassic Park.
Affiche du film Jurassic Park.

Lorsque Steven Spielberg se lance dans la conception et la réalisation de « Jurassic Park », le réalisateur n’en est pas à son coup d’essai. En effet, on lui doit déjà de grands succès comme « Les Dents de la mer » (1975), « Rencontres du troisième type » (1977), la trilogie des « Indiana Jones » (1981, 1984 et 1989), « E.T., l’extra-terrestre » (1982) ou encore « Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet » (1991).

Bien que le film sorte en 1993, dès 1989, Spielberg commence à réfléchir à celui-ci alors qu’il travaille avec Crichton sur le scénario de la série « Urgences ». De ce fait, le développement du film a commencé avant même que le livre éponyme ne soit publié. Par ailleurs, Michael Crichton a été invité à travailler sur le script afin d’adapter au mieux son roman pour le grand écran.

Devant le succès de ce premier film, une saga a finalement vu le jour. Elle se compose aujourd’hui de 6 films étalés sur presque 30 ans :

  • 1993 : « Jurassic Park »,
  • 1997 : « Le Monde perdu : Jurassic Park »,
  • 2001 : « Jurassic Park III »,
  • 2015 : « Jurassic World »,
  • 2018 : « Jurassic World : Fallen Kingdom »,
  • 2022 : « Jurassic World : le monde d’après ».

Les grandes lignes du film.

John Hammond veut créer un parc sur Isla Nublar, une île qu’il possède au large du Costa Rica. Mais suite à la mort d’un employé, ses actionnaires le pressent de faire venir une équipe d’experts pour vérifier la sécurité des lieux avant l’ouverture. Hammond invite donc le paléontologue Alan Grant et la paléobotaniste Ellie Sattler. Les actionnaires, eux, font venir leur avocat, Donald Gennaro et Ian Malcolm, un mathématicien.

Arrivé sur l’île, le groupe découvre, stupéfaits, que les chercheurs ont recrée des dinosaures. Afin de les rassurer, le généticien, Henry Wu, indique néanmoins qu’il n’y a que des femelles à « Jurassic Parc », ce qui permet de contrôler la population. Mais durant le repas qui s’en suit, Ian Malcolm et Ellie Sattler s’inquiètent des répercussions et des risques pris par le parc. D’après eux, les concepteurs de celui-ci jouent avec des technologies et des organismes qu’ils ne maîtrisent pas. Grant, lui, reste relativement neutre et seul Gennaro semble ravi.

Puis, Lex et Tim, les petits-enfants d’Hammond rejoignent le groupe. Dans des voitures entièrement automatisées, ils commencent alors leur visite. Mais elle s’avère plus que décevante : pas de Dilophosaures, ni de T-Rex… En outre, une tempête tropicale frappe l’île obligeant les employés d’InGen à la quitter. Seul un petit groupe, composé de Robert Muldoon, le garde-chasse, de Ray Arnold, l’ingénieur en chef, et de l’informaticien Dennis Nedry reste avec les invités.

Mais Nedry – grassement payé par un concurrent d’InGen pour voler des embryons – désactive les systèmes de sécurité. Et c’est là que tout s’emballe ! La coupure de courant stoppe les véhicules devant l’enclos du T-Rex. Ce dernier – profitant de l’absence de courant dans la clôture – décide donc de se faire la malle sous le regard sidéré de Malcolm, qui en a « marre d’avoir toujours raison ». En quelques minutes, le T-Rex tue Gennaro, blesse Malcolm et détruit le véhicule dans lequel se trouvaient Tim et Lex. Fort heureusement Grant parvient à sauver les deux enfants et ils s’enfoncent tous les trois dans la jungle. En tombant sur des coquilles d’œufs, ils comprennent alors que malgré les précautions prises les dinosaures se reproduisent.

Pendant ce temps, Malcolm est secouru par Muldoon et Ellie tandis que Nedry ne pourra profiter de sa trahison et de son argent. Il se fera en effet tuer par un Dilophosaure qui a profité de la panne de courant pour aller vadrouiller. Arnold, lui, tente désespérément de réactiver les systèmes du parc. En vain. L‘ultime solution est donc de redémarrer l’ensemble du système, ce qui nécessite de remettre le courant depuis l’extérieur. Arnold s’en occupe mais est très vite porté disparu. Ellie et Muldoon se rendent donc à leur tour à la remise. Mais en chemin ils découvrent que les Raptors se sont – eux aussi ! – échappés. Muldoon décide de s’en occuper. Malheureusement pour lui, les Vélociraptors s’avèrent être de « petites futées ». Il trouve donc la mort alors qu’Ellie parvient à remettre le courant.

De son côté, Alan Grant rejoint enfin le centre des visiteurs avec les enfants. Ces derniers viennent juste d’échapper à deux autres Raptors dans les cuisines. Avec Ellie, le petit groupe se dirige alors en toute hâte au centre de contrôle pour rétablir les communications. Après avoir rétabli in extremis celles-ci, ils sont de nouveau encerclés par les Raptors et la situation se présente mal. De justesse le T-Rex intervient et tue finalement les vélociraptors. Rejoignant alors John et Malcolm, le groupe embarque dans l’hélicoptère de secours qu’Hammond a fait venir. Tandis que l’hélico s’éloigne de l’île et de ses dangereux occupants, les survivants peuvent alors enfin prendre un repos bien mérité.

L’avis perso d’Ar’Kady sur le film.

Affiche du film.
Affiche du film Jurassic Park.

La première partie du film prend, comme pour le roman, le temps de présenter le parc, les personnages et les dinosaures. L’image la plus marquante reste sans doute celle de la rencontre avec le Brachiosaure. Cette scène signe l’arrivée du groupe et donc du spectateur dans le vif du sujet, comme le souligne alors Hammond en nous souhaitant la « bienvenue à Jurassic Parc » tandis que l’image tourne vers un groupe de dinosaures. Pendant quelques secondes, on se croit donc vraiment revenu à l’ère Jurassique tant l’image est sublime et les effets spéciaux parfaits – même encore maintenant !

L’introduction passée, nous voilà maintenant au cœur même de la fourmilière. Labos et salles d’incubation s’enchaînent avec rapidité pendant qu’une animation, certes un peu grossière mais amusante, nous explique comment un tel miracle est arrivé. Avec brio, Spielberg évite ensuite de s’enfoncer dans des explications par trop scientifiques en détournant l’attention du spectateur sur un mignon – et parfaitement animé – bébé Vélociraptor. La rencontre avec les adultes sera pourtant bien moins amusante et nombreux seront ceux à se souvenir du destin de cette pauvre vache. Mais là encore le génie de Spielberg se fait sentir, et la frustration pour les spectateurs commence à monter. Les Raptors sont là, on le sait, on les entend, mais nous ne les verrons pas. La frustration s’enchaîne d’ailleurs avec la visite du parc. Comme Malcolm, on est alors tenté de demander s’il y a « des dinosaures dans ce parc à dinosaures. »

Puis les choses vont très vite accélérer. Comme pour le roman, la seconde partie du film bascule dans l’horreur et la peur. Et quelle peur ! Combien d’enfant se sont enfui de devant l’écran lorsque le T-Rex s’échappe dans un rugissement du fond des âges ? C’est une image qui, à l’instar de celle du Brachiosaure de la première partie, restera dans bien des mémoires. Puis le rythme accélère encore tandis que la survie des personnages se fait aléatoire. La tension augmente et on enchaîne les scènes d’action, les courses-poursuite, les chasses et les morts toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Sans oublier ici et là quelques touches d’humour bien souvent distillées par Malcolm et ses remarques diverses.

Mais derrière ce chef d’œuvre – soyons honnête – se cachent aussi quelques défauts. À commencer par le plus gros faux-raccord de toute l’histoire du cinéma, lorsque le T-Rex sort de son enclos au même niveau que la route avant que Grant s’enfuisse par celui-ci dans une épique descente en rappel. Ou lors de cette arrivée – par trop providentielle – du T-Rex à la toute fin – et qui deviendra plus ou moins la signature de la franchise. Sans parler non plus du nom du parc qui présente surtout des dinosaures du… Crétacé !

Mais malgré cela, le film reste avant tout un des incontournables du 7ème art. D’autant qu’il faut reconnaître que les effets spéciaux sont toujours aussi bluffant. En outre, la mise en scène offre un véritable blockbuster, nerveux, effrayant, visuellement très beau et plutôt bien construit.

Comparatif : Jurassic Park, le roman versus « Jurassic Park », le film.

Les points communs.

Même si l’un pousse plus son intrigue que l’autre, on retrouve quelques points communs entre les deux œuvres. À commencer par l’introduction, qui même si elle est présentée différemment couvre le même accident : la mort d’un ouvrier blessé par un Raptor. C’est cet accident qui va déclencher l’enquête au sein du parc et la venue d’une équipe de spécialistes.

En outre on y retrouve essentiellement les mêmes personnages, même si leur développement s’avère parfois très différents. Ainsi, dans le roman comme dans le film, Malcolm reste relativement identique. Il personnifie dans les deux cas la science avec conscience. Il sera d’ailleurs le premier à alerter Hammond sur les dangers du parc et ses dérives. Néanmoins, dans le film son personnage sera plus tourné en dérision à l’inverse du roman où il est le plus scientifique du groupe avec Grant. Dans celui-ci il s’exprime clairement sur les risques des nouvelles technologies et leurs dérives ainsi que sur l’imprévisibilité de la nature et impossibilité de tout contrôler. De ce fait, il sert de voix à l’auteur lui-même.

De la même manière, le personnage d’Hammond, dans le film est la représentation de Steven Spielberg : un amoureux des dinosaures, voulant les montrer au plus grand monde… Mais contrairement au personnage de Malcolm, celui d’Hammond est très différent entre film et roman. Tout le monde se souviendra de la maxime d’Hammond dans le film :« Je ne blâme pas les gens pour les erreurs qu’ils commettent, mais qu’ils en assument les conséquences », dans le roman, Hammond en est l’exact opposé puisqu’il n’assumera aucune des erreurs commises et rejettera la faute sur tous les autres dans la plus pure mauvaise foi qu’il soit.

De même, si les enfants sont bien tous deux présents, leurs rôles sont inversés entre roman et film. Ainsi, Tim passe d’aîné, expert en informatique à cadet passionné de dino. À l’inverse, Lex  passe de benjamine désintéressée à aînée « micromaniaque ». Les autres personnages voient aussi quelques modifications légères apportées. L’étudiante Ellie du roman devient paléobotaniste dans le film. Gennaro, avocat sportif et courageux se transforme en pleutre et lâche. Wu, pourtant bien plus impliqué dans le roman, disparaît très vite du film. Finalement, seuls Grant, Arnold, Nedry et Muldoon sont relativement semblables entre roman et film. D’autant, qu’à part pour Muldoon, leurs destins sont également similaires dans une œuvre ou dans l’autre là où d’autres personnages : Malcolm, Wu, Hammond, Gennaro auront des destins différents.

Enfin, dernier point commun : les dinosaures. Certes, pour une question de budget on en verra moins dans le film, mais dans l’ensemble ils sont tous là. Même si une fois de plus on peut noter quelques différences sur les espèces présentées. Pas de Brachiosaures dans le roman, mais des Apatosaures. Pas de Galliminus mais des Hadrosaures. Et pas de Tricératops mais des Stégosaures… Finalement en y repensant il y a plus de différences que de points communs…

Les divergences.

Affiche du film Jurassic Park.
Affiche du film Jurassic Park.

Du coup, les différences entres roman et film sont nombreuses, comme vous avez pu le constater à la lecture des résumés des deux œuvres. Ainsi sans reprendre les détails des intrigues, deux scènes majeures du roman ont été supprimées du film. Il s’agit de celles où le T-Rex poursuit Grant et les enfants le long la rivière ainsi que le passage par la volière. La première scène fait naître plus d’une fois le suspense pour le lecteur qui se demande à quel point le T-Rex peut être persévérant et vicieux. On y découvre toute la bestialité de l’animal et son acharnement à traquer et attraper ses proies. La seconde scène sera pleine de tension et de danger, le groupe ne s’en sortant pas indemne – y compris les enfants.

De même, deux sous-intrigues sont supprimées du film : la migration des Raptors via le cargo, et le redémarrage du système uniquement sur le générateur secondaire. Ces deux sous-intrigues sont, dans le roman, des points relativement importants. La première entraînant ainsi une course contre le temps pour avertir le cargo avant son arrivée sur le continent, la seconde déclenchant le plus gros retournement de situation du roman. En effet, alors que tout le monde pense que les choses vont rentrer dans l’ordre, on se rend compte que les animaux sont en liberté totale depuis 5 heures. Y compris – et surtout – les plus dangereux.

De manière générale le contexte général s’avère également très différent. Dans le roman l’île est en partie volcanique, beaucoup d’aménagements fonctionnant ainsi par la géothermie. En outre Isla Nublar se trouve continuellement plongée dans les brumes, et recouverte d’une végétation intense, parfois même impénétrable, rendant l’ambiance glauque et angoissante. Exit tout cela dans le film ! Une bonne partie des aventures se passent désormais sous un ciel bleu et dans de grands espaces dégagés.

De plus, dès le début du livre, la possibilité que les dinosaures se retrouvent sur le continent est mise en avant là où dans le film, l’éventuelle évasion de ces derniers hors de l’île est totalement occultée. Ce qui donne des enjeux bien plus élevés dans le roman. Enfin, l’île est évacuée dans le film, ne conservant qu’un petit comité et un nombre limité de personnes à l’inverse du roman où les équipes de techniciens, scientifiques et informaticiens restent au complet. Ce qui offre encore plus de proies pour les prédateurs en liberté.

Le comportement des dinosaures s’avère également très différent de l’un à l’autre. Dans le roman ils sont plus souvent au contact des humains. Ainsi lors de la visite dès le début, les personnages aperçoivent les animaux dans leurs enclos. Le T-Rex faisant par ailleurs une magnifique – et sanglante – démonstration de chasse. Les Raptors, eux, ne sont pas enfermés dans une fosse mais bien derrière une simple clôture électrifiée. Elle les rend alors visibles dès le début. Ce qui engendre d’ailleurs, une première rencontre mouvementé et une scène qui laisse présager du pire s’ils viennent à sortir… Des comportements qu’on ne verra malheureusement pas dans le film. Dommage.

En outre, de manière plus générale, les dinosaures, surtout les carnivores s’avèrent plus vicieux et dangereux dans le roman, faisant parfois naître de véritables angoisses pour le lecteur qui se surprend à guetter et redouter leurs présence. Véritables machines à tuer, retorses et belliqueuses, les Vélociraptors font culminer ces sentiments lors de leurs apparitions. Si – contrairement au film – ils ne rivalisent pas avec les humains niveau capacité d’ouverture de portes, ils font cependant montre d’une intelligence extrême. Ils agissent constamment en bande, acculant leurs proies et leur tendant des pièges élaborés. Ainsi, les morts s’avèrent plus nombreuses, plus imprévisibles et plus gores dans le roman que dans le film.

Enfin, dernière différence importante, le roman met beaucoup plus l’accent sur les modifications génétiques induites par la « résurrection » des dinosaures. Dans la saga cinématographique, il faudra attendre les 3ème, 4ème et 5ème films pour que les personnages admettent que les dinosaures du « Jurassic Parc » n’en sont pas vraiment. Dans le roman, dès le début Henri Wu indique que régulièrement les « versions » des dinosaures subissent des modifications pour correspondre aux standards attendus et offrir de nouvelles améliorations…

Alors, roman ou film ?

Couverture du roman Jurassic Park aux éditions Pocket.

Comme souvent, le roman se trouve bien plus développé que le film et les intrigues mieux construites. Elles vont d’ailleurs bien plus loin avec la fuite avérée de dinosaures en dehors de l’île et l’apport de réponses à de nombreuses questions laissées en suspens dans le film. En outre, la plupart des personnages bénéficient d’un traitement plus en profondeur. Ainsi, Malcolm – bien plus alarmiste et pessimiste – annonce par de nombreuses théories l’échec qui arrive. Grant, lui, prend vite conscience qu’il s’agit d’animaux de foire uniquement récrées dans le but de les exploiter. Par ailleurs, sans rien enlever au côté spectaculaire du film, le roman, par sa violence et sa nervosité, fait plus facilement naître chez le lecteur la terreur et l’angoisse.

De plus Crichton évoque de manière beaucoup plus critique les dérives de l’automatisation et de la génétique. Ainsi, sous sa plume, l’accident sera avant tout provoqué par l’automatisation globale du système, la trop grande confiance des concepteurs en celui-ci et le contrôle absolu qu’ils souhaitent exercer. C’est d’ailleurs pour cela que le fonctionnement général du parc est tout autant sujet à caution de la part de Malcolm que la création des dinosaures. Crichton évoque également l’utilisation des dinosaures pour l’agriculture ou dans le domaine militaire. Des points que l’on ne retrouvera pas à l’écran avant « Jurassic World ».

À l’inverse, le film utilise tous les mécanismes qui ont fait le succès de Spielberg jusque-là. Il joue avant tout sur le spectaculaire et sur la mise en scène. Mais offre cependant une dimension plus intimiste puisque le nombre de personnes présentes sur l’île est drastiquement réduit. Il insiste également sur les scènes d’action et profite des effets spéciaux pour faire sursauter les spectateurs. Ainsi, certaines séquences font intervenir des moments de suspens particulièrement réussis, voire quelques éléments d’une violence marquante. Mais son ambiance reste beaucoup plus légère, émaillée ici et là de remarques humoristiques tournant en dérision certaines hypothèses scientifiques.

En bref, le roman offre peu de temps mort et s’avère plus horrifique et violent. À la lecture de ce dernier, on ressent vraiment la lutte désespérée des personnages pour leur survie face à une force implacable et primitive qui échappe totalement au contrôle de ses créateurs. Le livre est donc éminemment plus scientifique, critique et sanglant que le film. À l’inverse, celui-ci, prend son temps. Il offre plus de place à l’imagination, présentant des dinosaures comme nombres d’enfants les ont rêvés. Il suffit d’ailleurs de voir encore aujourd’hui à quel point les dinosaures du « Jurassic Parc » sont, pour beaucoup, une vision réelle de ce qu’était ces animaux pour comprendre que ce dernier a, sans commune mesure, influencé et marqué toute une génération. Et sans doute plus encore.

Personnellement, j’étais assez jeune quand j’ai découvert le film, je garde donc une tendresse particulière pour celui-ci. D’autant que le casting, vraiment impeccable, m’a permis de me familiariser avec les personnages et les dinosaures. Néanmoins, plus tard, à la lecture du roman j’ai eu un véritable coup de cœur pour ce dernier. Il a fait naître en moi – en plus d’une curiosité accrue pour la théorie du chaos – des angoisses viscérales et une terreur extrême sur certaines scènes. Et j’avoue avoir adoré ça !

Pour conclure.

Affiche du film.
Affiche du film Jurassic Park.

Une fois de plus, le but ici était de faire un petit comparatif rapide entre film et roman. L’objectif était également de présenter ce dernier sans doute moins connu que le film qui fut un succès mondial. Néanmoins le roman mérite lui aussi un peu de gloire tant le génie du regretté Michael Crichton s’exprime clairement à travers ses pages.

Le roman a d’ailleurs servi de base pour les autres films. Ainsi, le début du second film reprend l’attaque de la fillette par les compys présente en introduction du roman. La scène de la volière et de la rivière apparaît dans le troisième film – même si le spinosaure remplace alors le T-Rex. Le fait que Lex et Tim soient invités par Hammond pour oublier le divorce de leur parents se voit réutilisé dans le quatrième film et transposé sur Zach et Gray, alors invités V.I.P. de leur tante à « Jurassic World ». Quant au discours de Malcolm à propos de l’inéluctable et des changements majeurs dans le cinquième film, il provient en grande partie mot pour mot du roman.

En conclusion, je dirais que ces deux œuvres ne sont pas vraiment comparables. Les divergences et modifications apportées au roman pour le film s’avèrent en effet suffisantes pour donner des situations différentes. Voir – ou lire – l’un ne vous empêchera donc pas de bondir régulièrement lors de la découverte du second. De ce fait, en tant que classique du 7ème art, le film reste un incontournable qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Mais pour les amateurs de thriller, pour ceux qui aiment frissonner ou pour les amoureux des dinosaures, je vous conseille fortement de tenter l’expérience avec le livre. Vous ne serez pas déçu !

Enfin, je vous rappelle qu’il ne s’agit ici que d’une analyse comparative découlant de l’avis personnel d’Ar’Kady. Vous êtes parfaitement en droit d’avoir une opinion différente, que ce soit sur le film ou le roman. N’hésitez donc pas à en débattre – en restant courtois bien sûr – dans les commentaires. Ils sont là pour ça ! Pour finir, si vous avez vu/lu les deux, n’hésitez pas non plus à voter pour votre favori dans le sondage.

 

« Avez-vous la moindre idée des chances que vous avez, vous ou n’importe lequel d’entre nous, de sortir vivant de cette île ? »
– Ian Malcolm, Jurassic Park, roman (1990).

Sources

Le visionnage du film « Jurassic Park » bien sûr et la lecture du roman.

Ainsi que :
– 
le site Jurassic-park.fr qui regroupe pas mal d’infos sur cet univers. Il offre aussi un résumé détaillé hallucinant du film avec toutes les répliques et un comparatif scènes par scènes entre le film et le roman.
– la page wikipédia du roman
– 
la page wikipédia du film, Toutes deux particulièrement bien détaillés. Et présentant également un excellent comparatif entre les deux œuvres.

2 réponses sur “Jurassic Park – roman vs film.”

  1. Bonjour, je viens de terminer la lecture du roman et je suis d’accord avec vous.

    Je voulais juste préciser que certaines autres scènes du livre apparaissent dans les autres films:
    la mort de hammond (attaqué par des compsognathus) (vu dans le monde perdu)
    le tyrannosaure qui attaque les enfants qui se refugient derriere la cascade (le monde perdu)
    le sauvetage des personnages par l’armée (fin du film 3)….
    Cordialement,

    Pereira Julien.

    1. Bonjour Julien.

      En effet, ces scènes aussi sont plus ou moins reprises dans les autres films (parfois avec des personnages différents, comme pour l’attaque des Compsognathus ou des T-Rex). Merci de votre précision.

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