Portrait de Cahir, le mystérieux chevalier noir
Ils sont nombreux à avoir partagé une partie de la vie de Geralt et à l’avoir suivi dans ses différentes aventures. Voici donc une autre série de portrait sur les hommes humains et … non humains ayant côtoyés le Loup Blanc. Il est temps de se pencher sur le mystérieux Cahir.
Cahir est l’un des membres composant la Hanse de Geralt, rassemblée après les événements de Thanedd. On le rencontre uniquement dans les livres « Le Sorceleur » d’Andrzej Sapkowski. (À partir du Tome 4, officiellement, mais il est évoqué dès le Tome 3 comme le « Chevalier Noir »). Il n’est pas mentionné dans les jeux vidéo.
Une première partie sans spoilers détaille le portrait du chevalier, une seconde partie rentre plus en détails sur l’évolution du personnage dans les romans et une dernière partie évoque la fin des romans.
Portrait de Cahir,
alias Cahir Mawr Dyffryn aep Ceallach
Cahir appartient à une famille noble de Vicovar, les Dyffryn. Son père est sénéchal au service d’Emhyr var Emreis, empereur de Nilfgaard. Âgé d’une vingtaine d’années, c’est un jeune homme solide, de belle stature, aux cheveux noirs et aux yeux bleu foncé. Entraîné pour être un soldat, Cahir est un très bon combattant. De ce fait, il n’a pas peur d’affronter le danger des champs de batailles, dont il est expérimenté. Il se plait d’ailleurs à dire, que l’épée qu’il porte à la ceinture n’est pas juste là pour épater la galerie. Il est lié à la magicienne Fringilla Vigo, dont il est un parent par alliance du côté de sa mère.
Enfant Cahir a perdu son frère, mort au combat face aux armées du Nord, ce qui lui valut les plus grands honneurs. Cahir entend bien suivre la même destinée. Le jour des funérailles, il a juré à sa mère, qu’il vengera son frère en tuant au combat autant de Nordlings qu’il le pourra. Même s’il doit pour cela renier en partie le sang du Nord qui coule dans ses veines, de par sa grand-mère maternelle, Eviva, « la louve du Nord » qui en est originaire. Le destin fait pourtant prendre à Cahir un tout autre chemin lorsqu’on lui propose de rejoindre le service des renseignements Nilfgaardien. Un grand honneur pour lequel il devra faire le choix de renoncer à ses rêves de gloire : se battre dans l’armée régulière.
/ ! \ Spoiler sur les romans
Mais la destinée de Cahir change bien plus profondément le jour où il se voit confier la charge d’une mission tout à fait spéciale : enlever Ciri, la princesse de Cintra, à l’occasion du siège de la ville. Cette première rencontre entre Ciri et Cahir laissera à chacun un vif souvenir. Les nuits de la jeune princesse seront longtemps hantées par ce qui fut connu par la suite comme le Massacre de Cintra et le souvenir de ce sombre chevalier noir portant un heaume aux ailes de rapace. De son côté, Cahir n’oubliera jamais, lui non plus, la jeune princesse à qui il sauva la vie au milieu des cadavres et des flammes.
Ciri réussi pourtant à lui échapper. Et l’échec de sa mission à Cintra, vaut au chevalier d’être passé à la question par ses supérieurs. Un mot de travers envers l’empereur dans un moment d’égarement le condamnera au cachot. Il en ressortira un an plus tard à condition de se racheter de son échec en enlevant à nouveau Ciri, aperçue sur l’île de Thanedd. Cahir accepte, conscient de ne pas vraiment avoir le choix, mais également dans l’espoir de revoir Ciri, dont il rêve parfois. Il échouera une fois de plus mais gardera de cette seconde rencontre avec la princesse, une mauvaise cicatrice à la main gauche.
Voulant à tout prix retrouver Ciri, Cahir se met alors à pister le sorceleur. En effet, il sait que ce dernier est parti à sa recherche. Il croise ainsi le chemin de Geralt à trois reprises avant d’intégrer de manière officielle la Hanse du Sorceleur. Une première fois à Thanedd, une seconde alors qu’il est fait prisonnier, attendant d’être livré aux Nilfgaardiens. Quant à la troisième fois qu’ils se croisent, Cahir sauve la vie de Milva, alors que la compagnie est dans une mauvaise passe.
Pour autant l’intégration du Chevalier Noir dans le groupe est compliquée. Tout d’abord Geralt, qui sait qu’il s’agit du soldat qui hantait les cauchemars de Ciri, dû contrôler ses pulsions pour lui laisser la vie sauve. Cependant, force est de constater que le chevalier s’est avéré bien utile à la troupe. Ainsi même si Geralt ne souhaite pas voyager en sa compagnie, ses camardes ne lui laisseront pas vraiment le choix. Après tout, dans une quête impossible, toute aide est la bienvenue ! Et comme le souligne Milva, « tous ceux qui ont des ennemis en commun sont les nôtres, peu importe les couleurs qu’ils portent. »
Il est l’unique soldat de cette compagnie. De ce fait, sa bravoure et son courage dans la bataille lui font gagner peu à peu les faveurs de l’ensemble de celle-ci. Cahir nomme lui même cette compagnie, la « aen hanse », désignant en Nilfgardien un groupe armé uni par les liens de l’amitié. Pour autant Geralt ne cache pas sa méfiance et son ressentiment à son égard. Il le qualifie même, de « salopard de Nilfgaardien qui s’entête à répéter qu’il n’en est pas un. » Mais Cahir n’en démord pas. Et il s’en expliquera plus tard. Pour lui, cette dénomination ne s’applique qu’aux habitants situés autour de la basse Alba, et non de Vicovar. Un détail pour la plupart des gens…
Mais ce qui préoccupe bien d’avantage Geralt, ce sont les intentions de Cahir vis-à-vis de Ciri. À ses yeux, malgré ses différents exploits au combat et son dévouement pour la Hanse, Cahir reste un ex-soldat Nilfgaardien, qui, par deux fois déjà, a tenté de kidnapper Ciri. Et il est fort probable qu’il se serve du Sorceleur pour récidiver. Il faudra alors différentes discussions et événements, dont principalement une bagarre suite à une accusation de trahison et un coup de hache porté à la tête par un ennemi, pour que Cahir décide de se confesser auprès de Geralt. C’est ainsi qu’il reconnaîtra avoir rejoint la compagnie pour retrouver Ciri, dont il rêve souvent et qu’il ne peut oublier.
Il reconnaîtra même en être éprit. Sachant d’ailleurs qu’il n’a aucune chance auprès de la jeune princesse, Cahir avoue à Geralt préférer la savoir épouse de l’empereur. Il espère ainsi, après réhabilitation, pouvoir la voir de temps à autre. Son honnêteté lui fait gagner l’amitié et la confiance du Sorceleur. Néanmoins ils savent tout deux que lorsqu’ils retrouveront Ciri, il leur faudra faire un choix.
Au-delà des débats internes à la compagnie quant à son statut et ses intentions, Cahir doit également faire face à un statut politique des plus délicats. À mesure que la troupe s’aventure en bordure du front opposant les Nilfgaardiens aux Nordlings, Cahir est, de tous les membres de la compagnie, celui qui prend les plus gros risques. En tant que Nilfgaardien il reste un ennemi aux yeux des armées du Nord. Pour autant il ne peut pas non plus circuler librement en territoire Nilfgaardien où il est recherché pour trahison. Statut auquel a été ajouté tout à fait gratuitement des faits de : meurtre, viol, vol et falsification de documents.
Il risque également à tout moment d’être capturé par des mercenaires pour être échangé en tant que prisonnier de guerre. Pire encore, depuis que la compagnie a déserté l’armée Lyrienne, après la bataille du Pont, Cahir est devenu l’un des rares soldats à avoir lutté dans les rangs de deux armées ennemies et à les avoir désertées toutes deux. Il est ainsi condamné à mort par contumace par chacune d’elles.
/ ! \ Spoiler sur la fin des romans
Cahir aura finalement l’occasion de revoir Ciri, mais cette rencontre sera de courte durée. Alors que les membres de la Hanse tombent un-à-un pendant l’assaut du repère de Vilgefortz, Cahir se propose de couvrir la retraite de Ciri, alors qu’elle-même cherche à sauver Angoulême gravement blessée. Cahir doit alors affronter Bonhart. Malgré la technique et l’expérience du chevalier, le duel tournera rapidement à l’avantage du mercenaire. Un coup d’épée porté au visage, puis dans le cou achèvera Cahir. Le Chevalier Noir meurt finalement de la manière la plus noble qui soit, du moins à ses yeux, en protégeant Ciri, celle qu’il n’avait jamais pu oublier depuis leur première rencontre, 3 ans plus tôt.
Pour conclure,
L’avis de la Showrunneuse Lauren S. Hissrich en charge de la série The Witcher Netflix.
CAHIR IS:
Conflicted.
Charismatic.
Haunted.
Pure of heart.
Despite-being-young-he's-like-a-relic-of-a-simpler-time-when-knights-in-shining-armor-always-won-the-girl-but-now-in-the-face-of-harsh-reality-he-must-learn-what-it-means-to-actually-be-heroic-and-brave-for-others..— Lauren S. Hissrich (@LHissrich) February 11, 2018
Extraits
Tome 3 – Le Baptême du Feu – Discussion entre Geralt et Cahir
— Je t’ai épargné sur Thanedd, j’ai eu pitié de toi, freluquet. Ce faisant, j’ai commis la plus grossière erreur de ma vie. Ce matin j’ai épargné un vampire supérieur qui a sans nul doute ôté la vie à plus d’un humain. J’aurais dû le tuer. Mais je ne pensais pas à lui, car une chose, une seule, me préoccupait : massacrer ceux qui ont porté atteinte à Ciri. Je me suis juré que ceux qui l’avaient offensée le paieraient de leur sang.
Cahir ne disait rien.
— Ce que m’a raconté Milva ne change rien. Il n’en ressort qu’une seule chose : bien que tu te sois donné beaucoup de mal, tu n’as pas réussi à enlever Ciri sur l’île. Tu traînes donc maintenant derrière moi pour que je te mène jusqu’à elle. Pour que tu puisses de nouveau poser tes sales pattes sur elle, car alors peut-être auras-tu une chance d’être gracié par ton empereur et d’échapper à l’échafaud.
Cahir gardait toujours le silence. Geralt se sentit soudain très mal.
— À cause de toi, elle criait la nuit, tonna-t-il. À ses yeux d’enfant, tu as pris les proportions d’un cauchemar. Et pourtant tu n’étais et tu n’es qu’un instrument, le larbin minable de ton empereur. Je ne sais pas ce que tu lui as fait pour hanter ainsi ses cauchemars. Mais le pire, c’est que je ne comprends pas pourquoi, en dépit de tout ça, je n’arrive pas à te tuer. Je ne sais pas ce qui me retient.
— Peut-être, répondit doucement Cahir, qu’en dépit des circonstances et des apparences, nous avons toi et moi quelque chose en commun.
— Je serais curieux de savoir ce que c’est !
— Comme toi, je veux sauver Ciri. Comme toi, je ne m’émeus pas de la surprise ou de l’incrédulité que mon vœu suscite. Comme toi, je n’ai nullement l’intention d’expliquer mes mobiles à quiconque.
…
Tome 4 – La Tour de l’Hirondelle – Altéractation entre Cahir et Jaskier
— Cahir Mawr Dyffryn, fils de Ceallach, énonça Jaskier avec clarté en pointant sur le Nilfgaardien sa mine de plomb. Au sein de cette respectable compagnie, je dois m’accommoder d’un grand nombre de choses que je n’apprécie pas, et que même je ne supporte pas. Mais il y a des limites. Je ne supporte pas que l’on regarde par-dessus mon épaule lorsque j’écris ! Et je n’ai nullement l’intention de m’en accommoder ! Le Nilfgaardien s’écarta du poète ; après quelques instants de réflexion, il saisit sa selle, sa pelisse et une couverture, et déplaça le tout du côté de Milva qui somnolait.
— Excuse-moi, dit-il. Je ne voulais pas être importun. J’ai regardé machinalement, par simple curiosité. Je pensais que tu étais en train de dessiner une carte ou que tu faisais des calculs…
— Je ne suis pas comptable, s’emporta le poète en se redressant, ni cartographe ! Et, même si je l’étais, cela ne justifierait pas que l’on guigne mes notes !
— Je me suis déjà excusé, protesta Cahir d’un ton sec en préparant son lit. Dans cette respectable compagnie, j’ai dû m’accommoder d’un grand nombre de choses, et m’accoutumer à beaucoup d’autres. J’ai cependant gardé l’habitude de ne présenter mes excuses qu’une seule fois.
…
Tome 4 – La Tour de l’Hirondelle – Mémoire de Jaskier
Que Milva voyage avec nous était étrange ; que le vampire nous tienne compagnie était surprenant. Pourtant, plus étonnantes encore – et totalement incompréhensibles – étaient les motivations de Cahir qui, soudain, était devenu, sinon l’ami, du moins l’allié des ennemis de son peuple. Le jeune homme l’avait prouvé au cours de la bataille du Pont, lorsque, sans hésitation, il s’était placé au côté du sorceleur, l’épée à la main face à ses compatriotes. Ce faisant, il s’était attiré notre sympathie et avait définitivement levé nos doutes. Lorsque j’écris « nos », je fais référence à moi-même, au vampire et à l’archère. Car Geralt, bien qu’il eût lutté épaule contre épaule avec Cahir, bien qu’il eût regardé la mort en face à ses côtés, restait méfiant à l’égard du Nilfgaardien et refusait de lui accorder sa sympathie. Il tentait bien, il est vrai, de cacher son ressentiment mais, ainsi que je l’ai sûrement déjà mentionné, c’était un homme aussi primitif qu’une hampe de pique; il ne savait pas feindre, et son antipathie refaisait surface à chaque pas, comme une anguille se libérant d’un filet troué. La cause en était évidente ; elle avait pour nom Ciri.