Megalodon vs En eaux troubles – roman vs film.

Bonjour à tous, je suis Ar’Kady, votre guide cinématographique. Aujourd’hui, je vais vous parler d’une adaptation récente. En effet, prise d’une envie de frissonner je suis récemment allée voir « En eaux troubles ». Quelle n’a pas été ma surprise à la fin de la projection de voir indiqué dans le générique que ce film est librement inspiré du roman Megalodon de Steve Alten. Roman que votre guide cinématographique avait lu il y a déjà quelques années. Et qu’elle avait adoré.

Ni une, ni deux, je n’ai donc pu m’empêcher de faire un petit comparatif entre les deux. Alors, vaut-il mieux lire le livre ? Voir le film ? Est-ce judicieux de les comparer ? Voici une petite analyse sans prétention de ma part.

/!\ SPOILERS pour le film ET le roman.

Megalodon, de Steve Alten.

Les origines du roman.

megalodon
Couverture du roman Megalodon aux éditions du Rocher

Peu connu de notre côté de l’Atlantique, l’auteur américain Steve Alten connaît un bon succès dans son pays natal. Et ce grâce à ses différents romans revisitant les clichés de la science-fiction et du roman de monstres. Agrémentés en général d’une bonne dose de grand spectacle…

Parmi ceux-ci, on trouve la série Megalodon – The Meg en anglais – et dont le roman éponyme, paru en 1997, en est le premier tome. Composée au total de 5 tomes – dont seul les deux premiers ont été traduits en français – la série s’attache à suivre le Megalodon, super-requin préhistorique remonté – suite à une erreur humaine – du bas-fond des océans pour semer la terreur dans nos mers. On peut donc aisément rapprocher ces romans des Jurassic Park – oui oui, à la base ce sont des romans ! – de Michael Crichton. D’autant qu’il est, ici aussi, questions de bébêtes qui auraient vraiment – mais alors vraiment ! – dû rester éteintes.

Les 5 tomes de la série :

  • Megalodon, 1997
  • La Terreur des abysses, 2000
  • Primal Waters, 2004
  • Hell’s Aquarium2009
  • Nightstalkers, 2016

Personnellement, j’ai lu le premier tome il a quelques années déjà. Et je viens juste de finir le second. Je n’avais jamais capté qu’il s’agissait d’une série jusque-là…

Les grandes lignes du roman.

Jonas Taylor est obnubilé par ses recherches sur le Megalodon – requin géant prétendument éteint – au détriment même de sa vie conjugale qui bat de l’aile. L’origine de cette névrose remonte à un accident, survenu 7 ans plus tôt quand il travaillait pour l’U.S. Navy. Lors d’une plongée dans la fosse des Mariannes, au « Challenger Deep » – dépression océanique la plus profonde de la planète – Taylor a paniqué. Il a ainsi provoqué la mort de ses deux collègues en remontant d’urgence le sous-marin. Il avait en effet aperçu une lueur fantomatique rôder autour de l’engin. Persuadé qu’il s’agissait d’un Megalodon, il passe depuis lors son temps à se documenter sur la créature.

Lorsque Terry Tanaka, vient le trouver pour lui demander de replonger au fin fond de la fosse des Mariannes, il faut quelque temps à Jonas pour se décider, tant sa peur des profondeurs est importante. Mais finalement, son obsession pour découvrir l’origine de cette lueur prend le dessus. Il descend donc avec DJ – le frère de Terry – dans la fosse. Et se retrouve nez à nez avec son pire cauchemar : le Megalodon ! Qui n’était pas une hallucination ! Ce dernier détruit alors le sous-marin de DJ, le tuant sur le coup, avant de se retrouver enroulé dans son câble de remorquage. Et lorsqu’à la surface, après avoir perdu le contact avec les deux sous-marins, l’équipage décide de rembobiner le câble, ils embarquent – sans s’en rendre compte – le Megalodon piégé.

Surgit alors un second animal – encore plus gros – qui se précipite sur le premier et le dévore. Sous les yeux impuissants de Jonas – toujours coincé au fond de l’eau et dont la radio est cassée – le Megalodon remonte alors petit à petit, dévorant son congénère. Barbotant ainsi dans le sang chaud l’animal traverse pour la première fois depuis des millénaires la thermocline – couche d’eau beaucoup plus froide faisant office de barrière thermique – qui maintenait jusque-là son espèce prisonnière dans les profondeurs de « Challenger Deep ». Dès lors, la course à la survie est lancée. Parce que pour ce requin géant et belliqueux, les chalutiers ne sont que du menu fretin, les baleines des en-cas, et les surfeurs des amuse-gueules…

De plus, avec un super-prédateur lâché dans les eaux de surface, c’est tout l’écosystème marin qui risque de basculer. En effet, les baleines dévient de leurs chemins de migration, il y a des échouages massifs et des cadavres d’animaux un peu partout… Même le tourisme côtier en prend un coup ! Il faut donc trouver un moyen d’arrêter le « Meg ». Tout le monde est donc en alerte et les plans de bataille se succèdent les uns après les autres sans grand succès. Même l’armée américaine ne parvient pas à stopper l’animal. D’autant qu’au fil des jours – et des attaques – deux camps émergent. Certains veulent détruire le Megalodon, là où d’autres espèrent le capturer et l’étudier grâce à un lagon géant qui vient juste d’être fini de construire.

Après moult déboires – agrémentés de yachts croqués, de baleines massacrées, de baigneurs dévorés, d’hélicos coulés, de sous-marin fracassés ainsi que de nombreuses crises de nerfs et de panique – c’est Jonas lui-même qui – se faisant avaler par la bête tel son homonyme biblique – tranchera le cœur de l’animal. Heureusement pour la science – et pour les tomes suivants ! – le Megalodon, qui était une femelle, aura eu le temps de mettre au monde des rejetons, dont un sera capturé et enfermé dans le lagon géant pour y être étudié…

L’avis perso d’Ar’Kady sur ce livre.

Primal Waters, couverture du roman.

Steve Alten nous livre ici un « opéra aquatique morbide façon Jurassic Park rencontre les Dents de la Mer ». Loin d’être un nanar cependant, le roman surprend par son côté très visuel avec des indications de « flash » ou de « boum », lors d’orage ou de choc ainsi que des passages très rapides d’un point de vue à un autre et qui donnent ainsi l’impression d’avoir un film se déroulant sous nos yeux. En outre, il est relativement crédible.

Relativement oui, parce que le dénouement final est quand même grandement improbable… D’ailleurs, je n’entrerai pas dans le débat pour savoir s’il est réaliste ou non de penser que les Megalodons puissent avoir survécu au fin fond de « Challenger Deep ». Où s’ils peuvent en remonter un jour. Dans tous les cas, l’auteur s’est attaché à répondre à ces questions au fur et à mesure de son roman, avec des théories qui – quoique parfois loufoques – sont relativement bien amenées et portées par les différents protagonistes tout au long du roman.

Il n’en reste pas moins que ce roman est avant tout une œuvre de fiction. Une œuvre, oui, car Alten sait raconter ses histoires. Le rythme est plutôt lent dans la première partie du roman mais tout se précipite dans la seconde. L’écriture est fluide et la tension monte crescendo. On ressent parfaitement bien le stress, la claustrophobie et les angoisses des personnages. Par ailleurs, Alten donne de la profondeur à ceux-ci, laisse traîner une pointe d’humour dans les dialogues, maintient le suspense et fait frissonner les lecteurs d’une main de maître…

De petits déboires en grande opération de capture, en passant par une chasse au scoop et un gigantesque attroupement de curieux – qui se soldera par un bon gueuleton au profit du « Meg » – on rencontre donc divers personnages. On craint pour leurs vies. On frissonne. Mais parfois on espère aussi que la bête triomphera de l’homme ! D’autant que le Megalodon, en bonne star, sait se faire désirer. Et ménage ses apparitions. Mais une fois entré en scène, il ne laisse que désolation, sang et carnage derrière lui ! Ses attaques sont d’ailleurs imprévisibles et surprenantes, aussi bien pour les personnages que pour les lecteurs. Quant au final, il est tout bonnement explosif et glaçant – et accessoirement gore ! Bref, on ne s’ennuie pas une seconde.

Steve Alten nous offre donc ici un « excellent roman à l’américaine, de belles séquences aussi sanguinolentes que nappées d’humour macabre et une épopée maritime haletante ». Une réussite totale et sans prise de tête donc.

« En eaux troubles », de Jon Turteltaub.

Les origines du film.

Megalodon - comparatif
Affiche du film « En eaux Troubles » – « The Meg ».

Le projet du film « En eaux troubles » « The Meg » en anglais – remonte à plus de vingt ans. En effet, en 1997, Disney comptait faire un film à partir du roman de Steve Alten. La trame se centrait alors sur l’expédition de deux plongeurs au fin fond de l’océan. Ces derniers cherchaient à éliminer un Megalodon avant que celui-ci ne fasse un carnage sur les plages de Californie. Le studio a finalement renoncé au projet pour éviter la compétition avec « Peur bleue »autre film de requin, sorti en 1999.

Frustré de ne pas voir se réaliser le film, Steve Alten écrit alors son propre scénario – à partir de son roman – et le montre à un producteur. Le projet passe ensuite entre les mains de nombreux réalisateurs : Guillermo del Toro, Lawrence Gordon, Lloyd Levin et enfin Eli Roth en 2015. Néanmoins, c’est finalement Jon Turtelaub qui récupère le projet, sorti sur écrans géants en août 2018.

Les grandes lignes du film.

Jonas Taylor est un plongeur-sauveteur spécialisé dans la récupération en eaux profondes. Avec son équipe, ils sont chargés de sauver l’équipage d’un sous-marin nucléaire bloqué dans la fosse des Philippines. Mais alors que la mission semble se dérouler sans anicroches, voilà que le sous-marin plie dangereusement sous une force extérieure inconnue. Revenu dans la capsule de sauvetage, Taylor est contraint – pour sauver les 11 hommes avec lui – d’éjecter le sous-marin de secours. Condamnant ainsi 8 autres hommes dont ses deux équipiers restés dans l’épave, laquelle explosera sous la dépressurisation.

5 années plus tard, au large des côtes chinoises, Morris se rend sur la station de recherche Mana One, qu’il a financé. L’équipe scientifique est sur le point de franchir une nouvelle étape dans la découverte des océans. En effet, un petit équipage, à bord d’un sous-marin est descendu jusqu’au fond de la fosse des Philippines. Mais le groupe pense que ce qui semble être le sol, ne serait en réalité qu’une couche de sulfures qui cache un nouveau monde totalement inconnu. Avec précautions, le sous-marin s’engage dans cette mer de nuages… et ressort de l’autre côté. Fasciné, l’équipage découvre alors de nouvelles espèces et un monde totalement nouveau. Mais soudain, le sous-marin est attaqué par une créature qu’ils ne peuvent distinguer.

À la surface, dans la station Mana One, c’est la panique lorsqu’ils perdent le contact avec leur équipage. Mac, le responsable de la station décide donc de faire appel à un spécialiste pour aller les sauver. Avec Zhang ils partent donc rapidement récupérer Jonas Taylor, dont on dit qu’il est le seul à être descendu si profond. Il ne faudra à Jonas que peu de temps pour retrouver l’équipage en détresse. Mais il comprendra vite également que l’animal qui les attaque est le même qui a réduit en miette le sous-marin nucléaire il y a 5 ans : un Megalodon. Après un sauvetage de justesse – qui aura tout de même coûté la vie à un des scientifiques – tout le monde est de retour sur Mana One.

Mais très vite, l’équipe découvre que le « Meg » est remonté lui aussi, grâce à la masse d’eau chaude créée par l’explosion du sous-marin. Commence alors une gigantesque chasse pour traquer et capturer l’animal avant qu’il ne fasse un carnage dans les eaux de surfaces. Après quelques déboires – dont un marquage mouvementé et une cage à requin presque avalée – le Megaldon succombe au produit que l’équipe lui a injecté. Mais alors que tout semble fini, un second animal – encore plus gros que le premier – surgit des eaux et coule leur bateau. Une nouvelle chasse est donc lancée, d’autant que cette fois-ci le Megalodon s’approche clairement des côtes chinoises et de Sanya Bay où des milliers de baigneurs barbotent, inconscients du danger.

Mais l’équipage arrive trop tard. Le Megalodon vient de semer la panique sur la plage où d’infortunés nageurs lui ont servi de casse-croûte. Néanmoins le groupe parviendra à attirer l’animal sur les hauts-fonds afin de l’achever grâce à Jonas et Suyin qui – à bord de leurs sous-marins monoplaces – livrent une épique et angoissante bataille contre le Megalodon. C’est Jonas qui parviendra finalement à vaincre la bête en utilisant un débris de son sous-marin pour lui ouvrir le ventre puis en lui plantant – dans un épique face-à-face – un harpon dans l’œil. La bête achevée, les océans retrouvent alors leur calme…

L’avis perso d’Ar’Kady sur le film.

Affiche du film En eaux troubles - The Meg
Affiche du film « En eaux troubles » – « The Meg ».

On retrouve l’ambiance des profondeurs du roman, surtout dans les premières minutes du film. Les images dans le sous-marin nucléaire puis dans celui d’exploration révèlent sans mal l’ambiance claustrophobe et angoissante qui y règne. Les vues du fin fond de la fosse sont également bluffantes et très belles. Tout comme celles de l’étage sous-marin de Mana One. Visuellement le film est donc relativement beau.

Mais passé ce vernis, on retrouve malheureusement les ficelles grossières de tout film à suspense. Des jump scare – dont pour la moitié on sait qu’ils arriveront à ce moment précis. Des personnages drôles mais à la limite de la caricature. Un héros dur à cuire au lourd passé qui sera toujours en première ligne. Une gamine mignonne et très courageuse. Un méchant prévisible. Et surtout un scénario épuré pour se concentrer sur les effets visuels. Même le Megalodon n’est pas toujours convainquant car changeant régulièrement de taille selon les scènes. Ce qui finit par nous embrouiller un peu.

Il est ainsi regrettable que le film ait pris le parti du spectaculaire au détriment du « réalisme ». Qui serait assez fou pour se mettre à l’eau dans le but de marquer un requin de 25 mètres de long ? Quelle gamine de 8 ans tombant à l’eau alors qu’un Megalodon rôde dans les parages ne hurlerait pas ? Et prendrait même le temps de sermonner l’adulte qui panique à ses côtés ? Quel scientifique resterait tranquillement dans l’eau alors qu’une carcasse géante est en train de saigner juste à côté ? Et risque donc d’attirer tous les requins du coin… Alors certes ces scènes sont superbes, elles font frissonner et sursauter. Mais elles sont aussi improbables qu’une scientifique courant en talon haut devant un T-Rex pour le pousser à attaquer un autre dinosaure… Et leur dénouement en est d’autant plus prévisible…

De plus, la seconde partie du film en oublie presque le semblant de scénario pour simplement se concentrer sur le combat homme versus « Meg », allant jusqu’à mettre dans l’eau un Statham survolté en face du Megalodon. Et sans aucune protection. Néanmoins côté action et rebondissements on est plutôt bien servi. Mais c’est au détriment de la cohérence du scénario. On peut aussi regretter le peu de prise de risque au niveau des morts – le film est PG13 ! Alors certes, vu la taille de l’animal, c’est logique que les hommes soient souvent gobés directement. Mais même la scène de la plage, qui pourtant montre un bon carnage nous laisse sur notre faim car presque trop courte.

Au final, le film n’en fait que le minimum pour satisfaire le public au détriment de l’ambiance dramatique, sanglante et angoissante à laquelle on aurait pu s’attendre. Il reste néanmoins divertissant, amusant et intéressant à voir.

Comparatif : Megalodon versus « En eaux troubles ».

Les points communs.

À la réflexion, il n’y a pas tant que ça de points communs entre les deux œuvres.

Bien sûr, dans les deux cas, le personnage principal s’appelle Jonas Taylor et c’est un ancien pilote de sous-marin. Mais la ressemblance s’arrête là. L’un étant devenu par la suite un paléontologiste timide, un peu dépassé, souffrant de stress post-traumatique mais passionné par les requins et ses recherches, là où l’autre est désormais un semblant d’ivrogne parti s’enterrer en Thaïlande mais reste assez héroïque pour affronter la bête à main nue, lancer ici et là quelques catch-phrases et sauver des vies à tour de bras.

On retrouve également la forte relation père-fille. Entre Masao et Terry Tanaka, pour le roman, et entre Zhang, Suyin et Meiying pour le film. Certains noms sont également réutilisés, mais pour des personnages qui n’ont plus rien à voir de l’un à l’autre. Mac, ancien militaire pilote d’hélico dans le roman, devient gérant de la mission Mana One dans le film. DJ, frère de Terry Tanaka et première victime du Megalodon est désormais un informaticien ne sachant pas nager et relativement peureux… Même la femme de Jonas change complètement. Maggie, journaliste ambitieuse, manipulant son mari – et son amant – jusqu’à sa propre perte, devient Lori, ex-femme de Jonas et pilote chevronnée de sous-marin…

Seul le personnage de Frank Heller reste finalement assez proche d’une version à l’autre. Médecin militaire ayant réduit la carrière de Taylor en miette après l’accident il refuse de croire à l’éventuelle existence d’un Megalodon. Jusqu’à ce que l’animal se trouve en face de lui.

Bien sûr, on retrouve aussi le « Meg » – ou les « Meg », devrais-je dire. Mais là aussi, il y a plus de différences que de ressemblances. Celui d’Alten a une peau blanche et luminescente en plus de finir rapidement aveugle. Celui de Turteltaub est gris. Et y voit parfaitement bien.

Les divergences.

Affiche du film « En eaux troubles » – « The Meg. »

Du coup, les divergences sont très nombreuses entre les deux œuvres. Déjà, l’action est déplacée. Dans le roman, tout se passe au large des côtes japonaises et des plages de Floride ainsi que dans la fosse des Mariannes et le « Challenger Deep ». Dans le film, on migre vers les côtes chinoises, la fosse des Philippines et la plage de Sanya Bay.

Le contexte est différent aussi. Là où, dans le roman, seul Jonas et DJ descendront dans la Fosse des Mariannes pour remonter des sondes sous-marines, nous avons, dans le film, un total de 5 personnages se rendant dans celle des Philippines pour une mission scientifique suivie d’un sauvetage en profondeur. De ce fait, le Megalodon ne remontera pas non plus de la même façon puisque les conditions lui permettant de traverser la thermocline seront différentes.

D’ailleurs, l’une des plus importantes divergences entre le film et le roman reste tout de même autour du Megalodon. Dans le roman, l’animal étant habitué à l’obscurité, il ne supporte pas la lumière du jour. Il lui faudra bien du temps avant d’apparaître finalement en pleine lumière. En outre, Jonas affrontera – plus ou moins – 5 Megalodons. Le premier finira dévoré par sa femelle. Laquelle mettra 3 rejetons au monde. L’un d’entre eux sera aussitôt dévoré par sa propre mère et le second par des orques. Mais le dernier rejeton causera aussi un peu de soucis à notre héros. Et sera d’ailleurs la star du second tome ! Par ailleurs, dans le roman, à de nombreuses reprises Alten s’attache à suivre l’animal et son schéma de pensées, expliquant telle ou telle action, tel ou tel comportement, plongeant donc le lecteur directement dans l’esprit primitif de la bête.

On ne retrouvera rien tout ça dans le film. Certes, les Megalodons sont deux, mais sans que l’on sache d’où provient ce deuxième animal. Lequel apparaît d’ailleurs d’un seul coup, avec pour seul but de faire sursauter le spectateur ! L’animal sera également bien plus exhibitionniste. Exit les scènes d’angoisses du roman se déroulant la nuit ou au coucher du soleil, où le lecteur se demande quand la bête va surgir. Dans le film, le « Meg » reste bien plus souvent bien visible à la surface. Il ira même jusqu’à s’approcher des plages. Ce qu’il ne fait pas dans le roman, à l’exception d’une course-poursuite haletante avec quelques surfeurs un peu trop éloignés des hauts-fonds.

Enfin, dernière modification importante : la temporalité. Dans le roman, quelques semaines s’écoulent entre la remontée du Megalodon et sa destruction. Avec parfois pour l’équipe de longues journées sans voir l’animal. Et à devoir ainsi se contenter de suivre les cadavres de baleines ou les carcasses de bateaux laissés dans son sillage. Des semaines durant lesquelles le monde entier – grâce au reportage de Maggie Taylor – est au courant de l’existence de ce super requin. Dès lors une grande opération militaire est mise en place. Elle aboutit d’ailleurs à un superbe et haletant face-à-face entre le requin et un vieux sous-marin militaire.

Dans le film, en revanche, il ne se passera que très peu de temps entre la remontée et la mort des Megalodons. Mais surtout, à l’exception des malheureux baigneurs de Sanya Bay ou d’un chalutier au mauvais endroit au mauvais moment, personne n’est mis au courant de la mort géante qui rôde dans les eaux internationales…

Alors, roman ou film ?

Megalodon - comparatif
Meg, couverture anglaise du roman.

Le roman est bien plus développé, à commencer par son prologue, qui nous livre un dantesque combat entre un Megalodon et un T-rex en guise de mise en bouche. Il insiste également plus sur le côté « catastrophe écologique » que la présence du Megalodon va déclencher. En outre, le côté scientifique de Jonas y est bien plus poussé, permettant de caler ici et là des explications scientifiques crédibles. Et justifiant leurs actions tout au long de la lecture. De plus le combat contre le Megalodon est bien plus épique. Il y en a déjà plusieurs, ils sont donc plus longs au total. Mais la scène finale est un formidable affrontement entre le « Meg », l’armée, les scientifiques, les journalistes, des bateaux et même des hélicos. Elle est donc réellement plus impressionnante, angoissante, sanglante et sujette au suspense que toutes les scènes du film.

En outre, dans le roman, la dimension « critique » est également bien plus importante à travers l’existence de divers personnages. Ainsi, sous la plume d’Alten, militaires et journalistes en prennent gaiement pour leur grade ! D’abord à travers les personnages de Danielson et Heller. Anciens commandants militaires de Jonas, ils sont menteurs, incompétents, obtus et lâches. Ensuite à travers Maggie. Journaliste insupportable n’hésitant pas à manipuler le public, elle se sert de la chasse au requin comme un moyen de promotion médiatique. Alten s’en donne donc à cœur joie dans la critique ouverte contre la course à l’audimat ou la hiérarchie militaire. D’autant que son Megalodon va rapidement remettre les pendules à l’heure pour tout le monde !

Le film, lui, ne garde rien de tout ça. Il mise plutôt sur un récit plus léger et porté sur l’action et le combat de l’homme contre la bête. En revanche, le format se prête plus aux jumps scare et autres mises en scène permettant de temps en temps de faire frissonner et sursauter le spectateur. L’ambiance est plus intimiste également puisqu’on ne suit que l’équipe de Jonas et qu’on ne voit quasiment jamais d’autres humains – exception faite du millier de baigneurs anonymes qui rencontreront le « Meg » dans un malheureux mais court face à face mortel. Cela donne donc au spectateur l’impression d’être réellement dans l’action et de faire partie de cette équipe chassant le Megalodon. De plus dans le film, on ne perd quasiment jamais l’équipe de vue. À l’inverse du roman où certaines scènes – sanglantes – auxquelles le lecteur assistera seront inconnues des protagonistes principaux.

De ce fait, malgré des scènes d’action impressionnantes, le film reste moins épique que le livre. Le premier remplit néanmoins tous les codes du blockbuster avec de l’action à gogo, de gros effets spéciaux, une touche de romance, beaucoup d’humour et pas mal de clichés. Il s’amuse aussi à faire des références appuyées aux « Dents de la mer » ou « Peur bleue ». Le second utilise moins d’artifices et se concentre plus sur le rythme et les rebondissements. Pas de temps morts avec des considérations humoristiques ou romantiques, chez Steve Alten tout est nerveux, sanglant, angoissant et précis.

Personnellement, même si j’ai passé un très agréable moment au ciné devant le film, j’ai une nette préférence pour le roman, pour lequel j’ai eu un vrai coup de cœur lorsque je l’ai découvert il y a quelques années.

Pour conclure.

Megalodon - comparatif
Affiche du film « En eaux troubles » – « The Meg »

Le but ici était de faire un petit comparatif rapide entre les deux et surtout de présenter le roman. Bien moins connu que le film, il mérite néanmoins d’être lui aussi connu. Parce que déjà sans Steve Alten nous n’aurions pas eu le film, ensuite parce qu’il est tout de même plus complet et intéressant à lire. D’autant que je vous assure qu’une fois pris dedans, vous le lisez très très vite.

Je conclurais donc en disant que ces deux œuvres ne sont pas vraiment comparables. Et ce même si le film tire son origine du roman. En effet, les formats choisis divergent assez pour qu’au final on ait presque deux histoires totalement différentes avec seulement quelques noms ou événements qui se recoupent. Voir – ou lire – l’un ne vous gâchera donc pas la découverte du second. De ce fait, pour les amateurs de ce genre de film, « En eaux troubles » reste un bon divertissement qui se laisse voir et apprécier. Et pour les plus curieux, tenter l’expérience avec le livre – voir le second tome – vaut également largement le coup !

Enfin, je vous rappelle qu’il ne s’agit ici que d’une analyse comparative découlant de l’avis personnel d’Ar’Kady, votre guide cinématographique. Vous êtes parfaitement en droit d’avoir une opinion différente, que ce soit sur le film ou le roman. N’hésitez donc pas à en débattre – en restant courtois bien sûr – dans les commentaires. Ils sont là pour ça ! Pour finir, si vous avez vu/lu les deux, n’hésitez pas non plus à voter pour votre favori dans le sondage.

 

« L’Homme contre le Meg c’est pas une bataille. C’est un carnage. »
– Jonas Taylor, « En eaux troubles » (2018)

Sources

La lecture des romans Megalodon  et La terreur des abysses de Steve Atlen. Le visionnage du film « En eaux troubles », de Jon Turteltaub.

Ainsi que :
– la page du film sur allociné pour les infos sur les origines de celui-ci,
– le site internet de Steve Alten,
– la critique de psychovision.net, sur le roman, super bien rédigée et à qui j’ai emprunté plusieurs tournures de phrases !

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