Geralt de Riv entrant dans Blaviken

The Witcher, les points forts et les points faibles de la série Netflix – Saison 1 (no spoil)

Après avoir vu cette première saison que j’attendais avec impatience, je vous propose une petite critique de celle-ci. Nous n’allons pas aborder ici les similarités et divergences vis-à-vis des livres, je me pencherais sur les divergences majeures entre les livres et la série dans un article dédié.

À titre d’information la saison 1 de la série Netflix The Witcher est composée de 8 épisodes d’une heure environs qui sont sortis en décembre 2019. Elle est adaptée de la saga littéraire du Sorceleur d’Andrzej Sapkowski qui a également fait l’objet d’adaptation en jeu vidéo par le studio CD Projekt, ce qui explique en grande partie l’engouement des fans sur les réseaux sociaux. La série est dirigée par la showrunneuse américaine Lauren Schmidt Hissrich qui a déjà annoncé pouvoir développer la série sur au moins sept saisons. Cependant, seules deux saisons sont pour l’instant officiellement annoncées et une seule est actuellement disponible.

Une chronologie chaotique

Le plus gros point noir de la série est de ne pas avoir fait l’effort de clarifier la chronologie complexe des recueils de nouvelles dont elle est inspirée. On obtient ainsi trois temporalités très distinctes, chacune dédiée à un personnage : Geralt, Yennefer et Ciri. La série fait ce choix pour conserver des scènes qui se passent à des moments chronologiques variés dans les livres, mais malheureusement on s’y perd ! Les timelines évoluant en parallèles rendent l’intrigue complexe, principalement au niveau des scènes se déroulant à Cintra où l’on voit tantôt la fille, la petite fille et la reine, adulte, enfant ou absente. Cette chronologie décousue rend l’intrigue assez compliquée ou tout du moins l’appréhension des personnages à l’écran prend plus de temps. Les joueurs du jeu vidéo The Witcher ou les lecteurs des romans s’en sortiront mieux dans cet exercice.

J’ai eu beau lire les livres, j’ai compris cette temporalité différente entre les scènes d’un même épisode et les personnages assez tard. J’ai eu cet électrochoc principalement lors de la rencontre à Cintra de Calanthe avec le Sorceleur et Jaskier, un peu tard en somme. Quoi qu’il en soit le spectateur ne s’y retrouve pas facilement, c’est ainsi que Netflix a fait le choix de publier une timeline en image et que le site de la série la reprend également pour tenter de clarifier les choses. La preuve s’il en est que ces trois arcs narratifs ne rendent pas les choses faciles.

On peut même se demander si l’épisode 4 où l’on revoit différentes scènes sous un autre angle, n’est pas uniquement construit pour guider le spectateur dans la bonne compréhension de la trame. C’est ainsi que je l’ai perçu, ce qui à mon sens est révélateur également d’une narration chaotique. Cela devrait s’arranger avec la prochaine saison. Étant donné que la chronologie des livres se concentre sur la geste de Geralt on pourrait s’imaginer 3 arcs narratifs toujours centrés sur Geralt, Yennefer et Ciri mais cette fois-ci au sein d’une même temporalité, ce qui devrait simplifier grandement les choses.

Un environnement extérieur assez peu développé

L’histoire se déroulant dans un univers médiéval-fantastique inspiré de la Pologone, j’ai apprécié le choix des lieux et le fait d’avoir mis à l’honneur l’Europe de l’Est en tournant de nombreuses scènes là-bas. Pour autant j’ai trouvé l’environnement général assez mal établi. On obtient souvent des scènes limitées à un environnement assez clos. Ainsi même si le choix de la maison du maire de Rinde est assez sympathique, on s’exclu complètement de la ville en montrant seulement un aperçu succinct de celle-ci. On place ainsi l’action dans un lieu isolé. C’est un exemple parmi d’autres, mais si l’on se permet la comparaison à des séries comme Game of Throne, Winterfell et ses alentours est une région claire et définie à nos yeux. Les régions présentées dans The Witcher ne le sont pas à mon sens.

J’aurais apprécié de jolis panoramas en extérieur et des décors naturels sublimés par un univers fantastique plus développé. Cependant, les endroits clos comme les châteaux ou auberges sont plutôt réussis. J’ai là aussi bon espoir que les choses s’arrangent, à mesure que la série prendra son envol, si le budget le permet nous devrions voir l’univers s’enrichir. J’ai personnellement de grandes attentes à ce sujet.

Un Casting sympathique

Je trouve personnellement le casting plutôt réussi pour du grand public, si on exclu la qualité en terme d’adaptation vis-à-vis des livres. Henry Cavill est très charismatique dans le rôle de Geralt, même si la prise de risque n’est pas vraiment au rendez-vous avec le choix de cet acteur. Jaskier est un personnage attachant, qui apporte beaucoup au duo par l’humour. Je n’ai pas un grand attachement au personnage de Ciri. Elle est sans doute interprétée par une actrice légèrement trop vieille mais j’imagine que ce choix permettra à la série de couvrir un large panel de temporalités sans trop d’efforts. Cependant, c’est peut être également par ce choix que la chronologie nous semble moins claire, étant donné que l’on ne ressent pas d’évolution physique au niveau des personnages au cours de la saison. Pour ce qui est de l’adaptation il y a beaucoup à dire sur ce point, mais nous verrons cela dans un prochain article.

Où est passé la Dark Fantasy et la Fantasy ?

Concernant l’aspect Dark Fantasy, je m’imaginais d’avantage une ambiance sur les pas de ce qui a été proposé dans la série Vikings, on s’en approche parfois, mais pas dans la globalité. Les combats du sorceleur sont assez basiques, les costumes sont un peu simples, voire à l’aspect trop neufs. Hormis quelques déferlement de « chaos » les effets spéciaux ne sont pour le moment pas vraiment au rendez-vous et la direction artistique au niveau du bestiaire ne m’a pas convaincue non plus. L’immersion dans le monde fantastique est manquée, ce qui est un problème dans une série de ce type. On ne ressort pas de cette première saison marqué par la spécificité de l’univers, par son ambiance atypique et sombre. La magie est appelé chaos, certes, mais c’est un peu léger en somme. Mention spéciale au dernier épisode qui tend à faire pencher la balance du bon côté. En résumé : Netflix, fais-nous rêver davantage.

Un trop plein de nudité

Bon nombre d’entre vous ne serons peut être pas d’accord sur ce point, mais j’ai eu un ras-le-bol à partir de la moitié de la série quand se sont enchaînées de nombreuses scènes montrant de la nudité. J’ai eu le sentiment qu’arrivée en milieu de série, Netflix avait fait un certain forcing pour imposer cela, et qu’à bon nombres d’endroits, cela ne servait pas le propos. Inutile à mon goût de tomber dans les travers de Game Of Thrones ou même du jeu vidéo The Witcher (un aspect plus présent dans les jeux-vidéos que je comprends mieux en soit). L’aspect mature et adulte de la série ne se définit pas uniquement par la nombre de scène de nudité où le temps à l’écran où l’on montre la poitrine de Yennefer. Je me permettrais notamment comme comparaison la scène du bain qui dans le livre est plus subtile puisque Yennefer par soucis de promiscuité avec Geralt (qui l’a vu nue quelques instants plus tôt, mais ne cherchons pas de logique dans l’esprit de Yennefer) décide de se camoufler par un sort d’invisibilité, ce qui laisse Geralt imaginatif dès que la belle magicienne se rince, l’eau donnant un aperçu de ses formes. Tout cela pour dire qu’il y a d’autres possibilités à explorer, et qu’il est dommage de passer à côté.

Le Bilan : une série avec du potentiel mais pleine d’imperfections

On nous propose clairement une série grand public, on le ressent et on passe ainsi à côté d’une série plus sombre, plus mature et plus dark fantasy qui est ce que l’on attend à l’origine. J’aime les séries grand public, dans certains aspects la sobriété et la simplicité de certains points ne m’ont pas déplu, sur le moment. Le côté clown de Jaskier m’a fait sourire, le Geralt sexy ne m’a pas déplu, le fond de discours féministe ne m’a pas laissé indifférente mais fondamentalement ce n’était pas ce que j’attendais de la série. Accordons une mention spéciale à la musique « Toast a coin to your Witcher » plutôt sympathique, et là aussi grand public. Cela rattrape des choses effectivement puisqu’on nous apprend à aimer cette nouvelle interprétation de The Witcher, mais cela déçoit également avec le recul. Je parle également en tant que public connaissant le matériau d’origine et le potentiel de celui-ci, cette fan de l’oeuvre d’Andrzej Sapkowski aurait sans doute espérée une série à gros budget, pouvant concurrencer Game Of Thrones, mais revenons à la réalité cela ne sera pas le cas. Pour autant il y a beaucoup à retenir de cette série dans laquelle on se plonge avec plaisir. Et même si le lancement est un peu chaotique, donnez une chance au sorceleur, car sa geste est captivante et que les prochaines saisons devraient aller en s’améliorant.

Je lui mettrais la note du moindre mal : 13/20 !

Je vous proposerais prochainement un article avec spoil cette fois, abordant les différences majeures entre les livres et la série The Witcher.

Merci de m’avoir lu, cette critique fait écho de mes attentes vis-à-vis de la série en tant que lectrice des romans, même si je n’aborde pas la qualité de l’adaptation ici, cela influence forcement mon jugement. N’hésitez pas à partager avec nous votre avis sur la série en commentaire de cet article, évitez les spoils pour les lecteurs qui n’auraient pas encore vu la série !

3 réponses sur “The Witcher, les points forts et les points faibles de la série Netflix – Saison 1 (no spoil)”

  1. J’ai adoré l’ambiance, les nombreux monstres tous ces truquages magnifiques. C’est un film splendide violent trés violent un film époustouflant. Un chef-d’oeuvre.

  2. Excellent article, je suis pratiquement d’accord avec vous ^^.
    Alors, personnellement je n’ai lu que le premier tome de la série de notre cher Andrzej mais se sont majoritairement les faits de cette première saison qui y sont relaté donc… pas trop de soucis la dessus. Aussi, je n’ai pas joué au jeux et j’ai vu avant de lire, donc pour la chronologie je n’ai compris que très tard (vers l’épisode 4) que les arcs ne se déroulaient pas au même moment. Et la dessus… j’avoue que ça ma causé quelques problèmes, il m’a fallu me refaire l’histoire dans ma tête avec ces écarts de temps x). L’environnement était assez « isolé » et « clos » c’est vrai mais je trouve que c’est exactement en cohérence avec cet univers fantastique. Les lieux dans les (« le » en l’occurrence) livre(s) me semble décrit comme sombres et fantaisistes, ce qui donne cet aspect isolé et restreint (c’est l’impression que j’au eu) donc l’aspect peu développé des décorts ne me gêne pas trop. Je ne voix pas non plus la Dark Fantasy, j’ai plus trouvé une série Moyenâgeuse, qui se rapproche très peu du Dark Fantasy, surtout car les monstres ne sont pas assez présents. Pour le « forçage » sur la nudité je suis d’accord. Je la trouve un peu trop présente par rapport au livres. La série est globalement bien mais ils ont un peu trop simplifié des faits que je trouvais assez importants. Personnellement je n’ai pas beaucoup de série vue à mon compte mais je vais quand même attribué une note : 15/20. Elle a du potentiel, à voir si ils l’utilisent bien à l’avenir, juste un p’tit conseil pour les « néophytes » : commencé par les livres, c’est toujours mieux les livres ^^. Voilà , j’espère ne pas avoir spoiler quoi que ce soit, c’était mon avis donc tout est subjectif. Je n’ai pas tout dit aussi, c’est quand même long.

    1. Merci beaucoup pour votre avis ! N’hésitez pas à lire les autres livres, la chronologie y est plus simple que dans les nouvelles et la geste du Sorceleur est superbe 😀

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